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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ça et dis-lui que nous sommes des disciples
fervents du Prophète. Dis-lui qu’il n’y a aucun honneur à aider nos ennemis.
    Le frère cadet s’élança dans la rue sombre et Djalal al-Din
rejoignit les autres, qui avaient commencé à habiller leur père. Le shah
Mohammed gémissait et sa vieille peau était brûlante. Il marmonnait des mots
dépourvus de sens qu’aucun de ses fils n’écoutait.
    Une fois le shah vêtu, deux de ses fils le soutinrent et
Djalal al-Din jeta un dernier regard à l’appartement qui les avait abrités. Aussi
misérable soit-il, il avait été leur refuge. La perspective de reprendre la
fuite leur serrait le cœur mais ils ne pouvaient ignorer l’avertissement du
joaillier. L’homme leur avait fait une faveur, ils ne devaient pas la gâcher.
    Son regard s’arrêta sur le petit brasero. Le médecin lui
avait fait confiance en le lui laissant, le fils du shah ne s’abaisserait pas à
voler pour la première fois de sa vie. Il emporta en revanche les sachets d’herbes.
L’esprit obnubilé par la nécessité de partir, il osait à peine songer à la maladie
de son père. C’était terrible pour un vieil homme d’être contraint de
recommencer à fuir. Il fut envahi d’une rage désespérée. Si une seule chance de
se venger du khan mongol s’offrait à lui, il la saisirait, fût-ce au prix de sa
vie.
    Djalal al-Din referma la porte derrière lui en quittant la
maison avec son père et ses frères. Il ne voulait pas que les voleurs dérobent
le brasero du médecin. Quant au seau de nuit, ils pouvaient l’avoir, et son
contenu avec.
    Si tôt dans la soirée, les rues n’étaient pas encore
désertes et Djalal al-Din vit passer des habitants pressés de retrouver la
chaleur de leur foyer après la prière. Seuls le shah et ses fils devraient s’accommoder
d’une nuit de plus sans dormir. L’écurie se trouvait à quelque distance et c’était
par précaution qu’ils l’avaient choisie un peu éloignée de l’appartement. Leur
père chancelait entre eux et ne se rendait peut-être même pas compte de ce qui
se passait. Quand une question confuse tomba de ses lèvres, Djalal al-Din le
fit taire avec douceur.
     
     
    — Les hommes que tu cherches sont là, dit Abbud.
    Süböteï donna des ordres, les guerriers enfoncèrent la porte,
disparurent à l’intérieur.
    Le joaillier attendit, couvert de sueur. Les Mongols
ressortirent presque aussitôt, l’air furieux. Le jeune Bédouin empoigna le bras
d’Abbud, le serra à lui faire mal.
    — Vieil homme, ce n’est pas le moment de jouer. Mes
amis ont fouillé la moitié des écuries pendant que je t’attendais et tu nous
conduis maintenant à un taudis vide ? Je vais avoir du mal à les empêcher
de t’égorger.
    Abbud grimaça mais ne tenta pas de se dégager.
    — Ils étaient là ! C’est la maison de mon
beau-frère, il m’a parlé d’eux. Quatre jeunes gens et un vieil homme très
malade. C’est tout ce que je sais, je le jure.
    Au clair de lune, les yeux du Bédouin demeuraient dans l’ombre
et son visage était plus froid que la nuit. Il lâcha le bras du marchand, échangea
avec les Mongols une volée de mots.
    Celui qu’Abbud avait identifié comme leur chef le regarda
longuement avant de donner un nouvel ordre. Ses guerriers enfoncèrent d’autres
portes et des cris brisèrent le silence. Quelqu’un résista dans une demeure
voisine et le joaillier, horrifié, vit l’un des Mongols dégainer son sabre, embrocher
un jeune homme et enjamber son corps pour pénétrer dans la maison.
    — Ne faites pas ça ! s’écria Abbud. Ils ne sont
pas là !
    Le nomade se tourna vers lui avec un sourire.
    — Je ne peux pas les arrêter, vieil homme. Ils vont
fouiller toutes les maisons de la rue, peut-être de la ville entière. Et
ensuite, ils mettront le feu.
    C’en fut trop pour le joaillier.
    — Je connais toutes les écuries. S’ils sont quelque
part, c’est dans l’une d’elles.
    — Conduis-moi, vieil homme. Si tu dis vrai, Khuday ne
sera peut-être pas détruite.
     
     
    Djalal al-Din dirigea son cheval vers un bosquet d’arbustes
coiffant le sommet d’une colline. Une douce odeur de feuilles de citronnier
parfumait l’air et il eut le cœur serré en baissant les yeux vers la petite
ville. À sa droite, l’étoile du Nord brillait dans un ciel clair.
    Loin à l’est, les feux du camp mongol teintaient l’horizon d’une
faible lueur. À l’ouest les attendait la mer Caspienne,

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