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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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d’elle en silence, retenant leur souffle devant son visage tourmenté. Isabeau caressa l’alliance.
    –  Il est mort, dit-elle. Le jour de nos noces.
    –  Oh, Seigneur ! lâcha Ameline en portant les mains à sa bouche.
    Isabeau tourna vers elle son regard amande. Elle n’avait jamais raconté son histoire à personne. Ses yeux s’emplirent de haine tandis que ses doigts se refermaient. Elle redressa la tête et lâcha :
    –  Il a été assassiné pour m’avoir voulu protéger du seigneur qui me convoitait. Le braver, c’est mourir, disait-il. Il avait raison.
    Isabeau poussa un long soupir et chassa les images de sa mémoire en se frottant résolument les yeux de ses poings.
    La neige s’était mise à tomber, fine, silencieuse, piquetant leurs quatre chaperons de sa parure virginale.
    –  Il faut rentrer maintenant, déclara Ameline en lui tendant une main chaleureuse.
    Isabeau s’en saisit sans hésiter. Comme Ameline et Blanche les précédaient dans l’arrière-boutique, Françoise retint Isabeau par le bras.
    –  Ce seigneur, il t’a violée, n’est-ce pas ?
    –  Oui, lâcha Isabeau sans détourner le regard de celui clair et direct de sa compagne.
    Aussitôt un voile de haine s’y forma.
    –  Alors, j’espère qu’il a payé, siffla-t-elle en connivence, avant de pénétrer à son tour dans l’atelier.
    Isabeau se sentit mieux soudain. Elle affirma, tandis qu’elle l’y suivait :
    –  Oui, il a payé !
    9 novembre 1515. Philippus moucha la chandelle, plongeant la chambre dans l’obscurité. La clarté lunaire était encore suffisante pour lui permettre de repérer le passage secret. Il avait passé la journée à se demander ce qu’il conviendrait de faire lorsque l’agresseur se montrerait. Sa première impulsion l’avait engagé à lui barrer la retraite et à appeler la garde, mais il avait fini par se ranger à l’évidence : c’était une mauvaise idée. Vraisemblablement, la jeune femme qu’il avait aperçue dans sa somnolence de la veille avait des complices dans la maisonnée, peut-être n’était-elle que l’exécutrice. En ce cas, l’arrêter seule ne sauverait pas François de Chazeron. Il fallait qu’il découvre la vérité sur cette affaire, aussi sordide soit-elle. Le coupable l’intéressait moins au fond que le mystère qu’il cachait. Et Philippus n’avait jamais su résister aux énigmes.
    Au souper, comme chaque soir, Albérie avait monté les plateaux. Lorsqu’elle était revenue les chercher vingt minutes plus tard, tout indiquait que Philippus et François avaient achevé leur collation. C’était le cas pour le châtelain, mais Philippus avait discrètement déversé la nourriture dans une besace de cuir dissimulée derrière un meuble.
    Philippus s’installa confortablement sur sa chaise à bras, ramenant la couverture sur son torse et ses épaules dans la même attitude d’abandon que les nuits précédentes. Non loin de lui, François de Chazeron s’était endormi. Il ronflait, en sifflant à chaque inspiration, bouche ouverte sur une haleine acide.
    Philippus avait pris soin de décaler son fauteuil de façon à pouvoir englober d’un regard la totalité de la pièce. Sa réflexion l’avait amené à procéder par élimination. Un pan de mur était encombré par une table et un coffre surmontés de divers objets qu’il aurait fallu déplacer en bloc pour passer. Celui qui lui faisait face et dans lequel s’ouvrait la fenêtre était trop proche du lit du malade. Une porte dérobée pouvait s’y dissimuler, mais Philippus en avait écarté l’hypothèse car l’inconnue de la veille était penchée de l’autre côté du lit au-dessus de François, de sorte qu’elle aurait dû contourner le malade pour s’y rendre. Le troisième mur était un mur intérieur, celui où se trouvait la porte barrée par le garde. Il n’était pas assez épais pour dissimuler une cache. Restait la cheminée, large et profonde. A gauche, un chandelier sur pied meublait le restant d’espace, à droite, la tête du lit s’appuyait contre la pierre.
    Philippus avait connu de nombreuses demeures dont les cheminées s’ouvraient ainsi sur des degrés grossiers à même la muraille. Il était persuadé que c’était de là que sortirait la jouvencelle.
    Le vent s’était levé au-dehors et l’on entendait son souffle irrégulier descendre par le conduit, activant les flammes hautes dans une gerbe d’étincelles.
    Philippus se laissa

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