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La chance du diable

La chance du diable

Titel: La chance du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ian Kershaw
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diffusée sur les ondes, suivie de discours de Göring et de Dönitz.
    Hitler expliqua qu’il s’adressait au peuple allemand pour deux raisons   : leur faire entendre sa voix et leur faire savoir qu’il n’était pas blessé et se portait bien   ; mais aussi leur parler d’un crime sans précédent dans l’histoire de l’Allemagne   : « Une minuscule clique d’officiers stupides, ambitieux, sans scrupules, mais aussi criminels, a comploté de m’éliminer en même temps que presque tout l’état- major des forces armées allemandes.   » Il fit le parallèle avec le « coup de poignard dans le dos   » de 1918. Mais cette fois-ci, la « minuscule bande d’éléments criminels   » allait être « éradiquée sans merci   ». Par trois fois, il parla de sa survie comme d’un « signe de la Providence qu’il devait continuer [son] travail   » et ajouta   : « Je vais donc le continuer.   »
    Comme bien souvent dans sa vie, ce n’était pas la Providence qui l’avait sauvé, mais la chance   : la chance du diable.
     
     

5   Le châtiment
     
    « Enfin, je tiens les salauds qui sabotaient mon travail depuis des années, lâcha Hitler d’un ton rageur alors que les détails du complot contre lui commençaient à se préciser. Maintenant, j’en ai la preuve   : tout l’état-major général est contaminé.   » Il avait confirmation de sa méfiance de toujours, profondément enracinée, à l’égard des chefs de l’armée de terre  – conséquence inévitable de son empressement à accepter la flagornerie de Keitel qui, à la suite du triomphe de la campagne de France, en 1940, l’avait présenté comme un génie militaire sans pareil, le « plus grand chef de guerre de tous les temps   », mais aussi fruit de l’incapacité des généraux, de son point de vue, à obtenir la victoire finale et, depuis le premier hiver russe, à conjurer la série sans fin des défaites. Si ses plans militaires avaient essuyé de tels revers, la raison lui en sautait maintenant aux yeux   : ils avaient été sabotés par la traîtrise de ses officiers de l’armée terre. « Maintenant je sais pourquoi tous mes grands projets de Russie devaient échouer au cours des dernières années, assura-t-il. Tout cela n’était que trahison   ! Sans ces traîtres, il y a longtemps que nous aurions gagné. Voici ma justification devant l’Histoire   » (signe, aussi, que Hitler pensait à sa place dans le panthéon des héros teutoniques). Gœbbels, comme bien souvent, fit écho aux sentiments du Führer. « Les généraux ne sont pas opposés au Führer parce que nous connaissons des crises sur le front, écrivit-il dans son journal. La vérité est plutôt que nous connaissons des crises sur le front parce que les généraux sont opposés au Führer.   »
    « L’empoisonnement du sang intérieur   » était la cause du tout, Hitler en était convaincu. Avec des traîtres aux postes de dirigeants, occupés à détruire le Reich, vitupérait-il, avec l’implication dans la conspiration de personnages aussi cruciaux que le général Eduard Wagner (responsable, en sa qualité d’intendant général, des approvisionnements de l’armée de terre) et le général Erich Fellgiebel (chef des opérations de transmissions au QG du Führer), comment s’étonner que l’Armée rouge ait été informée d’avance de la tactique allemande   ? Il y avait eu tout du long une « traîtrise permanente   », symptomatique d’une « crise du moral   » plus profonde. Il aurait fallu agir plus tôt. Après tout, cela faisait un an et demi qu’on savait qu’il y avait des traîtres dans l’armée. Mais maintenant, il fallait enfinir. « Ces créatures, les plus viles de toute l’Histoire qui aient jamais endossé l’uniforme du soldat, cette racaille qui a survécu d’un temps révolu, il faut s’en débarrasser et la chasser.   » Le redressement de la situation militaire suivrait le redressement moral. Ce serait le « salut de l’Allemagne   ».
     
    Dans l’esprit de Hitler, c’était la vengeance qui dominait. On allait nettoyer les écuries d’Augias sans faire de quartier. L’action serait rapide et implacable. Il allait « extirper et anéantir   » toute la bande, promit-il, rageur. À « ces criminels   », il n’était pas question d’accorder la mort honorable du soldat par un peloton d’exécution. Ils seraient chassés de la Wehrmacht puis traduits en justice en

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