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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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parents soient si négligents, ça me dépasse !
    Comme son épouse avait changé en six ans ! Depuis qu’ils résidaient à Montréal,
     partageant la maison de Léonie, pas un jour ne passait sans qu’il ne regrette
     amèrement d’avoir quitté le lac Saint-Jean.Il ne reconnaissait
     plus Julianna. Elle jouait à la grande dame, sa vie montréalaise se résumait en
     frivolités et elle prenait des airs et un langage hautains qui l’horripilaient.
     Sa femme s’était mise dans la tête de faire partie de la bourgeoisie et elle
     s’appliquait à parler de façon plus « civilisée » comme elle disait.
    — Les temps sont durs, Julianna, lui répondit-il. La liste de chômeurs
     s’allonge pis le secours direct fournit pas. Y en a qui ont à peine à manger.
     L’estomac va toujours ben passer avant les pieds !
    Elle rejeta les arguments de son mari d’un geste de la main.
    — Si ces gens-là le voulaient vraiment, ils s’arrangeraient pour trouver une
     solution.
    François-Xavier perdit patience.
    — On sait ben, du moment que tu peux aller voir ton beau Fred Barry au théâtre,
     qu’il y ait du monde qui meurt de faim, c’est pas grave !
    Se penchant devant son miroir pour rectifier une nouvelle fois sa coiffure à la
     dernière mode, elle répliqua sur un ton ironique :
    — Pis toi, tu passes pas ton temps au hockey peut-être ?
    — C’est pour faire plaisir à Henry, se défendit-il.
    — Ben oui, certain... fit-elle, moqueuse.
    Elle avait raison sur ce point. Henry et lui étaient de fervents admirateurs
     des Canadiens de Montréal et il n’y avait pas beaucoup de parties disputées par
     leur équipe que les deux hommes avaient ratées. François-Xavier s’étonnait
     encore de l’amitié qui s’était tissée entre lui et l’avocat. Ce ne serait jamais
     comme celle qu’il partageait avec Ti-Georges, non… Avec son ami d’enfance,
     c’était à la vie à la mort, quelque chose d’inconditionnel, tandis qu’avec
     Henry, tout se passait sous un léger vernis d’apparence. Ils se respectaient,
     appréciaient la présence l’un de l’autre, mais tout était fragile. Comme si leur
     relation reposait sur du verre… Les deux hommes marchaient sur des œufs et
     faisaient toujours attention à ce qu’ils disaient. Ils n’étaient pas du même
     milieu. Souvent, François-Xavier se trouvait bien ignorant face à l’avocat. Mais
     la vraie raison de cette fragilité étaitJulianna. Combien de
     fois avait-il surpris un drôle de regard entre sa femme et son ancien
     prétendant ? Il y avait une tension dans leur amitié. Une tension qui faisait
     qu’on se sentait toujours près d’un précipice dans lequel une ombre se tenait
     prête à vous pousser…
    Julianna alla ouvrir sa boîte à bijoux. Choisissant les boutons de manchette
     offerts à son mari par Henry, il y avait des années de cela, elle les tendit à
     François-Xavier. D’un air maussade, il les mit à ses poignets. Julianna implora
     son époux :
    — Oh François-Xavier, à soir, on se chicane pas s’il te plaît.
    Elle alla prendre ses chaussures et les enfila.
    — Pour une fois, ça va faire changement, marmonna François-Xavier.
    Julianna fit comme si elle n’avait rien entendu, se chaussa puis se mit à
     tournoyer sur elle-même.
    — Henry dit que ça paraît pas que je suis mère de cinq enfants dont un bébé
     d’une couple de mois ! s’exclama-t-elle.
    — Henry dit ben des choses...
    Elle retourna devant son miroir.
    — C’est grâce à lui que la haute nous ouvre ses portes. Y connaît tellement de
     monde.
    — Ben oui...
    — Quand je pense que j’vas avoir trente ans l’année prochaine... dit-elle en
     s’examinant de près.
    Elle aima son reflet. Elle s’en détourna et pressa son mari de lui faire un
     compliment.
    — Alors, comment tu me trouves ? Ma robe est belle, hein ? Chus pas mal fière
     de ma réalisation.
    François-Xavier ne répondit rien. Affalé dans son fauteuil, il semblait perdu
     dans ses pensées.
    — Alors, je te plais oui ou non ? insista-t-elle en allant se pencher au-dessus
     de lui, dévoilant ainsi les courbes de son décolleté. Elle lui susurra :
    — Chus certaine qu’il y a un sourire de caché quelque part...
     hum... dans cette poche ?
    Presque malgré lui, il accepta le baiser qu’elle lui offrit. Il ne pourrait
     jamais cesser de la désirer. Il admira la poitrine dévoilée. Ces seins
     palpitants qui le

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