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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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laissa faire avant de retirer sa main en l’entendant
respirer bruyamment. « Ne t’excite pas trop, ils vont rentrer d’une minute
à l’autre. »
    Quelques instants plus tard, la
porte d’entrée s’ouvrait. « Oh, merde, dit-il.
    — Patience, chuchota-t-elle.
    — De la patience ? Je
pars demain pour la France.
    — On n’est pas encore
demain, si ? »
    Quand Ethel et Tommy entrèrent,
il se demandait encore ce qu’elle avait voulu dire.
    Ils dînèrent et finirent la
bière. Ethel leur raconta l’histoire de Jayne McCulley et comment Lady Maud
avait été expulsée du bureau de l’association dans les bras d’un policier. Elle
avait présenté les choses sur le ton de la comédie ; Billy n’en rayonnait
pas moins de fierté à l’idée d’avoir une sœur pareille, qui défendait les
droits des pauvres femmes. En plus, elle dirigeait un journal et était l’amie
de Lady Maud ! Lui aussi, décida-t-il, serait un jour l’avocat des
petites gens. C’était d’ailleurs cette qualité-là qu’il admirait chez son père.
Da était borné et têtu, mais il s’était battu toute sa vie pour la classe
ouvrière.
    La nuit était tombée et Ethel
déclara qu’il était temps de se coucher. Elle prépara des lits pour Billy et
Tommy dans la cuisine, à l’aide de coussins jetés à même le sol. Toutes les
lumières s’éteignirent.
    Étendu par terre, Billy tentait
de comprendre ce que Mildred avait insinué en disant : « On n’est pas
encore demain. » N’était-ce que la promesse d’un nouveau baiser au matin,
quand il partirait prendre son train pour Southampton ? Il avait pourtant
cru percevoir autre chose dans sa phrase. Se pouvait-il qu’elle veuille le
revoir ce soir ?
    L’idée d’aller la retrouver dans
sa chambre le grisait tant qu’il n’arrivait pas à dormir. Mildred serait en
chemise de nuit, son corps tiède attendant ses caresses sous les draps. Il
imaginait son visage sur l’oreiller et enviait la taie sur laquelle sa joue était
posée.
    Quand il lui sembla que Tommy
respirait régulièrement, Billy se glissa hors du lit.
    « Où vas-tu ? demanda
Tommy, qui ne dormait pas aussi profondément que Billy l’avait cru.
    — Aux toilettes, répondit
celui-ci à mi-voix. Avec toute cette bière… »
    Tommy grogna et se retourna.
    Billy grimpa l’escalier en
sous-vêtements. Trois portes donnaient sur le palier. Il hésita. Et s’il avait
mal interprété les pensées de Mildred ? Si elle criait en le voyant ?
Quel embarras !
    Non, pensa-t-il, ce n’est pas le
genre de fille à hurler.
    Il ouvrit la première porte. À la
faible lueur venant de la rue, il distingua un lit étroit et les têtes blondes
de deux petites filles sur l’oreiller. En refermant la porte doucement, il se
fit l’effet d’un cambrioleur.
    Il essaya la porte suivante. Une
bougie était allumée dans cette chambre ; il lui fallut un moment pour s’habituer
à cette lumière vacillante. Il aperçut un lit plus grand, une tête sur l’oreiller.
Mildred ! Elle avait le visage tourné vers lui, mais il ne voyait pas si
elle avait les yeux ouverts. Il attendit une protestation. Rien ne vint.
    Il entra dans la chambre et
referma la porte.
    « Mildred ? »
chuchota-t-il en hésitant.
    Elle répondit d’une voix claire :
« Pas trop tôt ! Allez, hop ! Saute au lit, grouille ! »
    Il se glissa entre les draps et
la prit dans ses bras. Il s’attendait à la trouver en chemise de nuit et
constata avec stupeur et ravissement qu’elle était nue.
    Subitement, l’inquiétude le
saisit. « Je n’ai encore…
    — Je sais, dit-elle. Tu seras
mon premier puceau. »
    5.
    En juin 1916, le commandant
Fitzherbert fut affecté au 8 e  bataillon des chasseurs gallois
et nommé à la tête de la compagnie B, constituée de cent vingt-huit hommes et
de quatre lieutenants. Il n’avait jamais commandé d’hommes sous le feu, et était
secrètement dévoré d’inquiétude.
    Il était en France, mais son
bataillon n’était toujours pas arrivé d’Angleterre. C’étaient des recrues qui
venaient de finir leur entraînement et que l’on renforcerait par une poignée de
vétérans, lui avait expliqué son général de brigade. Il ne restait plus rien de
l’armée de métier envoyée en France en 1914 – plus de la moitié du
contingent était mort. Parmi ce qui constituait la nouvelle armée de Kitchener,
les hommes de Fitz étaient surnommés les « copains

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