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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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concernant
Elias Ethmol et vois les affaires qui nous attendent. Je me chargerai des décès.
Quant au reste… sers-toi de ta caboche !
    – Très bien, Sir John.
    Simon et Crim sortirent. Sir John ramassa son
ceinturon là où il l’avait laissé tomber et s’en ceignit. Il planta un bon gros
baiser sur la joue de la tavernière et, savourant les plaisirs de la vie, s’éloigna
dans Cheapside.
    Philippe Routier cherchait son salut dans la fuite. Agrippant
le couteau de fortune enfoncé dans sa ceinture, il traversait à toutes jambes
le terrain dégagé en direction du bosquet. Le sac qu’il portait contenait du
pain et une petite bouteille d’eau. Il observa le ciel un instant. La journée s’annonçait
belle, le soleil devenait plus chaud et, si tout se déroulait suivant ses plans,
il parviendrait à disparaître dans les jachères au nord de la cité. Et ensuite ?
Peut-être devrait-il retourner vers le fleuve ? Ou vers la côte ? Il
était, en tout cas, hors de question qu’il reste à Hawkmere, avec ses fortifications
grises et austères, un Sir Walter revêche, la tension et la suspicion
perpétuelles parmi ses compagnons. Routier s’arrêta et se jeta derrière un
buisson. Il scruta le chemin qu’il venait d’emprunter. Il pouvait distinguer
les murs gris d’Hawkmere et même apercevoir les sentinelles à leur poste. Grand
bien leur fasse !
    Il avait organisé sa fuite avec soin. Ils s’étaient
retrouvés dans la grand-salle pour déjeuner, puis, comme à l’accoutumée, avaient
eu la permission de se promener dans le cortil, pour « prendre l’air »,
selon l’expression sarcastique de Sir Walter.
    Routier était celui qui supportait le plus mal la
captivité. Né et élevé dans le port de Brest, il était habitué aux vastes
landes de bruyère et à la mer, aux mouvements d’un bateau sous ses pieds, au
vent sur son visage, au craquement et au claquement de la toile, à l’excitation
de la bataille. Ne s’étant jamais marié car il ne pouvait rester en place, il
en était venu à haïr Hawkmere, Sir Walter et jusqu’à ses propres compagnons. Il
était sûr que l’un d’entre eux était un félon. Ils en avaient souvent parlé :
le St Sulpice et le St Denis ayant été pris par traîtrise, le
coupable devait donc être l’un d’eux. Mais qui ? Routier déboucha la
bouteille d’eau et but une gorgée. Et Sir Walter ? Etait-ce lui l’assassin ?
    Routier avait discuté de ses plans avec les autres. Il
leur avait même proposé de se joindre à lui. Il rit dans sa barbe : ils
avaient, bien entendu, refusé, estimant que c’était impossible. Pourtant, Routier
avait remarqué que l’on pouvait franchir sans mal l’enceinte du jardin. Une
fois parvenu dans la cour, il ne s’agissait plus que de se cacher dans l’un des
appentis et de passer par cette fenêtre sans volet.
    Ressentant un léger tiraillement d’estomac, il
grignota un morceau de la viande dont il s’était muni. Il aurait aimé qu’au
moins un de ses compagnons l’accompagne ; ils n’avaient pas voulu mais
étaient tombés d’accord pour feindre une violente querelle, ce qui avait permis
à Routier d’escalader le mur du cortil et de s’enfuir. Le Français regarda à
nouveau derrière lui. Combien de temps faudrait-il avant que le gouverneur s’aperçoive
de sa fuite ? Il se releva et se mit à courir, courbé, vers le bouquet d’arbres.
Tout en galopant, il porta la main à son ventre où la douleur se faisait plus
vive. Était-il malade ? Avait-il mangé quelque chose de gâté ? Il se
souvint alors du cadavre livide et moite du pauvre Serriem. Avait-il, lui aussi,
été empoisonné ? Il finit par atteindre la rangée d’arbres. À présent, la
douleur était intense et il dut s’asseoir. Il entendit, au loin, l’aboiement
des chiens et comprit qu’on s’était sans doute aperçu de sa disparition. Il
tenta de se relever mais constata qu’il en était incapable. Ses jambes n’avaient
plus de force. La souffrance avait gagné sa poitrine et il respirait avec peine.
Sa langue semblait s’être épaissie et avoir gonflé dans sa bouche.
    Routier s’étendit, son visage brûlant effleurant l’herbe
fraîche et douce. Au-dessus de sa tête un oiseau chantait ; cela lui
rappela le port de Brest et les oiseaux de mer qui rasaient l’eau. Était-il
revenu là-bas ? Un terrible martèlement se faisait entendre, comme quand
les vagues déferlaient contre la jetée du port. Routier

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