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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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étaient. Le dernier devoir des
fils du shah, c’était d’être auprès de lui quand il mourrait et de lui assurer
la fin digne qu’il méritait.
    Djalal al-Din finit par se lever malgré ses genoux et son
cou douloureux. Quoique petite, l’île était couverte d’arbres et d’épaisses
broussailles dans lesquelles ses frères et lui avaient dû se tailler un chemin.
Il emprunta le passage ménagé en écartant des mains les branches qui s’accrochaient
à sa tunique.
    Dans une clairière créée par l’effondrement d’un arbre, son
père était étendu sur le dos, entouré de ses fils. Djalal al-Din fut content de
voir que le vieil homme avait repris connaissance et contemplait les étoiles. Chacune
de ses inspirations sifflantes faisait cependant trembler sa poitrine sous l’effort.
Dans la clarté de la lune, le shah tourna les yeux vers son fils aîné, qui s’inclina.
D’un geste faible, le mourant lui fit signe et Djalal al-Din s’approcha pour
entendre l’homme qu’il avait toujours cru trop plein d’énergie pour tomber un
jour. Les vérités de son enfance de prince s’étaient écroulées autour de lui. Il
s’agenouilla pour écouter et, même dans cet endroit si loin de leur palais, une
partie de lui désirait ardemment voir se manifester encore l’ancienne force de
son père, comme si un effort de volonté pouvait suffire à bannir sa fragilité. Ses
frères se rapprochèrent eux aussi et, un moment, ils oublièrent les Mongols
campant de l’autre côté des eaux profondes.
    — Je suis désolé, hoqueta le souverain déchu. Pas pour
moi. Pour vous.
    Il s’interrompit pour respirer, le visage rouge et couvert
de sueur.
    — Ne parle pas, lui murmura Djalal al-Din.
    — Si je ne le fais pas maintenant, quand le ferai-je ?
répliqua le vieillard, les yeux brillants d’un reste d’humour. Je suis… fier de
toi, Djalal al-Din. Tu t’es bien conduit.
    Soudain, le shah suffoqua et son fils le fit rouler sur le
flanc, essuya les glaires à ses lèvres. Lorsqu’il le remit sur le dos, il avait
les larmes aux yeux. Le shah eut une longue expiration puis remplit lentement
ses poumons torturés.
    — Lorsque je ne serai plus… commença-t-il.
    Djalal al-Din ouvrit la bouche pour protester mais les mots
ne franchirent pas ses lèvres.
    — Lorsque je ne serai plus, répéta le vieil homme, tu
me vengeras.
    Djalal al-Din acquiesça, bien qu’il eût abandonné tout
espoir pour lui-même depuis longtemps. Il sentit la main de son père s’agripper
à sa tunique et la pressa de la sienne.
    — Toi seul, Djalal al-Din, continua le shah. Ils te
suivront.
    L’effort qu’il faisait pour parler hâtait la fin et il lui
devint plus difficile encore de respirer.
    — Va dans le Sud et prêche la guerre sainte contre… le
khan. Appelle les fidèles au djihad. Tous, Djalal al-Din, tous.
    Il tenta de se redresser, n’y parvint pas. Djalal al-Din fit
signe à Tamar et, ensemble, ils aidèrent leur père à se mettre en position
assise. Le vieil homme vida totalement ses poumons et sa bouche s’amollit. Son
corps décharné tressauta sous leurs mains tandis qu’il luttait pour respirer. Il
rejeta la tête en arrière mais ne réussit toujours pas à inspirer. Les
tremblements de son corps se transformèrent en spasmes puis il se figea. Djalal
al-Din entendit un sifflement quand les intestins de son père se relâchèrent et
qu’il perdit le contrôle de sa vessie. Une urine âcre mouilla le sol sablonneux.
    Doucement, les deux frères l’allongèrent de nouveau. Djalal al-Din
desserra les doigts crispés sur sa tunique, les caressa. Tamar ferma les yeux
de leur père et ils attendirent encore, ne croyant pas vraiment qu’il avait
cessé de vivre. Sa poitrine ne se soulevait plus. Le monde était silencieux et
les étoiles brillaient dans le ciel. Djalal al-Din pensait absurdement qu’elles
n’auraient pas dû, que quelque chose de plus que le léger clapotis des vagues
aurait dû marquer la mort d’un grand homme.
    — C’est fini, dit Tamar d’une voix étranglée.
    À sa surprise et à sa grande honte, Djalal al-Din sentit un
poids tomber de ses épaules.
    — Ces brutes de Mongols finiront par venir ici, dit-il
en se tournant vers l’endroit où les guerriers de Gengis campaient. Ils
trouveront le… Ils trouveront notre père. Cela leur suffira peut-être.
    — Nous ne pouvons pas le laisser ici, répondit Tamar. J’ai
un briquet à amadou. Il y a assez de bois sec et

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