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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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aux yourtes. Il avait des épaules plus
musclées que dans le souvenir de Süböteï, peut-être à cause du labeur qu’avait
dû exiger la construction de ce village. Süböteï avait le cœur battant du
plaisir de revoir Djötchi, en dépit des circonstances. Il s’apprêtait à mettre
sa monture au trot quand l’officier de minghaan lui prit les rênes. Süböteï
descendit de cheval sans quitter Djötchi des yeux.
    Le général garda une expression impassible tandis que deux
guerriers le fouillaient. Ils le firent avec soin, examinant la doublure de son
deel, prélevant de son armure tout ce qu’elle avait de tranchant, même s’ils
devaient le faire avec un couteau. Il subit ce traitement sans les regarder. L’un
d’eux arracha brutalement une plaque de métal et Süböteï posa les yeux sur lui.
L’homme rougit en finissant sa besogne. Lorsque la fouille fut terminée, il y
avait sur le sol couvert de neige un tas d’écaillés en fer surmonté de son
sabre et de deux dagues. La toile épaisse de la tunique qu’il portait sous son
armure apparaissait à de nombreux endroits et il se sentait atteint dans sa
dignité. Alors seulement Djötchi s’avança, ses hommes demeurant à proximité, la
main sur le sabre, prêts à trancher la tête du général.
    — Tu n’aurais pas dû venir, dit Djötchi.
    Il avait les yeux brillants et, un instant, Süböteï crut y
déceler une lueur d’affection, bien vite éteinte.
    — Tu savais que je viendrais. Et tu abandonneras ce
village après mon départ.
    Djötchi regarda autour de lui.
    — J’ai pensé que cela en valait la peine. Mes hommes, eux,
auraient préféré te tuer dans le bois.
    Il haussa les épaules, poursuivit :
    — J’ai repéré d’autres campements possibles, loin d’ici.
Nous reconstruirons.
    Son visage se durcit.
    — Mais ta venue me coûte déjà beaucoup, Süböteï.
    Conscient qu’un seul mouvement brusque mettrait fin à sa vie,
Süböteï demeurait immobile. Il était sûr qu’en plus des guerriers qui l’entouraient
des archers le prenaient pour cible en cet instant.
    — Alors, que ce ne soit pas pour rien, répondit-il. Accueille-moi
dans ton camp et nous parlerons.
    Djötchi hésita. Celui qui se tenait devant lui était son
plus vieil ami, un homme qu’il respectait plus que tout autre. Il ne pouvait
cependant s’empêcher de sentir sa présence comme une menace. Il était incapable
de rivaliser d’intelligence avec Süböteï et avait peine à chasser la peur qui
montait en lui.
    — Je suis content de te revoir, dit Süböteï avec
douceur.
    — Moi aussi, vieil ami. Sois le bienvenu dans mon camp.
Viens partager avec moi le thé et le sel. Je te laisse vivre pour le moment.
    D’un geste, le fils du khan congédia ses guerriers et Süböteï
monta les deux marches en bois qui séparaient la cabane du sol boueux. Djötchi
s’écarta pour le laisser passer et il pénétra dans la petite pièce.
    Avant que Djötchi referme la porte, Süböteï entrevit des
hommes armés qui prenaient position dehors. Le message était clair et il tenta
de se détendre. Une bouilloire se mit à siffler sur le poêle ; Djötchi
servit un thé léger, y ajouta du lait et une pincée de sel prise dans un sac
accroché à la porte. Il n’y avait dans la cabane qu’un seul lit bas et Süböteï
s’assit sur un tabouret, but lentement le breuvage qui desserra l’étreinte du
froid sur sa poitrine. Djötchi semblait nerveux, ses mains tremblaient autour
de son bol.
    — Ma mère va bien ? demanda-t-il.
    — Elle s’épanouit dans les terres chaudes, contrairement
à la plupart d’entre nous. Tes frères deviennent plus forts chaque jour. Ögödei
a maintenant son tuman et Tolui aussi, même si le sien n’est composé que de
jeunes garçons. Je n’aimerais pas les voir sur un champ de bataille. Quant à
ton père…
    — Je me moque de savoir comment il va, le coupa Djötchi.
Il t’a envoyé me tuer ?
    Süböteï grimaça comme si le thé lui avait brûlé les lèvres. Il
reposa le bol à demi plein. Il avait maintes fois répété cette conversation
dans sa tête, mais rien n’aurait pu le préparer au sentiment de désolation qui
l’avait saisi en revoyant Djötchi. Il aurait donné n’importe quoi pour être
ailleurs, parcourant d’autres terres pour le khan.
    — Gengis m’a confié une mission dont je ne voulais pas.
    — Pourtant tu es là, chien fidèle, rétorqua Djötchi. Qu’est-ce
qu’il attend de

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