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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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visage mou et ses yeux fureteurs larmoyaient. Un malandrin et
un couard, un homme qui n’était certainement pas prêt à trépasser pour protéger
quelqu’un.
    – Maître Margoyle, proposa-t-il, prenez un autre
gobet de vin, puis confessez-vous. Mais je vous préviens : si vous mentez,
ne serait-ce qu’un peu, Sir John vous fera danser à la branche de ce sycomore !
    Margoyle vida son gobelet d’un trait. Athelstan le
remplit derechef.
    – Je n’ai pas commis de meurtre, laissa-t-il
échapper. Je n’ai jamais tué quiconque.
    Il jeta un coup d’œil apeuré au coroner.
    – Je… je ne comprends pas pourquoi je devrais
être pendu pour ça ! C’est Hersham le coupable !
    – Quoi ? s’étonna le dominicain. De quoi, par
Dieu, parlez-vous ?
    – De la femme à La Lampe d’or.
    Margoyle tremblait si fort qu’il dut tenir sa coupe de
vin à deux mains.
    – Continuez, le pressa Athelstan. C’est vous et
Hersham qui avez occis cette femme ?
    – J’avais donc raison ! s’exclama Sir
Maurice. Sir Thomas trempait bien dans l’affaire !
    – Oh, que Dieu nous aide, nenni ! geignit
Margoyle. Pas du tout ! Je vous assure, messire, que c’était une idée d’Hersham !
Il vous haïssait, Sir Maurice. Il voulait vous discréditer aux yeux de Sir
Thomas. Les rumeurs sont à présent parvenues jusque chez mon maître. Il a déjà
dépêché un messager chez les nonnes de Syon !
    Si le coroner n’était pas intervenu, le jouvenceau se
serait jeté sur le prisonnier.
    – Asseyez-vous, pour l’amour de Dieu ! lui
ordonna Cranston. Plus cet homme bavarde, mieux ça vaut !
    – C’était une idée d’Hersham, reprit Margoyle. Il
a engagé une catin de Peterkin le lanternier et lui a appris son rôle. Elle
devait se rendre à La Lampe d’or, louer une chambre et fermer la porte
à clé jusqu’à ce qu’il vienne. C’était samedi après-midi. Hersham m’a demandé d’aller
dans la cour de l’écurie pour monter la garde, ce que j’ai fait. Il est resté
absent longtemps. L’endroit bourdonnait d’activité. Je n’ai cessé de faire des
allées et venues à la grille. Personne ne m’a remarqué. Puis les volets se sont
ouverts. J’ai entendu qu’on m’appelait. Hersham m’a dit que, lorsque la cour
serait déserte, je devrais siffler. J’ai un peu attendu et, quand l’occasion s’est
présentée, Hersham est sorti par la fenêtre. Il a pris appui sur le mur, a
refermé les contrevents et s’est laissé tomber dans la cour. Il dansait presque
de joie. Il ne m’a narré que plus tard ce qui s’était passé.
    Margoyle prit une autre lampée de vin.
    – Il semble qu’Hersham, qui était fou à lier, se
soit tapi près de l’huis et ait monté l’escalier en tapinois. Il apportait une
gourde remplie d’un opiat. La gueuse lui a ouvert. Je pense qu’elle ignorait
pourquoi elle se trouvait là ; elle se contentait de suivre les
instructions d’Hersham. Elle a dû croire que c’était une espèce de jeu. Hersham
lui a offert à boire et elle est tombée endormie sur le lit.
    Margoyle reposa son gobet et se croisa les bras sur la
poitrine.
    – Je n’ai su que faire quand Hersham m’a avoué qu’il
avait pris une corde et pendu la malheureuse. Il a prétendu que personne ne
découvrirait jamais rien et que Maltravers, qu’on avait trompé pour l’attirer à
la taverne, serait accusé.
    Il jeta un coup d’œil affolé au dominicain.
    – Mon père, je vous jure n’avoir pris nulle part
à cela.
    Athelstan scruta les yeux ternes et admit que l’homme
devait dire vrai. Le regard de Margoyle se tourna vers le chevalier, à présent
installé à la table.
    – Il vous haïssait, insista-t-il. Pas seulement à
cause de Lady Angelica mais aussi parce que vous étiez tout ce qu’il aurait
voulu être !
    – Et qu’en est-il de cette farce, au cimetière ?
s’enquit Sir John.
    – Là, je suis impliqué, avoua Margoyle à voix
basse. La Grande Communauté du Royaume, Sir John, est maintenant bien implantée
à Londres. Elle compte des membres parmi les corporations, l’échevinage, les
marchands et les guildes. Elle profère des menaces de destruction à leur
encontre sauf si ces puissants           – Margoyle buta sur la phrase – assistent la
Communauté et mettent à sa disposition eux-mêmes, leur maisnie, leur négoce et
leur famille, à présent ou quand l’armée de la Grande Communauté marchera sur
Londres.
    Sir John tapa sur la

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