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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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le releva brutalement.
    — Si jamais cela se reproduit, je ferai d’Ögödei mon
héritier. C’est compris ?
    Les deux frères hochèrent la tête et Gengis fixa Djötchi, furieux
qu’il ait cru que la remarque le concernait aussi. Le khan allait de nouveau
exploser de colère, mais Kachium choisit ce moment pour ordonner aux guerriers
de former les rangs pour marcher sur Otrar et Gengis lâcha Djaghataï.
    À l’intention de tous ceux qui assistaient à la scène et la
raconteraient des milliers de fois, Kachium se força à sourire tandis que les
deux frères, après avoir ôté leur armure, s’élançaient sous le soleil brûlant.
    — Si je me souviens bien, tu as gagné une course de ce
genre quand nous étions enfants, dit-il à son frère.
    Gengis secoua la tête avec agacement.
    — Peu importe, c’était il y a longtemps. Demande à
Khasar de ramener les familles à Otrar. J’ai des comptes à régler, là-bas.
     
     
    Le shah Mohammed serra la bride à son cheval quand il
aperçut les minces colonnes de fumée montant des feux du camp mongol. Il avait
chevauché vers l’est, couvrant plusieurs lieues depuis les premières lueurs
grises de l’aube. Tandis que le soleil dispersait la brume matinale, il
contempla les tentes crasseuses des familles mongoles. Un instant, l’envie de
fondre sur ces femmes et ces enfants le submergea. S’il avait su que le khan
les avait laissés là, il aurait envoyé vingt mille hommes les exterminer. Son
regard s’attarda sur les guerriers mongols dont les chevaux cherchaient
paisiblement de l’herbe sur le sol poussiéreux à l’orée du camp. Pour une fois,
leurs maudits éclaireurs n’avaient pas sonné l’alarme.
    Avec un grognement de mépris, le shah fit repartir sa
monture. Ils se reproduisaient comme des poux, ces barbares, et il n’avait que
sa précieuse garde de quatre cents hommes pour le conduire en lieu sûr.
    Un de ses cavaliers cria quelque chose et Mohammed tourna la
tête. La dispersion des derniers lambeaux de brume révéla ce qui était resté
caché et le shah sourit tout à coup. Les guerriers n’étaient que des mannequins
de paille attachés sur les chevaux. Il inspecta de nouveau le camp, n’y vit aucun
homme armé. Autour de lui, la nouvelle se répandait, les nobles fils
dégainaient déjà leur sabre en riant. Ils avaient tous pris part à des
expéditions de représailles contre des villages tardant à payer l’impôt. C’était
l’occasion de s’amuser et ils avaient en plus une forte envie de se venger.
    Djalal al-Din ne partageait pas l’humeur joyeuse de ses
compagnons quand il s’approcha de son père.
    — Tu es prêt à perdre une demi-journée alors que nos
ennemis sont encore si proches ?
    En réponse, le shah tira un cimeterre de son fourreau et
jeta un coup d’œil au soleil.
    — Il faut faire payer au khan le prix de son arrogance,
Djalal al-Din. Tue les enfants et brûle les tentes.

 
18
    Lentement, comme si elle accomplissait un rituel, Chakahai
entoura sa main d’une longue bande de soie, l’attacha à la poignée d’une dague.
Börte l’avait mise en garde : sous l’impact, les doigts d’une femme
pouvaient lâcher l’arme. Ces gestes eurent presque pour effet de la calmer
tandis qu’elle regardait les cavaliers du shah approcher.
    Börte, Hoelun et elle avaient fait ce qu’elles avaient pu
pour préparer le camp. Elles avaient disposé de peu de temps et les pièges les
plus élaborés n’étaient pas encore tendus. Au moins, elles avaient des armes et
Chakahai murmura une prière des morts bouddhiste en finissant ce qu’elle avait
à faire. Elle avait caché ses enfants du mieux qu’elle pouvait dans la yourte. Ils
étaient tapis, silencieux, sous des piles de couvertures. Au prix d’un immense
effort, elle chassa de son esprit la peur qu’elle éprouvait pour eux afin de
pouvoir mieux réfléchir. Certains événements relevaient du destin, de ce que
les bouddhistes indiens appelaient le karma. Les femmes et les enfants seraient
peut-être tous massacrés, elle ne pouvait le savoir. Tout ce qu’elle désirait, c’était
la possibilité de tuer un homme pour la première fois, de remplir son devoir
envers son époux et ses enfants.
    Sa main droite enveloppée de soie trembla lorsqu’elle leva
la dague, mais sentir la poignée de l’arme dans sa paume la rendit plus forte. Gengis
la vengerait. À moins qu’il ne soit déjà mort. C’était cette pensée, surtout,

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