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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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dernière fois qu’il avait mangé et un étourdissement le
fit chanceler.
    — Allons-nous mourir ici ? geignit l’un de ses
frères.
    Djalal al-Din lui répondit d’un grognement. Jeune et robuste
au début de l’année, il avait perdu des hommes et des forces à chaque tournant
de cette campagne. Il se sentait vieux, à présent. Il ramassa un caillou gris
sur la plage et le lança dans l’eau salée. Les chevaux baissèrent la tête pour
boire et il ne tenta pas de les en empêcher. Quelle importance s’ils avalaient
de l’eau salée quand les Mongols arrivaient pour tuer les fils du shah ?
    — Je ne resterai pas ici à les attendre ! s’écria
Tamar, le plus âgé des frères après Djalal al-Din.
    Il allait et venait, cherchant des yeux une issue. Avec un
soupir, Djalal al-Din se laissa tomber sur le sol, enfonça ses doigts dans le
sable humide.
    — Je suis fatigué, dit-il. Trop fatigué pour me relever.
Que cela se termine ici.
    — Pas question ! s’insurgea Tamar.
    Il avait la voix rauque de soif, les lèvres fendillées et
bordées de sang, mais ses yeux étincelaient dans le soleil couchant.
    — Il y a une île, là-bas. Est-ce que les Mongols savent
nager ? Nous n’avons qu’à prendre une de ces barques et percer le fond des
autres. Nous serons en sécurité sur cette île, nous…
    — Comme des animaux en cage, répliqua Djalal al-Din. Il
vaut mieux rester ici et se reposer.
    Tamar se pencha vers lui et le gifla durement.
    — Tu laisserais notre père se faire massacrer sur cette
plage ? Lève-toi et aide-moi à le mettre dans un bateau ou je te tue de
mes mains.
    Djalal al-Din eut un rire amer mais se leva quand même et, perdu
dans un brouillard, aida ses frères à porter le shah. En marchant sur le sable
mouillé, il sentit un peu de vie revenir dans ses membres et son désespoir s’atténua.
    — Tu as raison, reconnut-il. Je suis désolé.
    Tamar, toujours furieux, se contenta de hocher la tête.
    Les pêcheurs sortirent de leurs cabanes en criant lorsque
les quatre jeunes hommes s’attaquèrent à leurs barques. La vue des cimeterres
tirés de leurs fourreaux les réduisit au silence et leur groupe furieux regarda
les inconnus briser les mâts, fracasser les coques et pousser les bateaux dans
l’eau profonde pour qu’ils coulent dans un tourbillon de bulles.
    Au crépuscule, les frères mirent la dernière barque à l’eau,
la poussèrent en pataugeant et montèrent dedans. Djalal al-Din hissa la petite
voile et prit le vent, étrangement ragaillardi de se mettre à nouveau en action.
Ils laissèrent leurs chevaux sur la plage et les pêcheurs étonnés saisirent
leurs rênes en continuant à les maudire, même si ces bêtes valaient bien plus
que leurs embarcations grossières. Quand le vent fraîchit, Djalal al-Din s’assit
à l’arrière et fit tomber le gouvernail dans l’eau, après l’avoir attaché à une
corde pour qu’il les maintienne en place. Dans les dernières lueurs du jour, ils
voyaient la ligne blanche des vagues qui se brisaient sur une petite île, au
large. Djalal al-Din baissa les yeux vers son père et le calme se répandit en
lui tandis qu’ils laissaient la côte derrière eux. Leur fuite ne durerait plus
très longtemps et le vieil homme méritait effectivement une mort paisible.

 
24
    Le nom Samarkand signifie « ville de pierre » et
Gengis comprenait pourquoi en regardant ses murailles. De toutes les cités qu’il
avait connues, seule Yenking était mieux défendue. Face à lui, les minarets de
nombreuses mosquées s’élevaient derrière les murs. Bâtie sur la plaine
inondable d’un fleuve coulant entre deux immenses lacs, la ville était entourée
des terres les plus fertiles qu’il ait vues depuis qu’il avait envahi le
Khwarezm. Il n’était pas étonné que le shah Mohammed en ait fait le plus beau
joyau de sa couronne. Il n’y avait ici ni poussière ni sable. La ville était un
carrefour pour les marchands et ils se sentaient en sécurité derrière ses murs.
En temps de paix, leurs caravanes traversaient lentement les plaines, apportant
la soie des Jin et chargeant à Samarkand des céréales qu’elles transportaient
plus loin à l’ouest. Ce commerce resterait interrompu un long moment. Gengis
avait brisé un réseau de cités qui se soutenaient entre elles et prospéraient. Otrar
était tombée puis Boukhara. Au nord-est, il avait envoyé Jelme, Khasar et
Kachium soumettre d’autres cités. Il

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