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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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de la vallée une étincelle qui pouvait mettre le feu au
monde. Le bruit se répandrait que les Mongols n’étaient pas invincibles et, que
cela lui plaise ou non, il devrait en informer Gengis.
    — Fais venir les pisteurs, ordonna-t-il d’un ton sec. Il
faut les retrouver.

 
35
    La neige tourbillonnait autour de Süböteï mais il aimait le
froid. Il était né sous ce climat et il convenait à l’engourdissement qu’il
éprouvait depuis qu’il avait accepté l’ordre du khan. Dans son visage tendu, le
givre né de son haleine recouvrait sa lèvre supérieure qu’il ne cessait
pourtant de frotter.
    Avec dix mille hommes derrière lui, il n’avait pas cherché à
cacher sa présence. Djötchi n’était pas un imbécile, il devait savoir
exactement où se trouvait le tuman. Süböteï se dit qu’il tomberait peut-être
sur un camp abandonné et qu’il serait contraint de pourchasser le fils de
Gengis à travers des terres gelées. Il avait ordonné qu’on porte haut ses
bannières d’un jaune éclatant, visibles à des lieues à la ronde. Djötchi
saurait qu’un tuman le cherchait mais aussi que Süböteï le commandait.
    Le général baissa la tête, enfouit le menton dans le deel qu’il
portait par-dessus son armure. Il serra les mâchoires pour empêcher ses dents
de claquer. Il semblait ne plus avoir la même résistance au froid qu’autrefois
et se demandait si c’était dû au changement brutal après une longue période
dans des terres chaudes. Il fallait du temps au corps pour s’habituer à de tels
extrêmes, même pour ceux qui avaient grandi dans la steppe glacée.
    Il avait ruminé les ordres du khan pendant toute la montée
vers le nord, escaladant des montagnes et traversant des vallées désertes, passant
dans l’obscurité près de villes endormies. Ce n’était pas une expédition de
conquête et ses hommes et lui avaient délaissé des proies plantureuses. Ils s’étaient
emparés de chèvres et de moutons partout où il y en avait mais n’y avaient été
poussés que par le bon sens et le besoin de viande fraîche. Il fallait nourrir
les dix mille hommes du tuman, quel que soit le terrain. Accoutumés au froid, les
chevaux semblaient se faire au changement plus vite que ceux qui les montaient
et ils grattaient la neige de leurs sabots pour paître chaque fois qu’on les
laissait se reposer.
    L’éclaireur qui avait retrouvé Djötchi la première fois
précédait Süböteï. Pendant trente-huit jours de dure chevauchée, il avait été
un compagnon presque silencieux. À présent sur le qui-vive, il tournait
constamment la tête. Ils avaient parcouru plus de quatre cents lieues depuis qu’ils
avaient quitté Gengis et avaient fait usage des chevaux de rechange. Enfin ils
approchaient du but et aucun d’eux ne savait comment ils seraient accueillis. Le
premier signe de vie de Djötchi pouvait être un village désert ou le
bourdonnement de flèches jaillissant de la blancheur. Ils continuaient
cependant à avancer et leur général se tourmentait, forgeant et rejetant dix
plans différents chaque jour. Il se torturait aussi en imaginant ses
retrouvailles avec le jeune homme qu’il avait accueilli dans son tuman et formé
pendant trois ans, dont une grande partie dans des terres presque aussi
septentrionales. Ce souvenir demeurait vivace et il se surprit à espérer revoir
Djötchi comme un père espère revoir son fils. Il imaginait l’une après l’autre
des conversations possibles, mais aucune ne lui apportait la paix.
    Lorsque ses éclaireurs lui amenèrent un inconnu, ce fut
presque un soulagement pour Süböteï d’approcher de la fin de son voyage, même s’il
avait l’estomac serré. Il n’était pas prêt pour ce qui allait suivre, malgré
une longue attente.
    Bien que l’homme portât une armure et un deel mongol
par-dessus, Süböteï ne le connaissait pas. Il émanait de lui une certaine
autorité quand il s’avança sur son cheval, flanqué des éclaireurs, et il n’inclina
pas la tête. Ce doit être un officier de minghaan, pensa Süböteï pendant qu’on
désarmait l’inconnu avant de le laisser approcher. Le tuman avait fait halte. Le
vent aveuglant avait redoublé et hurlait à travers la plaine en soulevant de la
poussière de neige autour des jambes des chevaux.
    — Général Süböteï, dit l’homme en guise de salut. Nous
avons vu tes bannières.
    Süböteï ne répondit pas et attendit de voir quel jeu Djötchi
avait décidé de

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