Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
d’ennuis, moi. »
    Mrs Minnie Ponti, une femme
blonde et mince qui ne mâchait pas ses mots, intervint : « T’as pas
de mari, t’as pas de maison, t’as nulle part où aller : qu’est-ce que tu
veux de plus comme ennuis ?
    — C’est vrai. Mais j’saurais
pas quoi dire. Est-ce qu’on met : “Cher roi”, ou bien : “Cher George V”,
ou bien quoi ? »
    Ethel dit : « Il faut
commencer par “Sire”. À force de travailler ici, je sais tout ça. Ne perdons
pas de temps. Accompagnez-moi à l’office.
    — Tu crois qu’on peut ?
    — C’est moi l’intendante,
maintenant, madame Dai. C’est moi qui dis si on peut ou non. »
    Les femmes lui emboîtèrent le pas
dans l’allée et contournèrent la maison pour se rendre aux cuisines. Elles s’assirent
à la table des domestiques et la cuisinière fit du thé. Ethel avait une réserve
de papier blanc dont elle se servait pour sa correspondance avec les
fournisseurs.
    “Sire”, dit-elle en écrivant. Et
ensuite ? »
    Mrs Dai Cheval suggéra :
“Pardonnez notre insolence d’écrire à Votre Majesté.”
    — Non, objecta Ethel
résolument, ne vous excusez pas.C’est notre roi, nous avons le droit de
lui adresser une requête. Écrivons : “Nous sommes les veuves auxquelles
Votre Majesté a rendu visite à Aberowen après l’explosion de la mine.”
    — Très bien », approuva
Mrs Ponti.
    Ethel poursuivit. “Nous avons été
très honorées de la visite de Votre Majesté et réconfortées par ses aimables
condoléances et par la gracieuse compassion de Sa Majesté la reine.”
    — Tu es douée, admira Mrs Dai.
Tu tiens ça de ton père.
    — Ne lui passe pas trop de
pommade quand même, protesta Mrs Ponti.
    — Entendu. Voyons. “Nous
nous adressons à Votre Majesté pour lui demander de l’aide. Parce que nos maris
sont morts, nous sommes expulsées de nos maisons.”
    — “Par Celtic Minerais”,
ajouta Mrs Ponti.
    — “Par Celtic Minerais.
Toute la mine s’est mise en grève pour nous défendre, mais maintenant, les
autres sont expulsés, eux aussi."
    — N’allonge pas trop la
sauce, conseilla Mrs Dai. Il risque d’être trop occupé pour tout lire.
    — C’est bon. Il n’y a qu’à
conclure par : “Est-ce le genre de choses que l’on peut permettre dans
votre royaume ?"
    — C’est un peu mou, objecta Mrs Ponti.
    — Non, non, c’est bien, dit Mrs Dai.
Ça fait appel à son sens du bien et du mal.
    — “Nous avons l’honneur d’être,
Sire, les plus humbles et les plus obéissantes servantes de Votre Majesté”,
conclut Ethel.
    — Il faut vraiment mettre ça ?
demanda Mrs Ponti. J’suis pas une servante, moi. Sans vouloir t’offenser,
Ethel.
    — C’est la formule normale.
Le Comte termine comme ça quand il écrit une lettre au Times.
    — Bon, eh bien alors, si tu
le dis, mets-le. »
    Ethel fit passer la lettre autour
de la table. « Ajoutez votre adresse à côté de votre signature.
    — Mon écriture est affreuse,
signe donc pour moi », dit Mrs Ponti.
    Ethel s’apprêtait à se récrier
quand elle songea que Mrs Ponti était peut-être illettrée. Elle écrivit
donc sans discuter :
    « Mrs Minnie Ponti, 19
Wellington Row. »
    Elle prit une enveloppe qu’elle
adressa à :
     
    Sa Majesté le roi
    Buckingham Palace
    Londres
     
    Elle la ferma et y colla un
timbre. « Et voilà », dit-elle. Les femmes l’applaudirent à tout
rompre.
    Elle posta la lettre le jour
même.
    Il n’y eut jamais de réponse.
    6.
    Le dernier samedi de mars fut une
journée bien grise au sud du pays de Galles. Des nuages bas masquaient le
sommet de la montagne et la bruine tombait interminablement sur Aberowen. Ethel
et la plupart des domestiques de Ty Gwyn quittèrent le château – le Comte et
la princesse étaient à Londres – pour se rendre en ville.
    Des renforts de police avaient
été envoyés de Londres pour faire appliquer les avis d’expulsion, et des
policiers étaient postés dans toutes les rues, leurs lourds imperméables
dégoulinants de pluie. La « grève des veuves » était devenue une
affaire nationale et des journalistes de Cardiff et de Londres étaient arrivés
par le premier train du matin. Ils fumaient des cigarettes et prenaient des
notes dans leurs carnets. Il y avait même un gros appareil photographique posé
sur un trépied.
    Devant chez elle avec sa famille,
Ethel regardait. Da n’était pas employé par Celtic Minerais mais par

Weitere Kostenlose Bücher