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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Bishop’s Lynn, cheminait vers le nord en compagnie de sa suite et d’une longue file de chevaux de bât, chargés du trésor. Il traversait l’estuaire de la Nene lorsque, selon la chronique, chariots, bagages et bêtes de somme furent emportés par les eaux, ainsi que le trésor, l’argenterie et les objets précieux auxquels il tenait beaucoup.
    Warenne s’interrompit pour s’humecter les lèvres.
    — Selon le chroniqueur Florent de Worcester, dont mes clercs ont étudié les écrits, le sol s’ouvrit et d’épouvantables tourbillons engloutirent hommes, chevaux et tout le reste.
    — Ce qui s’est passé, renchérit Édouard, c’est que mon cher grand-père a tenté de traverser l’estuaire trop tard. Vous connaissez l’endroit ? Il y a eu une soudaine montée des eaux, d’énormes rouleaux ont surgi et emporté le train d’équipage.
    Édouard haussa les épaules.
    — Mon aïeul se rendit à l’abbaye de Swynesford pour se consoler avec du cidre doux et de mauvaises pêches, et puis à Newark, où il rendit l’âme, presque en odeur de sainteté.
    Corbett sourit dans sa barbe : le « cher grand-père », brebis galeuse des Plantagenêts, n’avait jamais approché, de près ou de loin, la sainteté, ni pendant sa vie ni à sa mort !
    — De quoi se composait le trésor ? demanda Corbett.
    — D’une fortune colossale, répondit lentement Édouard. De douzaines de gobelets, coupes et aiguières en argent et en or, de candélabres, de colliers et de ceintures ornées de pierres fines, des joyaux de la Couronne...
    Édouard poussa un long soupir.
    — Et, pire, des joyaux de la Couronne ayant appartenu à ma chère arrière-arrière-grand-mère Mathilde, alors impératrice d’Allemagne {26} : grande couronne rehaussée de pierres précieuses, robes pourpres, sceptres d’or et épée de Tristan.
    Édouard se frotta l’estomac en gémissant :
    — Une fortune, une sacrée fortune, engloutie à jamais dans la mer.
    — N’a-t-on pas tenté de la repêcher ?
    — Oh, vous imaginez la confusion qui a régné à la mort de mon aïeul. C’était chacun pour soi et le diable pour tous. Mon père {27} n’était qu’un enfant. Il avait assez de mal à assurer sa couronne, alors rechercher un trésor perdu !...
    — Et que vient faire Monck dans tout ça ?
    — Voyez-vous, répondit Warenne, ma famille s’est toujours blâmée pour ce désastre. C’était mon grand-père qui avait la responsabilité du train d’équipage, vous comprenez.
    Le comte lança un regard noir à Corbett, guettant le moindre sourire narquois : les Surrey n’avaient jamais brillé par leur sens de l’organisation, ni par d’autres qualités intellectuelles, d’ailleurs. Corbett s’abstint de tout commentaire.
    — Bon ! souffla Warenne. Donc le trésor est perdu. Le roi Jean meurt. Cette histoire tombe plus ou moins dans l’oubli, jusqu’à l’année dernière où un certain Walter Denuglis, éminent orfèvre londonien, achète à un usurier un plat ancien en or frappé aux armes du roi Jean.
    Warenne fit tourner son gobelet entre ses doigts.
    — Denuglis l’a apporté à l’Échiquier. Depuis, on a retrouvé deux autres plats, très semblables. Les clercs de l’Échiquier ont examiné les archives datant de l’époque du roi Jean, et, en effet, les trois plats proviennent bien du trésor.
    — Mais, l’interrompit Corbett, je croyais que tout avait disparu ? Est-il possible que ces objets aient resurgi dans un marécage, aient été ramassés par un colporteur et apportés à Londres pour y être revendus ?
    — Peu vraisemblable, objecta le roi. Un simple colporteur n’aurait pas effacé ses traces aussi habilement. Il y a plus grave, Corbett : une légende, au palais, veut que le désastre n’ait pas été le fruit du pur hasard. Même mon cher grand-père, qui, il est vrai, se montrait parfois aussi obtus qu’un âne bâté, n’aurait jamais essayé de traverser le Wash sans guides. Il loua donc les services d’un homme du coin, appelé, à en croire les archives, John Holcombe, qui connaissait bien l’estuaire. Le compte rendu affirme qu’il trouva la mort dans la tragédie. Mais, enchaîna Édouard, les lèvres pincées, selon la rumeur locale, il se serait échappé avec une partie des chevaux de bât.
    — Si cela est vrai, qu’est-il advenu de lui ?
    — Mystère ! répondit Warenne. Nos clercs ont passé au crible les rapports des cours locales et

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