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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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espérer.
     
    Ce fut une langue râpeuse sur sa joue qui l’éveilla, courbaturé et transi. Le feu que Loraline nourrissait inlassablement au centre de la pièce était froid depuis longtemps et un désagréable bourdonnement de mouches rappelait qu’il n’y avait aucun endroit où les cadavres soient à l’abri des prédateurs. Cythar était debout, près de lui. Philippus s’avisa qu’il avait eu raison de ne pas le déplacer, certain que les gardes ne reviendraient pas après avoir nettoyé la pièce de ce qui les intéressait. Le loup avait récupéré. Il repassa un coup de langue sur sa barbe de plusieurs jours et Philippus s’attendrit de leur complicité. Il vérifia la plaie. Cythar boiterait longtemps mais tout danger était écarté. Il se leva et s’étira, le corps endolori.
    –  Il faut la trouver. Guide-moi, demanda-t-il à l’animal qui frétilla de la queue.
    Sans hésiter, Cythar s’avança vers la chambre mortuaire que les gens d’armes de François de Chazeron avaient ouverte sans vergogne. Philippus sentit son ventre se contracter, pourtant il suivit l’animal. Sur le seuil il s’arrêta :
    –  Vous ! lâcha-t-il.
    Les yeux rougis et ruisselants de larmes, Albérie se tenait accroupie au milieu des tumulus profanés. Cythar s’avança jusqu’à elle et vint lui lécher les mains.
    –  Brave Cythar. J’étais sûre que tu t’en étais sorti.
    –  Ce n’est pas grâce à vous, apparemment ! lâcha Philippus d’une voix dure.
    Ils s’affrontèrent un moment en silence, puis il demanda :
    –  Où est-elle ?
    Albérie lui fit signe d’approcher. Elle était lasse.
    –  Prisonnière de Chazeron dans un des cachots. Faisons la paix, Philippus, voulez-vous ? Le temps n’est plus aux querelles.
    Il aurait voulu jeter sur elle sa rancœur, sa colère, mais elle avait raison. Seule Loraline comptait désormais. Il la rejoignit et s’assit à ses côtés.
    –  Comment est-ce arrivé ? demanda-t-il.
    –  Vous ne comprendriez pas. Moi-même je ne comprends pas. Il faut sauver l’enfant, Philippus.
    –  Il faut les sauver tous deux, affirma-t-il.
    Il y eut un bref silence. Puis Albérie reprit la parole. Elle avait ramassé une poignée de petits cailloux qu’elle égrenait machinalement d’une main dans l’autre. Cela l’aidait à réfléchir, mais ce bruit répétitif agaça Philippus. Il s’abstint pourtant de l’arrêter. Il y avait quelque chose d’étrange dans cet endroit, pourtant il n’aurait su dire quoi. Il brûlait de se précipiter, mais il ne savait où ni comment.
    –  Chazeron me croit consignée dans ma chambre, annonça Albérie. Lorsque j’ai découvert le garde placé devant ma porte me signifiant une mise en quarantaine d’ordre médical, j’ai compris aussitôt que quelque chose avait basculé. J’ai barré ma porte, et suis venue.
    –  Il faut la délivrer. Maintenant, ordonna-t-il.
    –  Nous nous ferions prendre. Il faut attendre, croyez-moi. Cette nuit.
    –  Je n’ai aucune envie d’attendre, Albérie ! J’irai seul s’il le faut !
    –  Ne soyez pas stupide ! Vous vous perdriez en chemin. Il ne lui fera pas de mal.
    –  Comment pouvez-vous en être sûre ?
    Elle se tourna vers lui et lui offrit son visage rongé d’inquiétude.
    –  Je ne suis sûre de rien, messire, mais je veux le croire parce que nous n’avons pas le choix.
    –  Votre époux ne peut-il nous aider ?
    –  Il ne rentrera pas avant plusieurs jours. J’ignore où il se trouve, en mission pour le seigneur de Vollore.
    –  Nous sommes donc seuls contre lui.
    –  Oui.
    –  Existe-t-il un accès jusqu’au cachot ?
    –  Oui, les Anglais l’avaient prévu pour le cas où ils se feraient prendre mais, comme chacun des passages, il faut l’ouvrir depuis la montagne et j’ignore si le mécanisme est encore en état.
    –  Vérifions-le !
    –  Vous êtes emporté, obstiné et imbécile, assena Albérie. Prendrez-vous le risque de l’actionner sous l’œil d’un garde ou de Chazeron ? Cette nuit, vous dis-je.
    Philippus baissa le front. Malgré l’inquiétude qui le rongeait, il devait reconnaître qu’elle avait raison. Il lui fallait cependant s’activer. Il s’avança au bord de la tombe. Albérie se dressa aussitôt.
    –  Que faites-vous ?
    –  Il faut les recouvrir, toutes les deux.
    Albérie barra son geste d’une main ferme sur son bras.
    –  Non. S’il revient et trouve l’endroit restauré, il

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