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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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presque douloureusement, il l’écarta d’elle, se contenta de garder sa main dans la sienne et l’entraîna dans son sillage. Ils marchèrent un moment en silence vers l’attelage qui les attendait au bout du quai, presque gênés soudain de cette intimité nouvelle.
    –  Où m’emmenez-vous maintenant ? finit par demander Isabeau comme ils atteignaient les marches qui ramenaient à hauteur des voitures.
    –  Où voulez-vous aller ? questionna-t-il en réponse.
    –  Je ne sais pas. Partout, nulle part. Je me sens idiote, je n’ai pas…
    Il posa un doigt sur ses lèvres en souriant tristement :
    –  Voulez-vous rentrer ?
    Mais Isabeau n’avait aucune envie de rentrer. Elle l’avoua, trop vite :
    –  Non, non, la journée commence à peine, pourquoi le voudrais-je ?
    –  Pour vous protéger de moi !
    Elle s’immobilisa en haut des marches, comme le laquais leur ouvrait la porte. Elle se perdit dans son regard, jugeant de son sérieux. Il avait l’air troublé, mais elle l’était bien davantage.
    –  Le devrais-je, messire ? demanda-t-elle enfin alors qu’il l’invitait d’un geste à monter dans la litière pour dégager le passage.
    La Palice laissa le laquais refermer la porte derrière eux, regagner sa place et faire avancer les chevaux de quelques mètres. L’attelage s’immobilisa dans l’attente d’un ordre. Jacques semblait en proie à une vive contradiction. Il lui prit les mains. Ils étaient assis face à face, dans l’obscurité de la voiture dont les volets de cuir étaient rabattus pour les protéger du froid. Isabeau n’était pas inquiète. Elle avait cet instinct des louves, elle savait qu’il n’avait pas menti.
    –  Je dois vous dire, Isabelle. Je n’ai pas usurpé la réputation qui me précède. Je suis un charmeur, et je ne peux nier combien j’aime les femmes et l’amour. Presque autant sans doute que la guerre. C’est une sorte de jeu pour moi. Mon intention, je vous l’avoue, était de vous séduire, pour vous perdre ensuite dans ces draps où tant de fois déjà j’ai promis l’impossible. Ensuite, je serais parti et vous m’auriez oublié ou pas. Comme d’autres vous m’auriez aimé puis maudit.
    Isabeau eut l’impression que ces mots lui coûtaient, pourtant ils lui semblaient évidents à elle. Elle savait tout cela, elle s’était même attendue qu’il l’entraîne chez lui. Elle ignorait si elle en avait envie, elle s’était seulement dit qu’elle jugerait le moment venu. Elle savait, elle sentait qu’il ne la prendrait pas de force. Elle voulait juste se donner une chance de connaître d’autres sentiments que ce que ses sens avaient gardé d’horreur en sa mémoire.
    –  C’est un homme d’expérience, avait affirmé Rudégonde, aucune femme, moi la première, n’a connu plus grand plaisir qu’au creux de ses bras.
    Isabeau l’encouragea pourtant à poursuivre :
    –  Continuez, messire.
    –  La vérité, c’est que je ne voulais pas vous voir différente des autres. Or vous l’êtes, Isabelle. Je ne saurais dire par quel prodige, mais vous l’êtes. Tandis que je vous serrais dans mes bras, fier de votre abandonne me maudissais d’avoir imaginé votre étreinte. Nous n’irons pas chez moi, non que je ne le désire pas, mais parce que je vous aime et veux vous le prouver. Voilà.
    Il avait les mains moites, elle le sentait mal à l’aise. Mais elle-même ne l’était pas. Au contraire.
    –  Votre franchise vous fait honneur, messire. D’autant que je devine votre aveu sincère. Je mentirais si je disais ne pas ressentir pour vous les mêmes élans du cœur. A mon tour, alors, je vais vous faire une confidence. Qu’elle vous dise la confiance que je vous porte. Je n’attends rien de vous et tout cependant. Vous m’avez ranimée. Et pour cela à jamais je suis vôtre.
    –  Vous n’avez pas…
    –  Taisez-vous, messire de La Palice. C’est un aveu difficile pour une femme, davantage encore à un homme tel que vous. Sans cette obscurité, j’ignore même si je serais capable de vous avouer ma blessure. Je n’ai pas connu d’homme avant ce jour. Je suis devenue veuve le jour de mon mariage par la cruauté de celui qui m’a violée et humiliée.
    Elle l’entendit grogner de rage et perçut la pression plus forte de ses doigts autour des siens qu’il n’avait pas lâchés. Elle poursuivit cependant, mais les mots cette fois ne lui firent pas mal, pas davantage que les images :
    –  Je

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