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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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aspirées et vivifiées par l’air ranci s’engouffrant dans l’ouverture. Il perçut leur chaleur à travers son pourpoint, tandis que la fraîcheur venue de l’ombre frappait sa poitrine.
    Il enflamma la torche qu’il avait pris soin de préparer et descendit les marches. Lorsqu’il posa le pied sur la troisième, il entendit le claquement de la dalle qui se remettait en place, sans qu’il ait fait le moindre mouvement en ce sens. Un frisson glacé le parcourut, qu’il chassa aussitôt. Désormais, il n’y avait nul retour en arrière. Il était prisonnier de sa témérité.
    Le passage était étroit, creusé à même la muraille, les marches glissantes. En réalité, il y avait deux murs, et Philippus n’était pas loin de penser qu’on avait créé cet intervalle sciemment, dès la construction de la forteresse. Pour quelle raison l’avait-on laissé ignoré de ses propriétaires successifs, c’était une question sans réponse.
    Il consacra toute son attention à la descente. Par moments, un souffle d’air lui balayait le visage et la flamme de sa torche se courbait. De fines meurtrières avaient été disposées de-ci de-là, si astucieusement fondues dans la jointure des pierres qu’elles étaient insoupçonnables depuis l’extérieur.
    Bientôt la construction de moellons laissa place à la roche, et Philippus trouva sous ses pieds le sol meuble et terreux d’un boyau de caverne. Des rats grouillaient en couinant, et le passage tantôt s’élargissait, tantôt s’étranglait. Il avança longtemps, cherchant sa route grâce à d’éventuelles empreintes chaque fois que sa galerie en croisait une autre qui s’enfonçait dans la nuit. Il ne trouva rien pour l’aider.
    Un instant, il se dit que ce dédale allait avoir raison de sa hardiesse, qu’il serait perdu, condamné à errer sans trouver une issue. Il fut tenté de revenir en arrière, mais il se força au calme et décida de réfléchir. La réflexion l’avait toujours amené à des solutions. Son instinct aussi. Il détestait cette sensation d’emmurement.
    Il s’assit et se remémora son parcours. Toutes les galeries qu’il avait croisées semblaient monter. Elles devaient donc ramener au château en diverses cachettes, et si ce n’était Montguerlhe, c’était en quelque autre endroit. Puisqu’il ignorait d’où venait la jeune femme, il lui fallait poursuivre sa route dans le sens logique de la pente. Toutes revenaient à ce corridor. Il était donc forcément dans la bonne direction. Restait à savoir où elle le conduirait.
    Il se redressa péniblement. L’humidité avait pénétré ses souliers et il se mit à grelotter. Il activa le pas pour se réchauffer. Au détour d’un virage, son pied buta contre une pierre saillante et il partit en avant. Il se rattrapa à la roche, mais la torche lui échappa, roula à terre et s’éteignit au contact de l’eau résiduelle. Philippus poussa un juron en massant sa cheville meurtrie. Désormais il était dans un noir d’encre. Il plaqua sa main sur la roche pour se guider et avança en aveugle le plus prudemment possible. Par moments il rencontrait une ouverture, mais elles se faisaient de plus en plus rares. Cela le rassura, même si le sol sous ses pieds redevenait horizontal. Il relâcha sa vigilance, d’autant que, ses yeux s’habituant peu à peu à l’obscurité, il devinait devant lui le long cheminement du boyau.
    Et puis soudain son pied s’enfonça et il perdit l’équilibre. Il tenta de se raccrocher au mur, d’extirper sa jambe tout entière passée au travers du trou qui s’ouvrait sous elle, mais ce fut en pure perte. Une douleur intense lui arracha un cri de bête effrayée, il s’affala de tout son long, en travers du chemin, heurtant de son crâne la muraille en un bruit mat. Il n’eut pas le temps de penser qu’il était perdu. Il s’évanouit sous le choc.
     
    Lorsqu’Isabeau reprit ses esprits, le visage inquiet de la gitane dansait au-dessus du sien tandis qu’elle lui bassinait les tempes. D’avoir ouvert les yeux la ramena à son angoisse et elle se mit à trembler. Lilvia posa une main fraîche et baguée sur son front en murmurant :
    –  Doux, doux, belle Isa. Tu es en sécurité ici. Nul ne te veut du mal. Apaise-toi.
    La voix enjôleuse aux accents rocailleux lui transmit peu à peu sa chaleur, tout comme cette main qui glissait de son front à ses cheveux en une caresse affectueuse. Isabeau referma les yeux et laissa les

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