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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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semblable à celui qui partait de la chambre d’Albérie pour ressurgir dans la forêt. Après l’épisode de Vollore, il l’avait emprunté alors que son épouse vaquait en cuisine, peu enclin à croire la thèse de la lévitation de Loraline. Il s’était imaginé découvrir au flanc de ce boyau d’autres souterrains qui auraient conduit à la grotte et à Vollore, mais il était revenu bredouille, et il avait dû admettre malgré lui la version de son épouse. Le passage taillé dans le roc était d’un seul tenant, tel qu’Albérie le lui avait décrit.
    Comme il s’enfermait dans ses pensées, Antoinette posa une main tremblante sur son bras, l’obligeant à baisser sur elle un regard lointain.
    –  Huc, murmura-t-elle d’une voix blanche.
    Il grogna en guise de réponse puis s’avisa de son regard mouillé.
    –  J’ai peur, gémit-elle.
    Alors il referma ses bras autour d’elle et la berça doucement. Lui aussi avait peur, soudain. Non du diable, comme Antoinette de Chazeron, mais de la vérité.
    L’instant d’après il se séparait d’elle, de crainte que quelqu’un aperçoive cette brève étreinte depuis la tour, décidé à avoir une conversation avec son épouse.
     
    Il la trouva aux communs, auprès de la grosse Jeanne, occupée à éplucher des légumes pour la potée du déjeuner. A peine eut-il franchi le seuil de la pièce qu’Albérie se leva pour venir à sa rencontre.
    –  Je dois te parler, Huc, annonça-t-elle d’un ton grave, cueillant ainsi à froid ses propres arguments.
    Sur ce, elle l’entraîna dans une pièce attenante qui servait de débarras et de réserve. Elle referma la porte derrière elle et se plaqua contre le bois, mains croisées dans le dos, comme si elle avait voulu le retenir prisonnier.
    –  Il se passe quelque chose d’étrange au château, Huc.
    –  Je le sais, messire Philippus a disparu, et de la façon la plus curieuse qui soit.
    A ces mots Albérie blêmit, son visage défait accusant une réelle surprise. Au point que Huc ne put s’empêcher de questionner :
    –  L’ignorais-tu ?
    –  Oui, je me suis éveillée fort tard et migraineuse, comme c’est le cas depuis plusieurs jours. Je n’ai pas pris de matinel et suis venue directement aux cuisines. Que s’est-il passé ?
    –  Je te raconterai plus tard. Qu’avais-tu à me dire ?
    Le ton était sec. Albérie s’avança jusqu’à lui et s’assit sur un tonnelet, l’air songeur. Elle paraissait troublée. Huc sentit sa colère chanceler. Il s’agenouilla devant elle et lui prit les mains délicatement.
    –  Regarde-moi, Albérie. Je voudrais être certain que tu n’es pour rien dans tout cela.
    Elle planta son regard dans le sien.
    –  Que vas-tu croire, mon époux ? La malédiction qui pèse sur moi n’est-elle pas suffisante qu’il faille y ajouter ta suspicion ? J’ignore tout de cette affaire, mais j’en sais une autre ; peut-être sont-elles liées, après tout !
    –  Alors, parle, l’encouragea Huc en repoussant sur le front d’Albérie une mèche brune qui s’était échappée de sa tresse.
    –  Auparavant il me faut savoir. N’es-tu point toi aussi fatigué et cireux au matin ? Ce, depuis quelques jours ?
    –  Si fait.
    –  J’ai interrogé la maisonnée et il semble que tous, du moins tous ceux susceptibles d’approcher de près ou de loin la chambre de messire François, soient victimes des mêmes troubles. Tous sauf les gardes qui, comme tu le sais, prennent leur repas séparément.
    –  Où veux-tu en venir ?
    –  J’ai le sentiment que nous avons été drogués, Huc. A quelles fins, je ne saurais le dire, mais je pense que messire Philippus avait raison. Le mal dont souffre François n’est pas naturel.
    –  Loraline ? hasarda Huc, décontenancé par cet aveu.
    –  Je l’ai cru, c’est la raison pour laquelle je me suis absentée hier du château après le déjeuner. Elle m’a assuré ne rien savoir de l’affaire, et moins encore des propriétés des poisons, car tu avoueras, Huc, que celui utilisé, s’il en est un comme le croit Philippus, est lent à faire mourir sa victime. Loraline est jeune, innocente et seule. L’hiver la cantonne dans la grotte auprès des loups, et pour la première fois de son existence elle doit affronter ses rigueurs, ses contraintes, sans l’aide et la chaleur de sa mère. Je la remplace de mon mieux et, si quelque vengeance avait à nouveau barré son front, je l’aurais vu,

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