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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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qui en avait foulé la terre quelques jours plus tôt. La colonne mongole
se resserra pour emprunter la partie dure en rangs de cinquante hommes au
moment où elle quittait les montagnes dans un tourbillon de poussière. Le
soleil atteignit son point culminant et, dans chaque camp, la chaleur fit
tomber hommes et bêtes, disparaissant dans le fracas des sabots. Les Mongols
transpiraient et n’avaient ni eau ni sel pour préserver leurs forces. Djebe et Djötchi
lançaient de plus en plus souvent derrière eux des regards désespérés.
    Les chevaux du Khwarezm étaient meilleurs que tous ceux qu’ils
avaient jusqu’ici affrontés au combat, bien meilleurs en tout cas que les
montures jin ou russes. Pourtant, sous l’effet de la chaleur qui minait leurs
forces, les poursuivants commencèrent à perdre du terrain et Djebe ordonna de
réduire l’allure : il ne voulait pas les perdre ni leur laisser le temps
de faire halte et de se regrouper. Les tumans avaient sans doute entraîné les
cavaliers du shah dans une course de plus de soixante lieues, ce qui approchait
des limites des éclaireurs mongols les plus endurcis. Les chevaux étaient
couverts de bandes de salive blanchâtre, la robe assombrie par la sueur, la
chair à vif là où la selle avait limé de vieux durillons.
    Après de longues heures dans l’après-midi étouffant, ils
parvinrent à un fortin dont les soldats, du haut des murailles, braillèrent des
défis sur leur passage. Les Mongols ne répondirent pas. Chacun d’eux, perdu
dans son monde, résistait aux faiblesses du corps.
    Djötchi souffrit d’autant plus aux heures les plus chaudes
que la chevauchée avait rouvert une de ses plaies à la cuisse droite. Elle
devint insensible quand le soir tomba et ce fut un soulagement bienvenu. Son
bras gauche n’avait quasiment plus la force de tenir les rênes et la douleur le
brûlait comme un fer rouge. Les hommes ne parlaient plus dans les rangs. Comme
on le leur avait appris, ils gardaient la bouche close afin de contenir l’humidité
de leur corps alors que leur endurance approchait de ses limites. Djötchi se
tournait de temps en temps vers Djebe et attendait que celui-ci décide le
moment venu de mettre fin à la cavalcade. Raide sur sa selle, Djebe ne quittait
pas l’horizon des yeux, comme si, pensa Djötchi, il était prêt à chevaucher
jusqu’au bout du monde.
    — Il est temps ! finit par lui crier Djötchi.
    L’autre général sortit de son hébétude, marmonna des paroles
incohérentes et cracha, avec si peu de force que sa salive retomba sur sa
poitrine.
    — Mes guerriers jin prennent du retard, continua le
fils du khan. Nous pourrions les perdre. Ceux qui nous suivent laissent croître
la distance.
    Djebe se retourna sur sa selle, grimaça quand ses muscles protestèrent.
Les Khwarezmiens étaient à plus de quinze cents pas derrière. Voyant les
chevaux de tête trébucher et boiter, il eut un sourire las qui lui étira les
lèvres.
    — À ce rythme, quinze cents pas ne prennent que quatre
cents battements de cœur, dit-il.
    Djötchi acquiesça. Ils avaient passé une partie de l’aube à
estimer leur vitesse à l’aide de repères au moment où ils passaient devant puis
à noter le moment où les rangs ennemis y parvenaient. Les deux hommes
trouvaient cela facile et s’amusaient à calculer distance et vitesse pour tuer
le temps.
    — Alors, presse l’allure, répondit Djötchi.
    Il mit sa monture au petit galop et les tumans l’imitèrent. Derrière,
l’ennemi avançait avec une lenteur exaspérante tandis que les deux généraux
comptaient à voix haute. Lorsque les premiers cavaliers du shah passèrent
devant un rocher rosâtre, six cents battements de cœur après le dernier Mongol,
les deux généraux se regardèrent et hochèrent gravement la tête. Ils avaient
couvert autant de lieues et même plus qu’aucun éclaireur n’en avait jamais
parcouru en une journée. Les hommes étaient exténués et perclus de douleurs, mais
le moment était venu. Djötchi et Djebe donnèrent des ordres pour que les
guerriers se tiennent prêts. Bien qu’au bord de l’épuisement, ces hommes
avaient dans leurs yeux rougis une lueur dont leurs chefs étaient fiers.
    Djötchi envoya ses instructions aux officiers de ses minghaans
jin, qui composaient les lignes arrière, et l’un de ces hommes remonta les
rangs pour lui parler.
    Le Jin était couvert d’une couche de poussière épaisse comme
de la peinture, avec des

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