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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l’effrayait.
    Elle n’était pas là. Il consulta
sa montre. Deux heures et quart. « Après le déjeuner », avait-il
écrit. Ethel savait à quelle heure on servait le café et elle aurait dû l’attendre
ici. Il n’avait pas précisé le lieu de rendez-vous, mais cela allait sans dire.
    Il commença à s’inquiéter pour de
bon.
    Au bout de cinq minutes, il fut
tenté de s’en aller. Personne ne le faisait attendre ainsi. Toutefois, il ne
voulait pas laisser cette affaire en suspens un jour de plus, ni même une
heure. Il prit donc son mal en patience.
    Elle arriva à deux heures et
demie.
    « Qu’est-ce que tu cherches
au juste ?» demanda-t-il d’une voix coléreuse.
    Elle fit celle qui n’avait pas
entendu. « Qu’est-ce qui t’a pris de m’envoyer un avocat de Londres ?
    — Je voulais éviter tout
sentimentalisme.
    — Ne sois pas stupide. »
Fitz fut choqué. Personne ne lui avait parlé sur ce ton depuis l’école. « Je
vais avoir un enfant de toi. Tu crois qu’on peut éviter les sentiments ? »
    Elle avait raison, il avait été
maladroit. Ses paroles le touchaient au vif mais, en même temps, il ne pouvait
qu’écouter avec nostalgie la musique de son accent – chaque syllabe était
prononcée sur une autre note, toute la phrase sonnant comme une mélodie. « Je
te prie de m’excuser, dit-il. Je vais doubler le…
    — N’aggrave pas les choses,
Teddy, dit-elle d’un ton plus doux Ne marchande pas avec moi comme si ce n’était
qu’une question d’argent. »
    Il pointa sur elle un index
accusateur. « Je t’interdis de parler à ma femme, tu entends ? Je n’accepterai
pas cela !
    — Cesse de me donner des
ordres, Teddy. Je n’ai aucune raison de t’obéir.
    — Comment oses-tu me parler
ainsi ?
    — Tais-toi, écoute-moi. Je
vais te le dire. »
    Il était furieux d’être
apostrophé de cette manière, mais se rappela qu’il ne pouvait pas se permettre
de l’irriter. « Très bien, j’écoute.
    — Tu as été cruel avec moi. »
    C’était la vérité, il le savait,
et il eut un pincement au cœur. Il était profondément navré de l’avoir blessée.
Pourtant il s’efforça de ne pas le montrer.
    « Mais je t’aime encore trop
pour gâcher ton bonheur », reprit-elle.
    Il se sentit plus lamentable
encore.
    « Je ne veux pas te faire de
mal », dit-elle. Elle déglutit, se détourna, et il vit des larmes dans ses
yeux. Il s’apprêtait à lui répondre, quand elle leva la main pour l’en
empêcher. « Tu me demandes de quitter mon travail et ma maison. Tu dois m’aider
à commencer une nouvelle vie.
    — Bien sûr. Si c’est ce que
tu désires. » Aborder des sujets pratiques les aidait tous deux à tenir
leurs sentiments en bride.
    « Je vais aller à Londres.
    — Bonne idée. » Il ne
put s’empêcher d’être soulagé : personne à Aberowen ne saurait qu’elle
avait un bébé, ni qui en était le père.
    « Tu vas m’acheter une
petite maison. Rien de luxueux – un quartier ouvrier me conviendra
parfaitement. Mais je veux qu’elle ait six pièces, pour pouvoir loger au
rez-de-chaussée et louer l’étage. Le loyer paiera l’entretien et les
réparations. Je serai quand même obligée de travailler.
    — Tu as bien réfléchi à la
question.
    — Tu te demandes sûrement
combien cela va te coûter, mais tu n’oses pas m’interroger car un gentleman ne
se soucie pas du prix des choses. »
    C’était la vérité.
    « J’ai regardé dans les
journaux, reprit-elle. Une maison de ce genre vaut environ trois cents livres.
Cela te reviendra moins cher qu’une rente à vie de deux livres par mois. »
    Trois cents livres, c’était une
bagatelle pour Fitz. Bea dépensait davantage quand elle passait l’après-midi à
la Maison Paquin de Paris. « Mais tu me promets de garder le secret ?
demanda-t-il.
    — Et je te promets d’aimer
et d’élever ta fille – ou ton fils – pour en faire un être heureux, sain
et bien éduqué, bien que tu sembles ne pas te soucier de ces questions. »
    Il éprouva un élan d’indignation,
mais dut se rendre à l’évidence : pas une fois il n’avait pensé à l’enfant.
« Je suis navré, concéda-t-il. Je m’inquiète tellement pour Bea.
    — Je sais, dit-elle, adoucissant
la voix comme chaque fois qu’il laissait percer son angoisse.
    — Quand comptes-tu partir ?
    — Demain matin. Je suis
aussi pressée que toi. Je prendrai le train de Londres et me

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