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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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seigneur de Vollore avait gravée au fer rouge sur sa gorge ?
    Elle s’était confiée finalement à Lilvia la gitane. C’est elle qui lui avait raconté combien il était doux de béliner avec l’être aimé, combien la caresse apaisait les doutes et fortifiait les sentiments, et qu’elle ne devait pas craindre ce qu’elle ressentait au plus secret d’elle.
    Isabeau avait fini par chasser ces questions de sa tête, et jour après jour avait continué son apprentissage de la douceur de vivre.
     
    La veille, son habit terminé, La Palice était venu prendre son paquet. Il avait eu un sourire triste.
    –  Je dois hélas vous saluer, gentes dames. Le devoir me rappelle auprès de mon roi. Je pars ce surlendemain, j’ignore jusqu’à quand.
    Isabeau avait senti son cœur chavirer de chagrin. Elle s’était pourtant forcée à sourire et avait lâché avant même sa patronne :
    –  Vous nous manquerez, messire. Revenez-nous vite !
    Elle n’avait pas vu le regard de connivence échangé entre La Palice et Rudégonde qui s’était éclipsée sur une quinte de toux opportune. La Palice avait saisi sa main, fraîche soudain par ce sang qui l’avait quittée. Elle avait levé sur lui son regard amande sans chercher à y dissimuler sa peine.
    –  Je n’osais, douce Isabelle, vous dire tout le bien que m’apporte votre compagnie. Ces mots viennent jeter bas toutes mes craintes. Demain la journée me reste entière, accordez-moi la vôtre. Je gage que vous n’avez jamais visité Paris, laissez-moi m’offrir en guide. Je partirai alors le cœur empli de vous, moins triste puisque enrichi du souvenir de cette escapade.
    Isabeau s’était sentie fondre.
    –  C’est-à-dire, messire, que j’ai à faire ici !
    –  Je me passerai de vous, Isabelle. Messire de Chabannes a raison, vous travaillez, mangez, et dormez, rien de plus. La cité est belle, je vous donne congé. Profitez-en ! avait lancé Rudégonde dans son dos.
    Isabeau aurait volontiers battu des mains comme une enfant, elle s’était contentée d’un « Merci, dame Rudégonde ! » sur lequel Jacques de Chabannes avait ajouté :
    –  Je passe vous prendre à dix heures, ici même.
    Puis il était sorti. Vite, peut-être pour qu’elle ne change pas d’avis. De fait, Rudégonde ne lui aurait jamais permis de refuser, pas davantage que ses trois amies, qui s’étaient, sitôt la porte refermée, précipitées à son cou en applaudissant à tout rompre. Isabeau s’était alors abandonnée à son bonheur, tandis qu’elles l’entraînaient dans le choix d’une robe pour l’assortir à cette journée exceptionnelle.
     
    –  Sans chaperon, vous sortez sans chaperon ! Allons, Isabelle, cela ne se fait pas dans le grand monde ! s’était exclamée Bertille, bien droite sur ses petites jambes, devant une Isabeau confortablement installée dans le fauteuil de son logis.
    Isabeau l’avait regardée, abasourdie. Comment la naine pouvait-elle s’inquiéter des convenances alors qu’à la cour des Miracles il n’y en avait aucune ?
    –  Mais je n’appartiens pas au grand monde…
    –  Lui si ! Voyons, Isabelle, il te plaît, tu lui plais, c’est un fait ! Mais il ne t’appréciera que plus si tu te montres à la hauteur de ses espérances, faible certes, mais grande et forte. Que veux-tu être pour lui, une maîtresse ou une conquête ?
    Isabeau resta bouche bée. Elle ne s’était pas posé la question puisqu’elle avait décidé de ne plus s’en poser.
    –  Seigneur Jésus des Estropiés ! avait juré Bertille en se couvrant les lèvres de ses petites mains boudinées. Si Croquemitaine sait que je t’ai laissée accompagner ce maréchal sans chaperon, il me tuera, tout époux qu’il soit ! Je t’accompagnerai !
    –  Mais…
    –  Pas de mais ! Je t’accompagnerai, resterai dans la litière s’il le faut, mais il ne sera pas dit que tu iras à ton premier rendez-vous sans chaperon.
    –  J’ai trente ans…, avait fini par lâcher Isabeau.
    –  On peut avoir trente ans et être jeune fille, avait répliqué Bertille.
    –  A trente ans une jeune fille est une vieille fille ! J’irai seule et, si Croquemitaine s’inquiète, qu’il nous fasse surveiller discrètement par les gueux. Dis-lui aussi que, s’il a le malheur de se fâcher après toi, je ne serai plus marraine de votre enfant, là !
    –  Isabelle !
    La naine roula des yeux ronds, se dandina un moment sur ses jambes puis finit par

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