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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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plus grand malheur sur ces terres depuis que le garou avait massacré les moines. Lorsque je me suis approchée en leur demandant des détails sur cette affaire, ils ont prétendu, affolés, ne pas savoir de quoi je parlais. Etrange, ne trouvez-vous pas ?
     
    1 Lâche

 J’ai interrogé François ce même soir, et il s’est dérobé rudement en arguant que tout ce qui avait été avant notre mariage ne me regardait pas. Je le conçois aisément, Huc, mais voyez-vous, j’appartiens désormais à ce pays et, même si je ne crois pas un seul instant à ces ténébrions, il n’en reste pas moins que je veux le fin mot de cette histoire. Cela m’aiderait à mieux comprendre mon époux. Allez-vous vous taire aussi, mon ami ?
    Huc était plus mal à l’aise que jamais ; il avait prêté serment auprès de son maître. Serment d’allégeance. Serment d’oubli même s’il ne pouvait oublier. Pour protéger Albérie. Pour se protéger. Prétendre ne rien savoir ne serait qu’un mensonge de plus dans un quotidien de faux-semblants. Mais cela lui déplut. Antoinette, si douce, si fervente, méritait de connaître la vérité sur son mari. Et cependant, c’était son ignorance et son innocence qui la protégeaient le mieux de lui.
    –  Nous arrivons, ma dame, se déroba-t-il en apercevant, soulagé, les tours du château.
    –  Vous ne m’avez pas répondu, Huc, insista Antoinette, frustrée.
    –  Il ne m’appartient pas de vous répondre, dame Antoinette. Mais votre époux a raison. Il faut laisser les mémoires en paix et ne pas endeuiller par des vilenies d’un autre temps un aussi charmant visage. Oubliez tout cela pour ne vous préoccuper que de l’enfant que vous portez.
    Antoinette détourna la tête sur un fard. Cette réponse ne la satisfaisait point, mais Huc la prétendait jolie et cela suffisait, au fond, à sa peine. Elle saurait bien, à un moment ou un autre, lui arracher ce secret. Elle se demandait de plus en plus si son époux, avec ses étranges manies, n’avait pas sur la conscience péché plus grand qu’il n’y paraissait.
    Elle ne le croyait pas criminel, non, mais que n’aurait-il couvert en échange d’un rare et précieux traité d’alchimie ?
    Elle s’appliqua à sourire d’un air dégagé :
    –  Huc, minauda-t-elle, vous êtes le plus dévoué et le plus courtois des amis. Je vous promets d’oublier tout cela, si vous laissez de nouveau paraître cette humeur joyeuse que vous m’avez offerte pour compagnie tantôt.
    Soulagé, Huc lui coula une œillade reconnaissante et, pour vaincre les démons de ses souvenirs, se mit à fredonner une vieille chanson auvergnate.
    –  Voilà qui me plaît, conclut Antoinette en accordant sa voix sur la sienne, tandis qu’ils passaient sous la voûte de pierre aux grilles ouvertes pour pénétrer dans la cour du château de Vollore.
    Au moment où Huc aidait Antoinette à mettre pied à terre, après avoir confié son cheval à un palefrenier venu les accueillir, Clothilde, la maîtresse de maisonnée, parut sur le seuil, échevelée et livide.
    –  Par Dieu, dame Antoinette, venez vite ! haleta-t-elle. Il est arrivé un malheur !

4
     
     
     
    Huc s’arc-bouta de toutes ses forces contre la porte de chêne cloutée qui barrait résolument l’accès au dernier étage de la tour, mais, malgré tout son élan, cette fois encore, elle ne vibra même pas.
    –  Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! sanglotait désespérément Antoinette derrière lui, en tordant son mouchoir sous son nez rougi.
    –  Rejoins Bertrandeau. Qu’il envoie Béryl chercher des haches à la Grimardie pour fendre la porte. Va !
    Tandis que le valet désigné s’élançait dans l’escalier, il se tourna vers Antoinette.
    –  Je suis navré, mais il faut attendre, annonça-t-il en frottant son épaule meurtrie.
    –  Et s’il était… ? Oh ! mon Dieu, Huc…
    Leurs regards se croisèrent un instant sur cette folle éventualité, forçant Huc à détourner la tête pour démentir le plaisir malsain que cette seule pensée avait fait naître en lui.
    –  Je suis sûr que non, mais vous ne devriez pas rester là. Clothilde, conduisez dame Antoinette aux communs et servez-lui une tisane.
    –  Je veux rester ! s’insurgea Antoinette qui ne savait plus trop ce qu’elle espérait vraiment découvrir.
    Huc ne céda pas et posa la main sur l’épaule frémissante de la châtelaine.
    –  Faites ce que je vous demande, dame Antoinette. J’ignore

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