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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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il avait peine à cacher sa fierté du combat sur la colline. Son attaque
par le flanc avait fracassé les lignes ennemies, mais Djebe n’en avait pas fait
mention.
    — Alors, quand il fera sombre, nous devrons galoper à
toute allure pendant un moment pour creuser un écart qu’ils ne pourront pas
combler facilement.
    Djebe fit la grimace à l’idée de chevaucher à bride abattue
sur un terrain inconnu. Leur plus grande crainte à tous deux, c’était que l’ennemi
savait peut-être, lui, que la vallée se terminait abruptement en cul-de-sac et
que les tumans se ruaient vers leur fin. Djötchi plissait les yeux pour mieux
voir devant lui mais la montagne semblait se prolonger indéfiniment de part et
d’autre de la vallée. Le pincement de la faim le tira de ses pensées et il
plongea la main dans une poche pour y prendre un morceau de mouton séché. Dans
les dernières lueurs du jour, il inspecta avec méfiance le tortillon de viande
noire, en détacha une bouchée avec les dents et commença à mâcher avant de
tendre le reste à Djebe. Celui-ci accepta l’offre en silence. Ils n’avaient rien
mangé depuis le matin et mouraient de faim.
    — Quand mon père a combattu les Xixia, dit Djötchi en
mastiquant, leur roi avait semé sur le sol des clous tordus ensemble pour faire
échouer nos charges.
    — Ils nous seraient utiles maintenant, répondit Djebe. Si
nous avions demandé à chaque homme d’en emporter une poignée, nous pourrions
maintenant forcer les Khwarezmiens à galoper sur une piste hérissée de pointes.
    — La prochaine fois, dit Djötchi. S’il y en a une.
    Au crépuscule, la faible lumière grise éclairant la vallée
fit progressivement place à l’obscurité. Ils disposaient d’un peu de temps
avant que la nouvelle lune se lève, avec son croissant blanc inversé. Djötchi
et Djebe donnèrent des ordres à peine audibles par-dessus le grondement des
sabots et l’allure augmenta lentement. Les deux chefs comptaient sur la
robustesse des chevaux mongols élevés dans la steppe, avec lesquels les
éclaireurs couvraient jusqu’à quarante lieues en une journée. Tels les hommes
qui les montaient, ces bêtes étaient dures comme du vieux cuir.
    Derrière eux, les deux généraux entendirent les cavaliers du
shah passer à un galop plus rapide, mais les Mongols avaient déjà creusé l’écart.
Djötchi donna l’ordre aux guerriers de l’arrière-garde de décocher chacun trois
flèches dans le noir, décision récompensée par des cris et des bruits de chute
qui se répercutèrent dans les collines. Une fois de plus, ils distancèrent
leurs poursuivants et les deux généraux firent redescendre l’allure au petit
galop. Les chevaux mongols avaient déjà chargé dans la journée, beaucoup
étaient fatigués et souffraient de la privation d’eau, mais il était impossible
de les laisser se reposer.
    — As-tu vu les bannières de l’armée du shah ? demanda
Djötchi.
    Djebe acquiesça en se rappelant la nuée de croissants
flottant au-dessus des rangs du Khwarezm. La nouvelle lune avait une
signification particulière pour l’ennemi, peut-être parce qu’elle marquait le
début et la fin de leur mois sacré. Il espérait que ce n’était pas un signe de
chance pour ceux qui galopaient derrière lui.
    Le croissant jetait une lueur argentée sur les troupes qui
filaient dans la vallée. Quelques-uns des guerriers mongols la mirent à profit
pour se servir de leur arc jusqu’à ce que Djötchi donne l’ordre d’épargner les
flèches. Il était difficile de tuer dans l’obscurité un homme muni d’un
bouclier et ils auraient besoin plus tard de chaque flèche.
     
     
    Khalifa chevauchait dans un silence rageur à la tête de ses
hommes. Il n’avait jamais rien connu de tel que cette poursuite au clair de
lune et ne pouvait s’empêcher d’être tourmenté par l’idée qu’il privait le shah
de son aile de cavalerie dans un territoire qui s’était révélé hostile. Il
avait déjà pourchassé des troupes en fuite, mais cela n’avait été qu’une brève
poursuite après que l’ennemi s’était effondré et alors qu’un guerrier pouvait
joyeusement abattre son sabre sur les cous des fuyards ou leur décocher des
flèches jusqu’à ce que son carquois soit vide. Il se rappelait avec tendresse
ces moments faisant suite à des batailles pendant lesquelles il avait frôlé la
mort.
    Là, c’était différent et il ne comprenait pas les généraux
mongols.

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