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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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l’avait
     punie... Elle n’avait pas avoué toutes ses fautes… Elle tomba à genoux et, les
     mains sur son ventre, elle se mit à gémir. Elle avait été enceinte de John, il
     l’avait emmenée à Québec dans un lieu sordide. Il l’avait fait entrer dans une
     petite pièce. Il lui avait dit qu’il s’occuperait de tout mais qu’un bébé avant
     le mariage était une honte terrible, que son père le déshériterait. C’était
     l’année avant qu’elle ne découvre qu’il était marié. Elle avait eu si mal, elle
     avait tant saigné. Elle n’en avait jamais parlé avant aujourd’hui. Léonie se
     releva et se mit à geindre doucement tout en allant sur sa commode prendre son
     chapelet. Elle souffrait dans son âme. La poitrine lui serrait, elle avait du
     mal à respirer, elle ne sentait plus le bout de ses doigts.
    Avait-elle mal interprété les signes ? Était-ce parce qu’elle essayait de
     rompre avec Albert ? Rien n’avait fonctionné. Sereine après l’enterrement du
     frère André, elle avait dit à son fiancé que celui-ci devrait envisager
     d’épouser mademoiselle Brassard à la place. Albert avait piqué une grande
     colère, jurant que même si lui et la vendeuse avaient eu une quelconque
     aventure, c’était Léonie qu’il désirait épouser. Elle lui avait rétorqué que
     cela ne se ferait jamais. Il l’avait encore menacée de dévoiler ce qu’il croyait
     être la vérité sur la naissance de Julianna. Elle l’avait imploré d’essayer de
     trouver un compromis. Elle était prête à lui verser plus d’argent, à lui offrir
     plus que la gérance du magasin, voire une association. Rien n’y fit ! Albert
     l’avait attrapée par les cheveux et s’était mis à la secouer. Léonie l’avait
     supplié de la laisser tranquille. Il l’avait frappée. Elle avait réussi à
     s’enfuir de la maison et avait cherché refuge au seul endroit qui lui était venu
     à l’esprit et où elle se savait en sécurité. Elle avait demandé asile au couvent
     des carmélites. Recluse, elle n’avait donné aucune nouvelle à personne. Elle y
     était restée un peu plus de deux mois, faisant un grand examen de conscience.
     Elle avait tantpéché dans sa vie. Elle n’avait pas honoré père
     et mère, elle avait péché par la chair, elle avait soutiré de l’argent à un
     homme sous un faux prétexte, elle n’avait pas tenu ses promesses. Elle avait
     repris des forces et sa retraite lui avait redonné la paix de l’esprit. Elle
     venait de revenir chez elle en ce 15 avril 1937, déterminée à tenir tête à
     Albert. Elle lui ferait parvenir un message, lui donnant rendez-vous dans un
     restaurant ou un autre endroit public, et l’homme n’aurait d’autre choix que de
     se résoudre à la rupture. Son chantage n’avait plus d’emprise sur elle. Pendant
     sa réclusion, elle avait su que le seul moyen de s’en sortir était d’affronter
     ses démons. Elle avouerait la vérité à Julianna. Qu’elle avait fait croire à un
     homme qu’il en était le père afin de subvenir à ses besoins. Mais elle avait
     voulu attendre que Julianna ait accouché pour ne pas la perturber. Et voilà
     qu’une lettre l’attendait. Sa petite fille l’appelait au secours ! Julianna
     avait perdu son bébé… Léonie sut que c’était à cause d’elle.
    Léonie se sentit aspirée dans le terrible tunnel du désespoir. Elle vacilla et
     se mit à égrener son chapelet avec ferveur. À ce moment, elle entendit une clé
     s’introduire dans la serrure de la porte d’entrée. Quelqu’un entrait dans sa
     maison. Le cœur de Léonie se mit à battre frénétiquement. L’intrus avança dans
     le vestibule et s’approcha de sa chambre.
    — Léonie, je sais que tu es là…
    C’était Albert. Oh Seigneur ! Dévastée, Léonie se dit qu’il devait encore venir
     la harceler pour le mariage. Elle ne sut comment ni pourquoi, mais ses jambes
     semblèrent s’activer d’elles-mêmes et elle alla au-devant de l’homme. Quand la
     fuite est impossible, on se rend. Livide, elle fit face à son fiancé. Il lui
     jeta un coup d’œil rapide. Il se rendit au salon et se laissa tomber dans un
     fauteuil. Il avait une mine affreuse. Mal rasé, il avait les yeux bouffis, les
     vêtements froissés et sales. Il semblait au bord de la panique. Il était encore
     plus désemparé que Léonie. Machinalement, il retira son chapeau et ses gants et
     resta là, un moment, les yeux

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