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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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la
sacristie.
    – Une guilde des tueurs de rats ? s’étonna
Sir Maurice.
    Athelstan sourit.
    – C’est une vie merveilleuse, frère Norbert !
Oui, il est grand temps que vous vous changiez. Enfilez la bure que je vous ai
donnée mais serrez bien votre chape autour de vous.
    Le chevalier sortit sur-le-champ et le dominicain
retourna dans l’église. Il s’agenouilla devant le chœur pour réciter une courte
prière d’action de grâces suivie d’une invocation au Saint-Esprit demandant
aide et assistance pour cette journée.
    Sir Maurice avait passé presque toute la nuit à lire
les écrits de saint Bonaventure. Quand Athelstan s’était levé, il avait trouvé
le jouvenceau installé devant l’âtre où il déclamait, au bénéfice d’un Godbless
aux yeux mi-clos et d’un Thaddée quelque peu rétif, quelques poèmes d’amour qu’il
avait appris. Athelstan, désireux de commencer sa messe, s’était contenté de
mettre en garde le chevalier contre les dangers d’une trop grande impétuosité.
    Il termina son oraison, se signa et descendit la nef. Huddle,
l’imagier, se tenait sous le porche, un bout de fusain à la main. L’artiste
souriait devant une surface vierge de plâtre récemment chaulée.
    – Je pourrais faire un beau tableau, dit-il, tournant
son long visage chevalin qu’éclairait un large sourire vers le prêtre. Que
diriez-vous d’un Christ au Jugement dernier ?
    Le dominicain recula. Les peintures d’Huddle, aux
couleurs crues et vives, recouvraient à présent le mur de l’un des transepts, à
l’émerveillement sans cesse renouvelé des paroissiens. Le prêtre y avait
souvent recours pendant ses sermons, abandonnant le chœur pour aller se placer
devant les scènes qu’Huddle avait peintes d’après l’Évangile.
    – Cela vous coûtera cher, mon père. Il nous
faudra du rouge, du doré, du vermillon, un peu de noir, bien sûr, et un bel
écarlate.
    Le dominicain était sur le point de refuser quand il
se souvint de la somme offerte par Jean de Gand.
    – Fais un dessin au fusain, accepta-t-il, l’une
de tes esquisses, puis une estimation pour la peinture.
    Le sourire d’Huddle s’effaça.
    – Oh non, ne demandez pas au conseil paroissial !
Vous connaissez Watkin !
    – Il admire vraiment tes œuvres, répondit
Athelstan. Et il faut que le conseil soit d’accord.
    – Mais vous me soutiendrez ? Vous verrez le
Jugement dernier, avec les brebis à droite et les boucs à gauche. Je n’ai pas
oublié votre sermon du dernier Avent.
    – Entendu, Huddle, mais pas de farces !
    Athelstan parcourut le transept du regard. L’artiste y
avait représenté une nativité, une scène brillante et réaliste, tout près de l’autel
de Notre-Dame. Tout le monde avait été ébloui sauf Watkin : pour se venger,
Huddle avait donné au bœuf la tête du ramasseur de crottin.
    – Je te soutiendrai, affirma le dominicain en
donnant une petite tape sur l’épaule osseuse de son interlocuteur.
    Huddle, tout heureux, se mit à gambader. Athelstan le
quitta et sortit sous le porche. Godbless était assis, un bras passé autour du
cou de Thaddée.
    – Je nettoierai le cimetière, aujourd’hui, mon
père. Je désherberai quelques tombes.
    – C’est bien, Godbless.
    – Mais ils sont revenus la nuit dernière.
    Athelstan se retourna.
    – Les fantômes ?
    – Oui. Je les ai aperçus dans l’air. Des formes
sombres qui se découpaient sur le ciel noir. J’ai conduit Thaddée dans le
dépositoire et ai fermé la porte. Je n’ai jamais vu pareille chose ! Sauf
quand j’étais à Venise avec une compagnie de francs-archers. J’ai rencontré un
homme qui aurait dû mourir mais ne mourut point.
    – Es-tu certain d’avoir distingué des silhouettes ?
    – Sûr ; elles pendaient entre ciel et terre.
    – Frère Athelstan !
    Sir Maurice sortit du presbytère, drapé dans sa cape
de soldat. Athelstan aurait aimé questionner Godbless plus avant mais le temps
passait, et plus tôt il traverserait la Tamise et rendrait visite au couvent de
Syon, mieux ce serait.
    Ils descendirent la ruelle et s’arrêtèrent à l’échoppe
de Merrylegs pour faire l’emplette d’une tourte à la viande. On avait déjà
déployé étals et éventaires pour une nouvelle journée de commerce. La taverne
du Cheval pie était ouverte à la clientèle. Plusieurs paroissiens du
dominicain étaient rassemblés sur le seuil, chope en main. Watkin et Pike se
reposaient, appuyés sur

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