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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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préférence en
pièces d’or de dix roubles, si vous pouvez vous les procurer.
    — Le kaiser n’acceptera
jamais.
    — Est-il nécessaire de l’en
informer ? Zimmermann pourrait prendre cette décision de son propre chef.
    — Il ne ferait jamais une
chose pareille.
    — En êtes-vous sûr ? »
    Otto regarda son fils sans parler
pendant un long moment. Il réfléchissait. « Je vais lui poser la question »,
dit-il enfin.
    4.
    Après trois jours de train, les
Russes quittèrent l’Allemagne. À Sassnitz, sur la côte, ils achetèrent des
billets pour traverser la Baltique jusqu’à la pointe sud de la Suède sur le
ferry Queen Victoria. Walter embarqua avec eux. La mer était agitée.
Tout le monde fut malade, à l’exception de Lénine, Radek et Zinoviev, qui
discutèrent âprement politique sur le pont sans se préoccuper du gros temps.
    Ils prirent un train de nuit pour
Stockholm, où le socialiste Borgmastare les reçut pour un petit déjeuner de
bienvenue. Walter réserva une chambre au Grand Hôtel, espérant y trouver une
lettre de Maud. Il n’y avait rien.
    Il était tellement déçu qu’il
aurait été prêt à se jeter dans les eaux glacées de la baie. C’était l’unique
chance qu’il avait eue de communiquer avec sa femme en presque trois ans et
elle lui avait échappé. Maud avait-elle seulement reçu sa lettre ?
    De sombres pensées l’assaillaient.
L’aimait-elle encore ? L’avait-elle oublié ? Et s’il y avait un autre
homme dans sa vie ? Il était complètement désemparé.
    Radek et les élégants socialistes
suédois traînèrent Lénine, plus ou moins contre son gré, au rayon des vêtements
pour homme du grand magasin PUB. Les chaussures de montagne ferrées que portait
le Russe disparurent. Il s’équipa d’un manteau à col de fourrure et d’un
chapeau neuf. Dans cette tenue au moins, déclara Radek, il ressemblait à un
homme capable de diriger son peuple.
    Le soir même, à la tombée de la
nuit, les Russes se rendirent à la gare pour prendre un nouveau train en
direction de la Finlande. C’était là que Walter les quittait, après les y avoir
accompagnés. Avant le départ de leur convoi, il eut un entretien en tête à tête
avec Lénine.
    Ils prirent place dans un
compartiment sous une ampoule électrique dont la lumière anémique se reflétait
sur le crâne chauve de Lénine. Walter était tendu. Il fallait trouver le ton
juste. Avec Lénine, il ne servait à rien de quémander ou de supplier, il en
était conscient. L’intimidation ne serait pas plus efficace. Seule la froide
logique pouvait convaincre cet homme.
    Walter avait préparé son
discours. « Le gouvernement allemand vous aide à rentrer chez eux,
commença-t-il. Vous vous doutez bien que ce n’est pas par bonté d’âme. »
    Lénine l’interrompit dans un
allemand parfait. « Vous pensez que ce sera néfaste à la Russie ! »
    Walter ne le contredit pas. « Vous
avez pourtant accepté notre aide.
    — Au nom de la révolution !
C’est le seul critère du bien et du mal.
    — Je m’attendais à cette
réponse. » Walter transportait une lourde valise. Il la posa sur le sol du
wagon avec un bruit sourd. « Vous avez dans le double fond de cette valise
cent mille roubles en pièces et en billets.
    — Comment ?»
Habituellement imperturbable, Lénine ne put cette fois dissimuler sa surprise. « Pour
quoi faire ?
    — C’est pour vous.
    — Un pot-de-vin ?
demanda Lénine, offusqué.
    — En aucun cas. Nous n’avons
pas besoin de vous acheter. Vos objectifs sont les mêmes que les nôtres. Vous
appelez au renversement du gouvernement provisoire et à la fin de la guerre.
    — Pour quoi, alors ?
    — Pour votre propagande.
Pour vous aider à faire passer votre message, qui est également celui que nous
défendons. La paix entre la Russie et l’Allemagne.
    — Afin que vous puissiez
gagner votre guerre impérialiste et capitaliste contre la France ?
    — Comme je vous l’ai dit,
nous ne vous aidons pas par bonté d’âme. Vous le savez bien d’ailleurs. Il s’agit
de politique réaliste, un point c’est tout. Pour le moment, vos intérêts
coïncident avec les nôtres. »
    Lénine affichait la même
expression que quand Radek avait insisté pour qu’il renouvelle sa garde-robe :
l’idée le rebutait, mais il devait admettre qu’elle se défendait.
    « Nous vous verserons le
même montant tous les mois, poursuivit Walter, tant que vous continuerez

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