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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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précieusement contre lui et essaya de se rediriger vers
     la porte. Il laissa une main frotter tout le long du mur et lui servir de guide.
     Arrivé près de son but, il sut qu’il ne pourrait passer. Le feu lui bloquait le
     passage. Pierre s’immobilisa. Le terrible ennemi joua la carte de
     l’intimidation, projetant au visage de Pierre une fumée étouffante. Le garçon
     battit en retraite. Le feu était si arrogant qu’il prit la peine de mirer sa
     puissance et de faire jouer la longueur de ses flammes dans le reflet de la
     fenêtre. Cela permit à Pierre de pouvoir se diriger rapidement vers l’ouverture
     dans le mur. Il déposa Hélène à ses pieds et essaya de remonter le châssis. Mais
     le mécanisme était bloqué. Le feu, ricanant devant la futile tentative de sa
     proie de se sauver, s’avança lentement vers Pierre, menaçant, riant de le voir
     acculé, presque à portée. L’élément cessa un moment sa progression. Allait-il
     dévorer en premier le bébé, à la chair tendre, à la peau douce, ou ce garçon de
     presque douze ans, plus musclé... Le feu dansa sur place de vive anticipation,
     du délice qu’il se mettrait sous la langue.
    Pierre manqua se rendre. Qui le guida une fois de plus ? Était-ce Dieu ?
     Toujours est-il que l’enfant sentit comme une aura autour de lui qui lui
     insuffla une force surhumaine. Il pivota à moitié et, à l’aide de son coude, il
     fracassa la vitre qui céda en laissant un trou béant aux pointes acérées. Le feu
     ragea. Pierre n’eut que le temps de se pencher, d’attraper par ses langes le
     bébé et de le lancer, le plus loin possible, par la fenêtre brisée. Le bruit
     sourd que le paquet fit en tombant dans la neige passa inaperçu parmi les
     craquements sinistres de la maison en train de brûler. Cependant, le feu ne
     laisserait pas se sauver si facilement ce garçon. Sans plus se retenir, il
     attaqua.Il avait cru pouvoir lentement cerner sa cible, danser
     autour de lui, le lécher lentement, mais il devait se rendre à l’évidence et
     sauter dessus avant qu’il ne s’échappe à son tour. Le feu tenta de le retenir
     par les pieds, lui mordant les jambes, le fouettant dans le dos... Pierre tomba
     dans la neige et roula sur lui-même afin d’étouffer les flammes qui consumaient
     le bas de sa jaquette. Il souffrait. Il s’était fait de profondes entailles en
     fracassant la vitre pour pouvoir passer. Il releva la tête et vit le petit
     paquet, inerte, devant lui. Avec ce qu’il lui restait de force, il rampa sur les
     coudes, ses jambes brûlées refusant de bouger, maculant la neige de longues
     traînées rouges, et se déplaça, pouce par pouce, vers sa cousine. Il priait et
     priait : « Faites qu’elle soit pas morte, faites qu’elle soit pas morte ! »
     Épuisé, il arriva enfin à tendre les doigts vers le bébé, solidement emmailloté
     de plusieurs couvertures. Rien ne bougeait. Il l’attira à lui et le blottit
     contre son cœur. Son esprit dériva. Il tourna la tête d’un côté et vit la maison
     et le feu qui y rugissait par toutes les fenêtres. Il eut l’impression
     d’apercevoir une ombre dans celle de l’étage, un visage grimaçant, appelant
     muettement à l’aide. Il tourna sa tête de l’autre côté. Ses yeux se posèrent sur
     un ciel étoilé, majestueux, calme et sur le contour des arbres de la forêt au
     loin. Étrangement il ne ressentait plus aucune douleur, ni le froid glacial de
     l’extérieur, ni la chaleur ardente que la maison dégageait. Il faisait partie de
     la neige. Il n’était plus qu’un flocon parmi tant d’autres, qu’une petite étoile
     de glace.

    Plus tard, beaucoup plus tard, quand Georges serait en mesure de raconter cette
     terrible soirée, quand les mots pourraient sortir de sa poitrine, il dirait que
     lorsqu’ils revinrent de la grange, lui et Jean-Marie, il était impossible de
     retourner à l’intérieur de la maison. Elzéar les avait rejoints et les trois
     hommes, paniqués, ne surent un moment quoi faire. Georges essaya de rentrer mais
     Jean-Marie le retint encriant que c’était impossible, le feu
     était trop fort ! Il se recula un peu et cria de tous ses poumons pour que ses
     enfants à l’étage ouvrent la fenêtre des lucarnes, sautent dans ses bras. Il
     pensa à l’échelle, la vit sur le toit, inutile, hors d’atteinte. Il envoya
     Elzéar chercher du secours. Le jeune homme partit à la course vers la maison

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