Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
Vom Netzwerk:
incidents avec les autres enfants, surtout
     quand ceux-ci le traitaient de chouchou à Joséphine mais, dans l’ensemble, plus
     personne n’aurait pu le traiter d’émule du diable. Grâce à l’amour
     inconditionnel de Joséphine, François avait ouvert son cœur au monde. Il était
     capable, maintenant, de mettre ses petits bras autour du cou de Joséphine et de
     la faire rire en lui donnant le plus gros bec mouillé du monde ! Il pouvait
     croire qu’à l’avenir il pouvait être fin et gentil, lui aussi. Il commençait à
     rechercher des compagnons pour partager ses jeux et y trouvait du plaisir. Il
     ressentait le remords de s’être mal comporté et savaitmaintenant
     s’excuser et demander pardon. Tel Pinocchio, il avait été transformé en un vrai
     petit garçon par une bonne fée.
    — Joséphine est dans la lune ! Joséphine est dans la lune ! se moquèrent les
     enfants en sortant la jeune femme de ses pensées.
    Oui, depuis un an, elle était follement, merveilleusement heureuse ! Son fils
     l’aimait et même si elle ne pouvait se faire appeler maman, elle pouvait enfin
     agir comme telle, et en prime être celle de toute une ribambelle d’enfants ! Que
     demander de plus ?
    — Bon, si j’comprends ben, tout le monde est prêt pour l’histoire ?
    — OUI, OUI ! crièrent en chœur les enfants.
    — Aujourd’hui, Joséphine va vous raconter l’histoire d’un chevalier… Hum,
     comment qu’on pourrait ben l’appeler, ce chevalier…
    — François, François !
    — Ah ben non, mon poussin… On a déjà choisi ton nom hier. Y me semble que ce
     serait plus juste de lui en donner un autre.
    — S’il te plaît, Fifine, j’veux qu’y s’appelle encore comme moé !
    — Mais…
    — Dis oui, Fifine ! Je… j’passerai cent fois mon tour après ! s’exclama
     François, certain d’avoir trouvé là un argument de taille.
    — Bon, d’accord, céda Joséphine en riant de l’exagération enfantine.
    — Chouchou ! s’offusquèrent les enfants.
    — Mais ça va être la dernière fois pour un bon boutte de temps, l’avertit-elle.
     Bon, j’commence. Il était une fois, un chevalier qui s’appelait… François. T’es
     content, là ?
    — Oh oui ! fit-il en la remerciant d’un gros bisou sur la joue.
    — Donc, le chevalier François, y habitait dans un beau gros château, avec un
     roi et une princesse. Un beau château qu’on avait construit avec les plus belles
     pierres rondes du monde. Pis le château, y avait une grande tour de chaque côté.
     Le chevalier, y devait se battrecontre un esprit méchant qui se
     cachait sous la peau d’un gros loup noir qui venait tout le temps voler la
     nourriture du château. Un jour, le gros loup noir décida d’enlever la princesse
     pis de l’emmener sur l’étoile des loups pour la marier. Mais le chevalier
     François l’avait vu rôder près du château pis y avait reconnu les oreilles en
     forme de cornes de l’esprit-loup, ça fait qu’y avait décidé de le chasser.
     Alors, le chevalier François prit son courage à deux mains, pis y a mis sur son
     dos son armure. Parce que, comme tous les chevaliers, y avait une armure. Mais
     l’armure du chevalier François, a l’était pas comme les autres… a l’était
     magique !
    — Oh ! réagirent les enfants subjugués par le récit.
    — Oui, oui, magique ! renchérit la conteuse. À cause que, quand le chevalier la
     portait, rien pouvait le toucher. Le feu le brûlait pas, l’eau le mouillait pas.
     S’il recevait un coup de hache, ben c’est la hache qui cassait !
    Joséphine laissa planer un court silence avant de reprendre :
    — Y avait juste une place où l’armure, a l’était pas magique… pis a pouvait pas
     le protéger. J’gage que vous savez pas où ? Non ? Et ben c’était où les
     yeux.
    — Les yeux ? s’étonna le jeune auditoire.
    — Mais oui, les yeux ! Voyons, vous êtes ben durs de comprenure ! Eh que vous
     connaissez rien dans le ventre du bedeau ! C’est parce que si l’armure avait
     caché les yeux du chevalier François, y aurait pus rien vu ! Pis, un chevalier
     qui voit rien pantoute, ben, qu’y soit très fort ou pas, c’est pas bon à
     grand-chose !
    — Mademoiselle Mailloux ? l’interrompit la mère supérieure, en faisant
     subitement irruption dans la salle.
    Joséphine se releva prestement et repoussa François loin d’elle. Elle se
     sentait toujours nerveuse en

Weitere Kostenlose Bücher