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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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l’enfant de chœur, se querellait avec le bailli de
garde.
    – Que se passe-t-il, mon père ? demanda le
gamin dont le visage était écarlate et ruisselant de sueur. Je veux juste
cueillir des fleurs !
    – Va quérir Watkin, répondit le dominicain. Ne
lui parle pas de ce que tu as vu, Crim. Dis-lui seulement de trouver Pike et de
l’amener céans. C’est très urgent. Allez, va !
    Crim prit ses jambes à son cou. Le magistrat alla
ordonner aux baillis de surveiller les flèches puis rejoignit son secrétaire
dans le presbytère.
    – Je suis fort courroucé, déclara ce dernier en s’asseyant
devant la table. Gand a des espions à Southwark ; Watkin et Pike
pourraient bien se balancer au bout d’une corde à Tyburn !
    Il frappa la table du poing.
    – On pourrait mettre toute la paroisse à l’amende.
Écoutez, Sir John, laissez-moi m’en occuper.
    – Au nom de la loi, mon frère…
    – Au nom de l’amour du Christ ! l’interrompit
Athelstan avec colère. Je suis le prêtre de leur paroisse !
    Sir John leva la main en signe de paix.
    – Mon frère, mon frère, je ne vous cherche pas
noise au sujet de Watkin et de Pike…
    – Qu’y a-t-il ?
    Godbless passa la tête à la porte et s’avança avec
prudence.
    – J’ai installé Thaddée à l’écurie avec Philomel.
Ils ont l’air de bien s’entendre.
    Athelstan ouvrit sa bourse et fit glisser quelques
pièces sur la table.
    – Godbless, donne-les à maître Flaxwith. Dis-lui
de laisser les baillis dans le cimetière mais d’aller à la taverne quérir
quelques pichets de bière. Accompagne-le et pas un mot à quiconque de ce qui
est arrivé.
    Le mendiant disparut.
    – Vous disiez, Sir John ?
    – Watkin et Pike ne m’intéressent pas. Ce ne sont
que des écervelés.
    Cranston joua avec l’anneau qu’il portait au petit
doigt.
    – Mais la Grande Communauté du Royaume, mon frère,
c’est autre chose. Je comprends les paysans : beaucoup sont poussés par le
désespoir mais, quand ils envahiront Londres, ils deviendront des félons et des
rebelles s’opposant au roi. Ils n’auront nulle compassion pour des gens comme
moi et Lady Maude. C’est la guerre, Athelstan. Il n’y aura pas de pardon et
personne n’en demandera.
    Il respira à grand bruit.
    – Et il en va de même pour vous, Athelstan. Si
vous n’êtes pas avec eux, vous êtes contre eux.
    – Comme vous diriez, Sir John, peu me chaut !
Je me moque qu’ils aient reçu la bénédiction solennelle du Saint-Père en
Avignon ! Je ne veux pas qu’ils transforment mon cimetière en champ de
bataille !
    Un coup à l’huis l’interrompit. Watkin et Pike
entrèrent en traînant les pieds, bottes encroûtées de fange, visages crasseux
et ruisselants de sueur.
    – Vous vouliez nous voir, mon père ? s’enquit
le ramasseur de crottin en s’humectant les lèvres avec nervosité.
    – En effet ! Ferme la porte. Verrouille-la !
    Watkin obtempéra sans tergiverser. Athelstan prit la petite
croix de bois suspendue à son cou par un cordon et la brandit. Pâle et l’air
grave, il lança un regard furieux à ces deux pendards de la paroisse.
    – Je vais vous poser des questions, commença-t-il.
Et, si vous mentez, je ne veux jamais vous revoir en ce bas monde !

CHAPITRE XV
             Les deux
hommes ne furent pas longs à avouer. Ils se tenaient là, l’air penaud, maugréant
et grommelant. Et la vérité finit par éclater.
    – Voilà ce qu’il en est, dit Watkin d’un ton
lugubre. Tout Southwark connaît la Grande Communauté du Royaume. C’est comme l’automne,
tout le monde le voit venir. Un de ces jours, les rebelles marcheront sur
Londres.
    Il écarta les bras dans un geste d’impuissance.
    – Que pouvons-nous faire ? Si nous refusons
de co… de coopérer, nous mourrons tous !
    – Coopérer ? releva le dominicain qui avait
perçu l’hésitation dans la voix de son interlocuteur. Sais-tu bien ce que ça
signifie ?
    – C’est ce que nous a dit la Grande Communauté du
Royaume ! Coopérer ou mourir.
    – Ce sont des brutes, intervint le coroner. Qui
se servent de vous deux, pauvres niais, pour emmagasiner des flèches dans le
cimetière. Je suppose qu’on peut découvrir ce genre de complots un peu partout
dans Southwark. Et, quand le cimetière aurait été plein, je présume que vous
les auriez entassées ailleurs.
    – Pas chez nous, rétorqua Pike. On ne peut cacher
des carquois dans les masures de

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