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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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en supposant que la
contre-révolution soit vaincue, les modérés auraient beaucoup de mal à désarmer
la force qu’ils auraient contribué à constituer et à rétablir l’autorité du
gouvernement provisoire. S’ils s’en avisaient, ils tenteraient sans doute d’atténuer
ou de contrer les propositions de Grigori. Pour le moment, leur principal souci
était d’éviter un coup d’État militaire. Comme toujours, les bolcheviks étaient
les seuls à avoir une stratégie.
    Konstantin répondit : « Oui,
bien sûr, je vais dresser une liste. »
    Il ferait la part belle aux responsables
syndicaux bolcheviks, naturellement, mais c’étaient les plus efficaces de toute
manière.
    Grigori poursuivit : « Numéro
quatre : le syndicat des cheminots doit tout faire pour entraver l’avancée
de l’armée de Kornilov. » Les bolcheviks, qui s’étaient donné beaucoup de
mal pour s’imposer dans ce syndicat, disposaient désormais d’au moins un
sympathisant par hangar à locomotives. Et les syndicalistes bolcheviques se
portaient toujours volontaires pour être trésoriers, secrétaires, présidents. « Même
si certains soldats arrivent par la route, le gros des hommes et de l’approvisionnement
devra être acheminé par train. Les syndicats veilleront à les retarder et à les
dévier. Camarade Viktor, peut-on compter sur toi ? »
    Viktor, représentant des cheminots,
signifia son assentiment. « Je vais créer un comité ad hoc au sein
du syndicat pour ralentir l’avance des mutins.
    — Enfin, il faut inciter d’autres
villes à constituer des comités comme celui-ci, continua Grigori. La révolution
doit être défendue partout. Peut-être certains membres ici présents
pourraient-ils nous proposer des villes à contacter ? »
    La diversion était calculée et
tous se laissèrent prendre. Heureux d’avoir quelque chose à faire, les membres
lancèrent des noms de villes où il serait utile de constituer des comités de
lutte. Cela détournait leur attention des principales propositions de Grigori,
qui pouvaient ainsi être adoptées sans débat ; et cela évitait qu’ils
envisagent les conséquences à long terme de la décision d’armer les citoyens.
    Isaak et Gleb rédigèrent leurs
lettres et les firent signer par le président qui s’exécuta sans discussion.
Konstantin dressa sa liste de responsables syndicaux dans les usines et
commença à leur envoyer des messages. Viktor partit organiser la résistance des
chemins de fer.
    Le comité se mit à discuter de la
formulation de la lettre à adresser aux villes voisines. Grigori s’éclipsa. Il
avait obtenu ce qu’il voulait. La défense de Petrograd et de la révolution
était en marche. Et les bolcheviks avaient la haute main sur cette opération.
    Il fallait maintenant qu’il se
procure des informations solides sur la position de l’armée
contre-révolutionnaire. Des troupes en marche approchaient-elles vraiment des
faubourgs sud de la ville ? Le cas échéant, il faudrait agir vite, plus
vite que le comité de lutte n’en était capable.
    En quittant l’institut Smolni, il
franchit le pont pour rejoindre sa caserne toute proche. Les hommes se
préparaient déjà à combattre les mutins de Kornilov. Il prit une voiture blindée,
un chauffeur et trois soldats révolutionnaires de confiance et traversa la
ville en direction du sud.
    Ils sillonnèrent les faubourgs
dans la pénombre du jour d’automne finissant, à la recherche de l’armée d’invasion.
Au bout de deux heures de quête stérile, Grigori se dit que les rapports sur la
progression de Kornilov étaient certainement exagérés. Il risquait tout au plus
de tomber sur une escouade d’éclaireurs. Par précaution, il continua ses
recherches.
    Ils finirent par découvrir une
brigade d’infanterie cantonnée dans une école.
    Il envisagea de retourner à la
caserne et de revenir avec le 1 er  régiment de mitrailleurs pour
attaquer. Mais peut-être pourrait-il arriver à ses fins autrement. C’était
risqué, néanmoins en cas de succès, cela éviterait des effusions de sang.
    Il allait essayer de les
convaincre.
    Ils passèrent devant une
sentinelle apathique et pénétrèrent dans la cour de récréation. Grigori
descendit du véhicule. Par précaution, il déplia la baïonnette de son fusil et
la fixa en position d’attaque avant de glisser le fusil à son épaule. Il se
sentait vulnérable et s’efforça d’avoir l’air détendu.
    Plusieurs soldats

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