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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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garçon de dix mois, d’une force et d’une vigueur au-dessus de son âge. Toujours en mouvement, il ne laissait pas un moment de repos à sa mère, sans cesse occupée à le tenir, sans cesse en garde contre son infatigable activité.
    « Voilà un beau brin d’enfant ! dit un homme s’arrêtant en face, les deux mains dans ses poches. Quel âge a-t-il ?
    – Dix mois et demi, » répondit la mère.
    L’homme siffla pour le marmot, et lui tendit un bâton de sucre candi, qu’il prit avidement, et qu’il porta sur-le-champ à sa bouche, dépôt général de tous les trésors des enfants.
    « Un fameux gaillard ! dit l’homme, et qui connaît ce qui est bon ! » Il siffla et passa outre. Arrivé à l’autre bout du bateau, où Haley fumait, assis sur une pile de ballots, il s’arrêta, tira une allumette, et alluma son cigare, tout en disant :
    « Vous avez là-bas une fille d’assez bon air. Hé !
    – Oui, elle n’est pas mal, dit Haley, chassant de sa bouche une bouffée de fumée.
    – Vous la menez au Sud ?
    Haley fit un signe de tête, et continua de fumer.
    – Pour les plantations ?
    – Le fait est, reprit le marchand, que j’ai une commande d’un planteur, et je crois que je l’y comprendrai. On me dit qu’elle fait bien la cuisine : là-bas on pourra l’utiliser comme cuisinière, ou la mettre à la cueille du coton. Elle a les doigts qu’il faut pour cela : j’y ai regardé. D’une façon ou de l’autre, elle sera de bonne défaite. Et Haley reprit son cigare.
    – Mais sur une plantation ils ne voudront pas du petit jeune.
    – Aussi le vendrai-je à la première occasion, répliqua le marchand.
    – Je suppose que vous le laisseriez à bon marché, dit l’homme, grimpant sur la pile de colis, et s’y établissant à l’aise.
    – Je ne sais pas ! C’est un joli petit, bien vivace, – droit, gras, fort ; une chair aussi dure qu’une brique.
    – C’est vrai ; mais aussi il y a le tracas et la dépense de l’élever.
    – Bah ! ça s’élève aussi aisément que toute autre créature qui marche : les négrillons ne donnent pas plus de peine que les petits chiens. Ce gaillard-là courra tout seul dans un mois.
    – J’ai précisément un endroit parfait pour les élever, et je pensais à augmenter un peu mon fonds, dit l’homme. La cuisinière a perdu son petit la semaine passée : il s’est noyé dans le baquet pendant qu’elle étendait le linge à sécher, et je pensais à lui donner ce marmot à soigner. »
    Haley et l’étranger fumèrent assez longtemps en silence, ni l’un ni l’autre ne se souciant d’aborder le premier la question principale. Enfin l’homme reprit :
    « Vous ne demanderiez pas plus de dix dollars de ce petit-là, vu qu’il faut bien vous en débarrasser. »
    Haley secoua la tête, et cracha d’une façon significative.
    « Ça ne prend pas, dit-il ; et il se remit à fumer.
    – Combien en voulez-vous donc ?
    – Voyez-vous ! je pourrais élever l’enfant moi-même, ou le faire élever. Il est étonnamment sain et vivace ; dans six mois il vaudra cent dollars, et deux cents au bout d’un an ou deux, si je le mène au bon endroit. Ainsi, ce sera cinquante dollars, et pas un liard de moins.
    – Oh ! c’est un prix ridicule ! se récria l’acheteur.
    – Positif ! dit Haley, avec un hochement de tête résolu.
    – J’en donnerai trente, mais pas un sou de plus.
    – Voyons, reprit Haley, partageons le différend, et disons quarante-cinq. C’est tout ce que je puis vous concéder.
    – Eh bien, c’est convenu, dit l’homme après un moment de réflexion.
    – Tope là ! Où débarquez-vous ?
    – À Louisville.
    – À Louisville ! répéta le marchand. À merveille ! Nous abordons à la tombée de la nuit. – Le marmot dort. – Rien de mieux. – Nous l’enlevons tout doucement, sans bruit, sans criaillerie. – J’aime à faire les choses avec calme – Je déteste l’agitation, le tapage. »
    Après avoir fait passer du portefeuille de l’étranger dans le sien un certain nombre de billets de banque, Haley revint à son cigare.
    Par une soirée transparente et sereine, le bateau s’arrêta au débarcadère de Louisville. Toujours assise à la même place, la femme tenait dans ses bras son nourrisson profondément endormi. Lorsqu’elle entendit crier le nom de la station, elle déposa en toute hâte l’enfant dans un petit berceau, fermé par un creux au milieu des

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