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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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camp.
    — Et si nous sommes attaqués ? demanda Chakahai.
    — Combien de fois m’a-t-on posé cette question depuis
que l’ordre a été donné ! s’exclama Börte avec irritation.
    Décelant de la peur dans les yeux de l’autre épouse, elle
radoucit le ton. La princesse xixia avait été offerte au khan par son père
vaincu. Elle avait connu en son temps la défaite, et la terreur qui l’accompagne.
    — Tu crois que nous serons sans défense, sœur ?
    Chakahai regardait elle aussi les rangs en train de se former
mais l’appellation amicale de « sœur » la fit se tourner de nouveau
vers la première épouse.
    — Ne le sommes-nous pas ? Que peuvent des femmes
et des enfants contre des soldats ?
    — Tu n’as pas été élevée dans les tribus, soupira Börte.
Si nous sommes attaqués, les femmes prendront des couteaux et se battront. Les
guerriers estropiés monteront à cheval comme ils pourront et attaqueront. Les
jeunes garçons se serviront de leur arc. Nous avons assez de chevaux et d’armes
pour résister.
    Chakahai la fixait en silence, le cœur battant. Comment son
mari pouvait-il l’abandonner ainsi ? Elle savait pourquoi Börte tenait ce
discours : les familles seraient partagées entre le sentiment de sécurité
que donnait leur nombre et le fait que le camp lui-même attirerait le danger. Laissées
seules pour protéger leurs enfants, beaucoup de femmes songeraient à fuir
pendant la nuit pour se réfugier dans les collines. Pour la mère de jeunes
enfants, la tentation était forte, mais Chakahai refusa d’y succomber. Comme Börte,
elle était l’épouse du khan et les autres femmes suivaient leur exemple. Elles
ne pouvaient pas fuir.
    Börte semblait attendre sa réaction et Chakahai réfléchit
avant de répondre. Les enfants seraient effrayés en voyant les derniers
guerriers partir. Elles devraient leur montrer un visage confiant, même si ce n’était
qu’une façade.
    — Est-ce trop tard pour que j’apprenne à tirer à l’arc,
sœur ?
    Börte sourit.
    — Avec ces étroites épaules osseuses ? Oui, c’est
trop tard. Mais trouve-toi un bon couteau.
    Chakahai hocha la tête malgré l’incertitude qui la gagnait.
    — Je n’ai jamais tué personne, Börte.
    — Tu n’en auras peut-être pas l’occasion. Le couteau te
servira à couper de la paille pour fabriquer des mannequins qu’on mettra sur
les chevaux de réserve. De loin, l’ennemi ne s’apercevra pas que les hommes
sont partis.
    Les deux femmes échangèrent un long regard avant que chacune
détourne la tête, satisfaite. Il ne pouvait y avoir de véritable amitié entre
elles mais aucune n’avait trouvé de faiblesse dans l’autre et cela les
rassurait toutes deux.
     
     
    Au moment où le soleil était au plus haut, Khasar se
retourna pour regarder le camp qu’il avait reçu l’ordre d’abandonner. Il
ressemblait à une fourmilière, avec les femmes et les enfants qui couraient
entre les yourtes. Même sans les tumans, il rassemblait plus de cent mille
personnes près d’une petite rivière. Tout autour, les troupeaux paissaient
paisiblement. Tout ce que les Mongols avaient pillé chez les Jin était là :
du jade, de l’or, des armes anciennes, la collection de manuscrits et de livres
de Temüge et Kökötchu. Khasar se mordit la lèvre à l’idée que les soldats du
shah trouveraient un tel butin sans défense. Un millier de guerriers invalides
resteraient au camp mais il ne pouvait espérer que des hommes ayant perdu un
bras ou une jambe puissent arrêter un ennemi déterminé. Si l’armée du shah
attaquait le camp, les yourtes brûleraient. Son frère lui avait donné un ordre,
cependant, et il ne désobéirait pas. Il avait trois femmes et onze jeunes
enfants perdus quelque part dans cette fourmilière, et il regrettait de ne pas
avoir pris le temps de leur parler avant de rassembler ses hommes.
    Son second, Samuka, attendait, visiblement partagé entre la
fierté de sa récente promotion à la tête d’un tuman et la honte d’abandonner le
camp. D’un claquement de langue, Khasar attira son attention puis leva le bras
et le laissa retomber. Les guerriers talonnèrent leur monture, laissant
derrière eux tout ce à quoi ils tenaient.
     
     
    Djötchi et Djebe chevauchaient ensemble à la tête des tumans.
Le fils du khan était d’humeur légère tandis qu’ils traversaient les vallées
pour retourner vers l’ouest. Il avait perdu près de mille hommes, une

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