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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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par surprise. L’embuscade avait été bien préparée, mais
les soldats du shah étaient trop inférieurs en nombre. Même si cela avait pris
du temps, Süböteï et Djebe les avaient massacrés jusqu’au dernier. Ils avaient
regardé le visage de chaque mort : tous étaient jeunes et forts. Pas de
shah.
    — Il se terre peut-être dans une grotte après avoir
effacé ses traces. Nous sommes peut-être déjà passé devant lui.
    — À Almashan, ils ne savent rien, général, rapporta
Yousouf. Le shah ne s’est arrêté nulle part dans les environs pour se
ravitailler. Les marchands d’esclaves en auraient eu vent et m’en auraient
informé.
    Il s’attendait à être félicité pour son subterfuge, bien que
l’idée en revînt à Süböteï. Au lieu de quoi, les deux généraux s’étaient
replongés dans leur discussion comme si de rien n’était. Il ne mentionna pas la
bourse d’or qu’il avait gagnée avec quelques mensonges. Les deux chefs mongols
avaient remarqué la jument qu’il avait ramenée et estimaient sans doute qu’elle
constituait une récompense suffisante. Ils n’avaient pas besoin de tout savoir.
    — Les éclaireurs ont repéré une douzaine de villages et
de bourgades à l’ouest, reprit Djebe après un coup d’œil à Yousouf. S’il les a
traversés, quelqu’un se souviendra d’un groupe armé et d’un vieillard. Nous
devons continuer à le pourchasser en l’éloignant de ses cités. Il ne peut pas
nous filer éternellement entre les doigts.
    — Jusqu’ici, il a réussi, répliqua Süböteï.
    Il se tourna vers le faux messager, qui restait planté près
d’eux et se dandinait d’un pied sur l’autre.
    — Tu as fait du bon travail, Yousouf. Laisse-nous, maintenant.
    Le jeune homme s’inclina profondément. Ils payaient bien, ces
Mongols, et il serait un homme riche si le shah leur échappait jusqu’à la venue
de l’hiver. En traversant de nouveau le camp, il salua de la tête ou d’un
sourire certains des guerriers qu’il connaissait. Ils étaient silencieux à la
tombée de la nuit, comme le sont les loups quand aucune proie n’est à portée de
leurs crocs. Ils aiguisaient leurs sabres et réparaient leurs flèches, avec
lenteur et application. Yousouf frissonna. Il avait entendu parler du massacre
de leurs femmes et de leurs enfants. Il n’avait pas envie de voir ce qui
arriverait au shah et à ses fils quand ils finiraient par les retrouver.
     
     
    Djalal al-Din se frotta les yeux, furieux de sa faiblesse. Il
ne devait pas laisser voir à ses trois frères qu’il perdait confiance alors qu’ils
plaçaient en lui tous leurs espoirs.
    Dans l’obscurité, il entendait la respiration pénible de son
père, ce lent sifflement qui s’interrompait et reprenait. Chaque fois qu’il
cessait, Djalal al-Din tendait l’oreille, sans savoir ce qu’il ferait si le
silence se prolongeait.
    Les Mongols avaient brisé le vieil homme aussi sûrement que
s’ils l’avaient atteint avec un de leurs traits. La poursuite à travers les
plaines et les montagnes n’avait pas permis au shah de se reposer et de se
remettre. À cause des pluies torrentielles, ils s’étaient tous enrhumés et
avaient mal aux articulations. À plus de soixante ans, le vieux souverain était
encore solide, mais l’humidité s’était glissée dans ses poumons et avait sapé
ses forces. Djalal al-Din sentit de nouvelles larmes couler de ses yeux et il
les frotta durement, pour que la douleur atténue un peu sa colère.
    Il n’avait jamais été pourchassé. Le premier mois, cela
avait été comme un jeu pour lui. Ses frères et lui s’étaient moqués des Mongols
qui les poursuivaient et avaient échafaudé des plans pour les semer. Quand les
pluies avaient commencé, ils avaient créé de fausses pistes, divisé et divisé
encore leurs forces. Djalal al-Din avait envoyé des hommes à la mort pour
tendre des embuscades qui avaient à peine ralenti l’ennemi implacable lancé à
leurs trousses.
    Il écouta de nouveau la respiration de son père dans le noir.
Les poumons engorgés d’un épais mucus, il suffoquerait bientôt et se
réveillerait. Comme il l’avait fait tant de fois, Djalal al-Din lui taperait
dans le dos jusqu’à ce que sa peau perde son aspect cireux et qu’il soit
capable de se lever pour une autre journée qu’ils passeraient à fuir.
    — Qu’ils soient tous maudits, murmura-t-il.
    Les Mongols devaient avoir parmi eux des hommes capables de
suivre les

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