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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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mettrai tout de
suite à la recherche d’une maison. Quand j’en aurai trouvé une qui me convient,
j’écrirai à Solman.
    — Tu vas devoir louer une
chambre en attendant. » Il sortit son portefeuille de la poche intérieure
de sa veste et lui tendit deux billets de cinq livres.
    Elle sourit. « Tu n’as
vraiment aucune idée du coût de la vie, n’est-ce pas, Teddy ? » Elle
lui rendit un des billets blancs. « Cinq livres, cela suffit amplement. »
    Il prit l’air offusqué. « Je
ne veux pas que tu m’accuses de t’avoir lésée. »
    Elle changea à nouveau de ton et
il perçut un peu de la rage qui l’habitait. « C’est pourtant ce que tu as
fait, Teddy, dit-elle avec amertume. Mais il ne s’agit pas d’argent.
    — Nous étions deux, se
défendit-il en jetant un coup d’œil vers le lit.
    — Mais un seul d’entre nous
portera le bébé.
    — Cessons de nous quereller.
Je dirai à Solman d’agir comme tu le suggères. »
    Elle lui tendit la main. « Adieu,
Teddy. Je sais que tu tiendras parole. » Sa voix était calme, mais il vit
qu’elle luttait pour garder contenance.
    Il lui serra la main, malgré l’étrangeté
de ce geste entre deux êtres qui avaient partagé des étreintes aussi
passionnées. « Je tiendrai parole, lui assura-t-il.
    — Pars vite, s’il te plaît »,
supplia-t-elle en détournant les yeux.
    Il hésita un instant encore puis
quitta la pièce.
    Comme il s’éloignait, il constata,
honteux et surpris, que des larmes bien peu viriles coulaient de ses yeux. « Adieu,
Ethel, murmura-t-il dans le couloir désert. Que Dieu te garde et te bénisse. »
    4.
    Elle monta au grenier, là où l’on
rangeait les bagages, et y vola une petite valise, vieille et cabossée. Elle ne
manquerait à personne. Elle avait appartenu au père de Fitz et le cuir était
frappé de ses armoiries : les dorures s’étaient effacées depuis longtemps,
mais on devinait encore le motif. Elle y rangea ses bas, ses sous-vêtements et
quelques pains du savon parfumé de la princesse.
    Couchée dans son lit cette
nuit-là, elle se rendit compte qu’elle n’avait aucune envie d’aller à Londres.
Trop terrifiée pour affronter cette épreuve toute seule, elle voulait retrouver
sa famille, interroger sa mère à propos de la grossesse. Au moment de la
naissance, un environnement familier serait préférable. Son enfant aurait
besoin de ses grands-parents et de son oncle Billy.
    Au matin, elle enfila ses
vêtements personnels, laissant sa robe d’intendante accrochée à la patère, et
sortit discrètement de Ty Gwyn à la première heure. Au bout de l’allée, elle se
retourna pour contempler la demeure, sa pierre noircie par la suie, ses longues
rangées de fenêtres renvoyant les rayons du soleil levant, et pensa à tout ce
qu’elle avait appris depuis qu’elle était arrivée ici, gamine de treize ans à
peine sortie de l’école. Elle savait désormais comment vivaient les grands de
ce monde. Ils se nourrissaient de mets étranges, préparés selon des recettes
complexes, et en gaspillaient l’essentiel. Ils parlaient tous avec le même
accent guindé, y compris certains étrangers. Elle avait manipulé les dessous
somptueux des femmes riches, en fine batiste et en soie délicate, cousus main,
brodés et liserés de dentelle, rangés par douzaines dans les commodes. Il lui
suffisait de regarder un meuble pour savoir de quel siècle il datait. Mais ce
qu’elle avait surtout appris, songea-t-elle avec amertume, c’était à se méfier
de l’amour.
    Elle descendit le coteau d’Aberowen
et se dirigea vers Wellington Row. La porte de la maison de ses parents était
ouverte, comme d’habitude. Elle entra. La salle principale, c’est-à-dire la
cuisine, était plus petite que la chambre des vases de Ty Gwyn, réservée à la
confection des bouquets.
    Mam pétrissait de la pâte à pain.
Dès qu’elle vit la valise, elle se figea : « Que s’est-il passé ?
    — Je rentre à la maison »,
dit Ethel. Elle posa son bagage et s’assit à table. Elle avait trop honte pour
avouer la vérité.
    Mam devina tout de suite. « Tu
t’es fait congédier ! »
    Ethel ne put affronter son
regard. « Oui, je te demande pardon, Mam. »
    Mam s’essuya les mains à un
torchon. « Qu’est-ce que tu as fait ? lança-t-elle avec colère.
Allez, parle ! »
    Ethel soupira. À quoi bon
tergiverser ? « J’attends un bébé.
    — Oh non ! Fille
indigne ! »
    Ethel

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