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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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viennent d’être
frappées. Trois tout de suite, trois quand l’ouvrage sera fait.
    – De qui s’agit-il ?
    – De Sir Maurice Maltravers, appartenant à la
maison de monseigneur de Gand.
    Le chef des crânes rasés s’étouffa avec sa bière.
    – L’un des hommes de Gand ?
    – J’ai déjà ouï ce nom, intervint l’autre. Il a
capturé un navire en Manche. C’est un soldat.
    – En cotte de mailles et en armure, oui, rétorqua
l’assassin. Mais pas en bure de moine. Vous le trouverez au presbytère, à St
Erconwald, à Southwark. Je parierais que vous connaissez l’endroit ?
    Les deux truands hochèrent la tête à l’unisson.
    – Il sera à votre disposition quand vous voudrez.
Un couteau dans le dos, une flèche dans la gorge…
    – Nous ne tuons point les prêtres, protesta le
chef. Athelstan, le frère qui demeure là-bas, il est bien connu et aimé.
    L’assassin fouilla dans son escarcelle et en sortit quatre
pièces d’argent qu’il déposa sur la petite bourse. Ses interlocuteurs sourirent.
    – Tout compte fait, à chacun sa chance !
    Le chef s’apprêtait à ramasser l’argent quand Mercure
lui saisit le poignet.
    – Vous ne vivez point ici, n’est-ce pas ? Vous
habitez à St Mary Axe Street. Vous y avez une sœur, ou du moins c’est ce qu’on
dit d’elle. Je vous conseille, messire, de ne pas toucher à cet argent si vous
n’avez pas l’intention d’accomplir votre tâche !
    – Ce sera fait.
    – Bien !
    Mercure se rencogna sur son tabouret.
    – Et, si le prêtre trépasse, ça n’en vaudra que
mieux !
    Il vida sa chope et se leva. Il glissa une arbalète au
crochet de son ceinturon et garda la seconde en main.
    – Comment vous avertir une fois le travail
terminé ?
    – Oh, inutile, répondit l’assassin en donnant une
petite tape sur l’épaule du malandrin, je l’apprendrai, et, ne vous faites pas
de souci, je viendrai vous rendre visite. Maintenant, restez donc là un moment
pour finir votre bière.
    Et il s’en fut.
    Athelstan célébra la messe au petit matin. Sir Maurice
Maltravers, qui n’avait pas pris le temps de se changer, lui servait d’enfant
de chœur. Godbless et Thaddée, qui tentait de grignoter la nappe de l’autel, s’étaient
joints à eux. Et, bien sûr, Bonaventure était arrivé lui aussi. Le matou ne
quittait jamais le calice des yeux, dardant sa petite langue rose comme s’il
soupçonnait le vase d’être empli de lait. Pernel, la vieille Flamande, les
cheveux teints à présent d’un jaune vif, assistait à l’office, agenouillée près
de Ranulf le tueur de rats. Une fois la messe dite, ce dernier gagna la
sacristie d’un pas lourd. Il attendit avec patience qu’Athelstan ait quitté ses
vêtements sacerdotaux.
    – Mon père, nous sommes prêts.
    Le dominicain se souvint juste à temps.
    – Ah, c’est vrai, la messe pour ta guilde !
    – Cela peut-il avoir lieu mercredi matin ? Vers
dix heures ?
    Athelstan déglutit avec peine mais Ranulf lui jeta un
regard implorant et le dominicain se remémora qu’il le lui avait promis maintes
fois.
    – En quoi cela consistera-t-il, Ranulf ?
    – Eh bien, mercredi est un jour favorable pour
les tueurs de rats. Nous assisterons à la messe accompagnés de nos animaux.
    – C’est-à-dire ?
    – Des furets, des chats et des chiens. Avec nos
pièges et nos cages.
    – Et combien y en aura-t-il ? Je veux dire, des
tueurs de rats ? s’empressa d’ajouter le religieux.
    Il lança un coup d’œil à Sir Maurice qui fixait, médusé,
cet étrange paroissien au justaucorps et au capuchon noirs et goudronnés. À la
ceinture luisante qui ceignait la taille de Ranulf pendaient des crochets, de
petites souricières et des rouleaux de fil de fer, tout le nécessaire à l’exercice
du métier de tueur de rats.
    – Seize ou dix-huit environ. Ensuite nous
romprons le jeûne sur une table installée sous le porche. Nous fournirons
nourriture et boissons. Nous voudrions que vous nous recommandiez à Dieu et qu’il
y ait une bénédiction particulière pour nos animaux.
    – Bon, dit Athelstan, mais parles-en à Benedicta.
À présent, sors de l’église, Ranulf, et ferme l’huis. J’ai dépêché Crim, l’enfant
de chœur, chez Sir John. Quand il reviendra, peux-tu l’aider à s’occuper de
Philomel et à nettoyer l’écurie ? Puis tu pourras finir le gruau qui se
trouve dans la cuisine.
    Ranulf accepta sans tergiverser et fila hors de

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