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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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froncer les sourcils. Huc ne s’y attarda pas. 11 lui importait peu qu’elle s’en courrouce. Il savait qu’il avait raison, que c’était le seul moyen de la protéger, malgré elle.
    François garda d’abord le silence, réfléchissant en toute hâte à ce qui, au fond, convenait le mieux pour préserver son secret. Puis la sentence tomba :
    –  Sortez, ma femme. Huc a raison, puisque vous n’avez pas trahi ma confiance, tout cela doit vous rester étranger. Emmenez votre maîtresse de maisonnée loin de moi. Sa vue m’insupporte ! s’agaça-t-il encore en avisant que la malheureuse suait à grosses gouttes par crainte de sa colère.
    Antoinette allait protester mais le regard de Huc l’en empêcha. Pour rien au monde elle n’aurait voulu lui déplaire. Elle finirait bien, de toute façon, par savoir ce qui s’était passé. Huc désormais ne saurait plus lui résister. Clothilde sur les talons comme un jeune chien apeuré, elle sortit de la pièce sans un mot.
    François se tut un long moment et Huc eut le sentiment que derrière sa fureur se cachait autre chose. S’il n’avait pas connu aussi bien son seigneur, il aurait certainement penché pour de la peur. Même s’il écarta cette hypothèse, une partie de lui s’y raccrocha. Antoinette éloignée, il se sentait redevenir lui-même. Sa qualité de prévôt se réveilla tout entière et ce fut lui qui demanda :
    –  Peut-être est-il temps, messire, de nous révéler la vérité.
    Antoine de Colonges inclina la tête à son tour. Il lui tardait de comprendre en quoi leur entreprise avait failli. François se racla la gorge puis lâcha :
    –  La vérité, Huc, c’est que je ne sais rien. Rien, si ce n’est que, quoi qu’il se soit passé, c’est l’œuvre du diable !
    Huc se tassa sur son siège. François de Chazeron avait peur, bel et bien peur. Cette évidence le mit en joie. Pourtant il s’efforça de n’en rien laisser paraître. D’ailleurs, Antoine de Colonges, qui jusque-là avait gardé le silence, venait de suggérer à François de ne pas tout mélanger trop vite. Il ajouta sobrement, les mains jointes :
    –  Il m’appartient seul de déterminer le rôle de Dieu ou du diable dans quelque entreprise que ce soit. Confiez-vous à nous, mon fils. Si la justice des hommes et celle de Dieu sont unies, peut-être saurons-nous apaiser vos craintes.
    –  Je n’ai pas peur, mon père ! objecta François, furieux soudain de sa visible faiblesse.
    Antoine baissa le museau sur sa réprobation. Voyant qu’il ne lui restait pas d’échappatoire, François commença son récit.
    Il était entré dans la tour après avoir tourné la clé dans la porte et refermé derrière lui à son habitude. De prime abord, il avait eu le sentiment que tout était tel qu’il l’avait laissé trois semaines plus tôt, puis, en s’avançant, quelque chose l’avait frappé : la chaleur. La pièce était tiède malgré la fenêtre aux vitres brisées et l’air vif qui s’y engouffrait. Elle était tiède comme lorsqu’il tenait l’athanor allumé. Or il se souvenait parfaitement avoir laissé le fourneau s’éteindre à son départ. Il s’était avancé et avait découvert avec stupeur non seulement que des braises chaudes et récentes l’entretenaient, mais qu’au lieu de la barre de plomb qu’il avait laissé refroidir à l’intérieur se trouvait un morceau d’or pur.
    Cela l’avait rendu fou. Voilà plus de quinze ans qu’il tentait de percer le fabuleux secret des alchimistes. Quinze ans qu’il appartenait à diverses sociétés secrètes dont le seul but était le Grand Œuvre, et non seulement quelqu’un avait violé son sanctuaire, mais l’intrus avait réussi là où tous avaient échoué. Il avait eu besoin de réponses. Il s’était précipité en fureur sur Clothilde puis s’était retourné contre Bertrandeau. S’il les savait incapables de réaliser la transformation, il fallait que quelqu’un de la maisonnée se soit rendu complice du forfait en ouvrant la porte. Tout avait basculé lorsque Bertrandeau lui avait objecté qu’il était seul à détenir la clé de la pièce.
    Il était remonté sur-le-champ pour vérifier ce qu’il savait déjà. La porte n’avait pas été forcée. Il avait bien songé à la fenêtre, mais elle était trop haute et toujours barrée de l’intérieur. Pour accroître son dilemme, il n’avait relevé aucune trace devant la croisée. Si quelqu’un était entré par

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