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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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train à
Buffalo. Une fois arrivés, on leur donnerait des emplois dans les hôtels et les
usines de Josef Vialov. Lev se demanda si Buffalo était loin de New York.
Combien de temps lui faudrait-il pour rejoindre la ville, un jour ou une
semaine ? Il regrettait de ne pas avoir écouté Grigori avec plus d’attention.
    Le soleil levant révéla des
kilomètres carrés de quais bondés et Lev sentit son enthousiasme revenir. Les
vieux gréements côtoyaient les navires à vapeur. Les entrepôts gigantesques se
mêlaient aux remises vétustés, les grandes tours de levage aux grues trapues,
les échelles aux cordages et aux diables. Au loin, Lev distinguait des files de
wagons chargés de charbon, qui se comptaient par centaines – non, par
milliers –, formant des convois qui s’étendaient à perte de vue. Il fut
quelque peu déçu de ne pas voir la célèbre statue de la Liberté et sa torche :
elle devait être dissimulée par un promontoire, en déduisit-il.
    Les dockers arrivèrent, par
petits groupes puis en foule. Des navires appareillèrent et d’autres
accostèrent. Une dizaine de femmes entreprirent de décharger des sacs de pommes
de terre d’un petit bateau amarré devant l’appentis. Lev se demanda quand
arriveraient les services d’immigration.
    Spiria s’approcha de lui.
Apparemment, il n’en voulait plus à Lev de l’avoir menacé. « Ils nous ont
oubliés, dit-il.
    — On le dirait bien, opina
Lev, intrigué.
    — Et si on allait faire un
tour, on trouvera peut-être quelqu’un qui parle russe ?
    — Bonne idée. »
    Spiria se tourna vers l’un des
immigrants les plus âgés. « Nous allons voir ce qui se passe. »
    L’autre avait l’air inquiet. « Peut-être
que nous devrions rester ici, comme on nous l’a dit. »
    Sans l’écouter, ils se dirigèrent
vers les femmes qui déchargeaient les pommes de terre. Les gratifiant de son
plus beau sourire, Lev leur demanda : « L’une de vous parle-t-elle le
russe ? » L’une des plus jeunes lui sourit, mais aucune ne lui
répondit. Lev fut déçu : ses trésors de séductionne luiservaientà rien face à des gens qui ne comprenaient pas ce qu’il leur disait.
    Lev et Spiria se dirigèrent vers
l’endroit d’où semblaient venir la plupart des ouvriers. Personne ne leur prêta
attention. Arrivés devant une série de portes, ils franchirent l’une d’elles et
se retrouvèrent dans une rue animée, pleine de bureaux et de boutiques. Il y
circulait quantité de voitures automobiles, de tramways électriques, de chevaux
et de charrettes. Lev tentait d’engager la conversation avec les passants, sans
aucun succès.
    Il était perplexe. Quel était ce
pays où l’on vous laissait descendre de navire et circuler en ville sans
autorisation ?
    Puis il aperçut un bâtiment qui l’intrigua.
On aurait dit un hôtel, sauf que deux hommes à l’allure miséreuse, coiffés d’une
casquette de marin, fumaient assis sur le perron. « Regarde ça, dit-il.
    — Et alors ?
    — Je pense que c’est une
mission pour marins, comme celle de Saint-Pétersbourg.
    — Nous ne sommes pas des
marins.
    — Mais on y trouvera
peut-être des gens qui parlent russe. »
    Ils entrèrent. Une femme aux
cheveux gris s’adressa à eux derrière son comptoir.
    « Nous ne parlons pas
américain », dit Lev dans sa langue.
    Elle lui répondit par ce mot :
« Russes ? »
    Lev acquiesça.
    Elle leur fit signe d’avancer et
Lev reprit espoir.
    Ils la suivirent jusqu’à un petit
bureau dont la fenêtre donnait sur la mer. Derrière une table était assis un
homme aux allures de Juif russe, sans que Lev sache d’où lui venait cette
impression. « Parlez-vous russe ? lui demanda-t-il.
    — Je suis russe, répondit l’homme.
Puis-je vous aider ? »
    Lev l’aurait embrassé. Au lieu de
quoi, il le regarda droit dans les yeux et le gratifia d’un sourire chaleureux.
« Quelqu’un devait nous attendre sur le quai et nous emmener à Buffalo,
mais nous n’avons vu personne, dit-il, s’efforçant d’adopter un ton affable
mais soucieux. Nous sommes environ trois cents… » Désireux de l’attendrir,
il précisa : « Y compris des femmes et des enfants. Pouvez-vous nous
aider à retrouver notre correspondant ?
    — Buffalo ? répéta l’homme.
Oùpensez-vous avoir débarqué ?
    — Mais à New York, bien sûr.
    — Vous êtes à Cardiff. »
    Lev n’avait jamais entendu parler
de Cardiff, mais au moins, le problème

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