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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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Southwark.
    – Vous rendez-vous compte que vous pourriez être
pendus sur-le-champ ? aboya Sir John. Vous en rendez-vous compte, mes
gaillards ? Je pourrais vous emmener, jeter une corde sur ce sycomore et
vous pendre sans autre forme de procès pour félonie !
    – Mais messire…
    – Messire le coroner ne le fera pas ! dit
Athelstan.
    – Et ils vont revenir, n’est-ce pas ? continua
le magistrat. Il y a eu un orage hier soir et je présume que les envoyés de la
Grande Communauté sont restés chez eux. Mais à présent que la terre est sèche, ils
reviendront ce soir, non ?
    – Nous l’ignorons, bredouilla Pike. Ils nous ont
juste ordonné de creuser une tranchée.
    – Mais vous saviez ce qu’ils y cachaient, n’est-ce
pas ? questionna Athelstan.
    Watkin acquiesça en essuyant ses mains moites sur son
justaucorps de cuir.
    – Nous évidions le fossé et le laissions toujours
ouvert. Au retour, nous en comblions une partie et continuions.
    – Avez-vous jamais examiné les flèches ?
    – Moi, oui, précisa Watkin. Un matin, pendant que
vous célébriez la messe, mon frère, j’ai sorti un sac, ai desserré la corde et
l’ai secoué pour les faire tomber.
    – C’est comme ça que nous en avons trouvé une, leur
expliqua le dominicain.
    Les deux compères, à présent, passaient d’un pied sur
l’autre, s’essuyaient les mains et s’humectaient les lèvres.
    – J’ai besoin de pisser, murmura Pike. Je suis
navré mais…
    – Sors, lui ordonna Athelstan. Et ensuite quand
tu auras fini, vous irez tous deux dans l’église et y resterez. Quand ces
hommes seront-ils de retour ?
    – Nous ne savons pas, mon père ! À la nuit
tombée. Un soir, Pike et moi, nous nous sommes cachés hors du cimetière pour
épier. Il y en a deux qui sont arrivés avec des poneys de bât. Ils s’appelaient
Valerian et Domitian. Oui, comme ça, ou du moins, c’est ce qu’ils ont prétendu.
    – Des hommes instruits, constata le prêtre en se
grattant le menton.
    – Que va-t-il nous arriver ?
    Athelstan se frotta les mains.
    – Eh bien, vous avez aidé messire le coroner dans
son enquête. Nous ne vous dénoncerons pas auprès de la Grande Communauté.
    Il jeta un bref coup d’œil à Sir John, qui acquiesça d’un
signe de tête.
    – Nous ne vous livrerons pas non plus aux
autorités. Pourtant, vous avez trahi ma confiance. Dans l’église, sous le
clocher, vous trouverez des balais et un peu d’huile. Je vais vous enfermer et
vous nettoierez les lieux jusqu’à ce que cette affaire soit classée !
    – Puis-je d’abord aller pisser ? gémit Pike
en se trémoussant.
    – Allez, dehors ! J’ouvrirai l’église dans
quelques minutes.
    Les deux hommes s’esquivèrent. Athelstan claqua la
porte derrière eux.
    – Ils sont stupides, remarqua Sir John. Mais on
pourrait les pendre malgré tout !
    Il se frotta la joue.
    – Il est vrai aussi qu’ils sont pauvres, que
leurs chaumières sont pleines de fumée, qu’ils mangent du pain dur et boivent
de la bière éventée. J’aimerais bien savoir qui sont en réalité Valerian et
Domitian. Et, plus important, je veux vérifier quelque chose.
    Il se précipita dans le cimetière. Le dominicain gagna
l’église. Watkin et Pike l’attendaient sous le porche. Athelstan les attrapa
par le poignet.
    – Regardez-moi !
    Ils obtempérèrent.
    – Il n’arrivera rien, les rassura-t-il. Mais je
veux que l’église soit balayée et que vous restiez en lieu sûr. Ne recommencez
jamais !
    Il ouvrit l’huis.
    – Mon père ?
    Le religieux se retourna.
    – Nous sommes fort marris, s’excusa Watkin. Sincèrement.
    – Si vous avez soif, précisa Athelstan, allez
dans la sacristie : vous avez droit chacun à une petite gorgée de vin de
messe.
    Puis il ferma et verrouilla la porte de l’église
derrière lui. Sir John était revenu au presbytère et remplissait à nouveau sa
chope de bière.
    – Il doit y avoir des douzaines de sacs, là-bas, des
milliers de flèches. Je me demande qui a les moyens de financer ça. Sans nul
doute, ce ne sont pas les paysans, commenta Sir John avec un claquement de
langue. Vous savez, vos deux naïfs disaient vrai. Un orage se prépare. Il y a
deux ou trois ans, la Grande Communauté du Royaume n’était qu’une farce, un
diablotin qui vivait à la campagne et hantait les bois ou le fond des puits. Une
créature des haies et des meules de foin : un personnage ridicule

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