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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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l’allusion évidente que sous-entendait l’invitation et
     surtout devant son regard concupiscent.
    — J’vas faire la vaisselle avant, dit-elle.
    — Ça attendra ben à demain, voyons, dit Julianna. Allez, montez vous coucher
     tous les deux.
    François-Xavier suivit des yeux le couple emprunter l’escalier menant à
     l’étage. Il vit son ami mettre une main avide sur les fesses de sa femme et la
     guider en haut.
    Le pauvre rouquin soupira. Il lança un regard désespéré à Julianna.
    — Quarante jours sans te toucher, non, trente-sept. J’espère que c’est la
     dernière épreuve que j’vas subir, moé...
    Julianna lui tendit la main et l’entraîna vers la chambre.
    — Quand j’ai dit qu’on trouverait bien un moyen de tricher, je parlais pas
     juste sur le nombre de jours...
    — Ah non ? fit François-Xavier en reprenant espoir.
    — Viens, j’vas te masser tes pauvres muscles de bûcheron... tous tes
     muscles...

    François-Xavier se trompait lourdement. Son abstinence était loin d’être sa
     dernière épreuve. Le mois de mai apporta enfin la permission de faire l’amour
     avec sa femme mais aussi une crue de printemps comme on n’en avait jamais vue.
     Depuis trois jours qu’il regardait lapluie tomber et la colère
     grondait en lui. Rien ne s’arrangeait ! Il attendait toujours le règlement avec
     la compagnie. C’était l’aube, Julianna venait de monter se recoucher, et il
     n’avait pas été très tendre à l’égard de sa femme. Chaque fois qu’elle lui
     parlait de partir vivre à Montréal, cela le mettait hors de lui. Elle ne
     comprenait pas qu’il avait l’impression de se noyer ! Tant qu’il pouvait porter
     son regard sur le lac Saint-Jean et deviner sa belle maison de l’autre côté, il
     avait l’impression d’avoir encore une bouée à laquelle s’accrocher. À Montréal,
     il n’aurait plus rien, il serait perdu ! Il se détourna de la fenêtre et décida
     de monter rejoindre Julianna. Il allait s’excuser de s’être emporté. Il commença
     à gravir l’escalier quand tout à coup on tambourina à la porte. Il était si tôt,
     qui pouvait bien venir à cette heure ?
    Inquiet, François-Xavier se dépêcha d’aller ouvrir. C’était son voisin d’en
     face, Joe Ouellette.
    — François-Xavier, on a besoin d’aide.
    — Que c’est qui se passe, monsieur Ouellette ?
    — C’est l’inondation. Le village de Saint-Méthode, on doit toutes les évacuer !
     J’ai de la famille, ma fille a l’habite là-bas ! J’veux aller la chercher, elle
     pis ses petits enfants, je me sus dit que tu voudrais p’t-être ben venir avec
     moé m’aider...
    — Laissez-moé avertir ma Julianna pis j’arrive.
    — Merci ben, j’savais que j’pouvais compter sur toé.
    — On a-tu besoin que j’apporte quelque chose ?
    — Ben attelle ta jument, on va y aller à deux, on sait jamais. Pis prends ta
     hache au cas. Moé j’ai attelé la grande wagonne pis on va y monter ma barque. Ça
     a l’air que la compagnie refuse de prêter les leurs. Ils veulent les louer pis
     cher à part de ça. La compagnie dit que c’est pas de leur faute si tout est
     inondé, ils disent qu’ils sont pas responsables de la nature.
    — La nature… répéta François-Xavier d’un ton ironique. Comme si c’était naturel
     de détourner des rivières pis de construire desbarrages de
     fous ! Ah ! monsieur Ouellette, un jour j’vas leur faire avaler leurs dents aux
     gens de la compagnie !
    — Qu’est-ce qui se passe ? s’inquiéta Julianna en apparaissant au haut de
     l’escalier.
    Ce fut le voisin qui répondit.
    — J’m’en veux ben gros de vous déranger, ma bonne madame Rousseau, mais c’est
     ben urgent.
    François-Xavier gravit quelques marches et s’adressa à sa femme.
    — Avec le niveau trop haut du lac pis toute la pluie de ces derniers jours, le
     lac Saint-Jean peut pus retenir toute l’eau. Ça refoule par la rivière jusqu’à
     Saint-Méthode.
    — C’est le village de ma fille, chus ben inquiet, madame Rousseau.
    — Je m’en vas donner un coup de main pour la famille à monsieur Ouellette.
     Attends-moé pas. Tu devrais être en sécurité ici-dedans.
    — Tu me laisses pas toute seule ! s’écria Julianna en descendant rapidement
     rejoindre son mari.
    François-Xavier la rabroua.
    — Julianna, t’es pus une enfant ! C’est grave dehors, y faut qu’on aille
     aider !
    Julianna reçut

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