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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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surcot et du linge propre. Tout en s’habillant, le magistrat raconta brièvement à ses serviteurs ce qu’il avait découvert la veille et narra son entrevue avec le souverain.
    La gaieté dansait dans les yeux de Ranulf.
    — Ce corbeau de Monck va en crever de dépit ! chantonna-t-il avant de tendre son baudrier à Corbett. Ainsi il y a bien un trésor ?
    — Oui, Ranulf, le trésor du roi. Et si nous le trouvons, il retournera à l’Échiquier jusqu’au dernier penny.
    « Pas si je peux l’empêcher ! » pensa Ranulf.
    — Il existe bien une loi, non ? protesta-t-il en quémandant du soutien auprès de Maltote.
    Le jeune courrier corrobora le fait en prenant un air de profonde sagesse, sans avoir la moindre idée de ce dont parlait Ranulf.
    — Quelle loi ? demanda Corbett d’une voix tranchante.
    — Celle qui permet à celui qui découvre un trésor d’en garder le quart. C’est ce qui est arrivé à ce vieux Leofric, vous savez : le diacre à moitié fou qui vit près de la Tour...
    Ranulf s’interrompit : des cris et un bruit de course résonnaient à l’étage inférieur.
    Un serviteur fit irruption dans la pièce après avoir tambouriné à l’huis.
    — Que se passe-t-il, mon garçon ?
    — Sir Hugh, venez vite ! Catchpole est de retour. Il ramène Messire Monck !
    — Comment cela ?
    — Messire Monck est mort. Un carreau d’arbalète en pleine poitrine !
    Corbett et ses deux compagnons se précipitèrent dans la cour. Gurney, Catchpole et des soldats se bousculaient près de l’entrée de la grange. Corbett joua des coudes. Monck gisait à la renverse sur de la paille, la tête rejetée en arrière. Ses paupières tombantes étaient mi-closes, le côté gauche de sa bouche maculée de sang séché et sa poitrine transpercée par un trait d’arbalète.
    Corbett s’agenouilla et scruta le visage d’une pâleur de cire.
    — Qu’est-il arrivé ?
    — Monck est parti tard dans l’après-midi d’hier, répondit Gurney. Il est passé voir le père Augustin à Hunstanton avant de poursuivre vers le couvent Sainte-Croix.
    — Hier soir, on l’a vu traverser le bourg ventre à terre, comme s’il avait le diable aux trousses, ajouta Catchpole.
    — Où l’avez-vous trouvé ?
    — Sur la lande, étalé dans l’herbe. Aucun signe de son cheval qui a disparu Dieu sait où.
    — Où exactement sur la lande ?
    — Sur les sartières. Et je m’empresse de vous signaler, Sir Hugh, qu’il n’y avait aucune autre marque de violence ou de lutte. Seulement le corps de Monck et les empreintes de sabots de sa monture. La bête a dû s’enfuir après la chute de son maître.
    Corbett observa le mire dont les paupières rougies, les traits tirés et le menton mal rasé attestaient d’une nuit blanche. Comme Gurney également, d’ailleurs. « M’avez-vous dit la vérité, Selditch ? pensa-t-il. Si oui, pourquoi n’avez-vous pas dormi ? Qu’est-ce qui vous a tenu éveillé toute la nuit ? »
    — Quelque chose vous inquiète ? s’étonna Selditch.
    Corbett se força à sourire.
    — J’aimerais connaître votre opinion. Si vous examiniez la dépouille ? suggéra-t-il en se relevant pour voir de plus près les bottes, les jambières et la cape du mort, souillées par la boue. Son baudrier, où est-il ?
    — Il était quasiment débouclé, répondit Catchpole, alors je l’ai enlevé et accroché au pommeau de ma selle.
    Corbett approuva l’initiative et regarda le visage du mort.
    — Que Dieu vous accorde le repos éternel, Lavinius ! murmura-t-il. Peut-être avez-vous trouvé la paix à présent !
    Il quitta le groupe pour vérifier l’état du baudrier accroché à la selle de Catchpole. Il était assez abîmé. Corbett fit glisser épée et poignard de leurs fourreaux. Aucune tache sur les lames. Il les rengaina.
    — Qu’y a-t-il, Messire ? chuchota Ranulf.
    Corbett se contenta de hocher la tête avant de se diriger vers le tonneau d’eau de pluie pour s’y laver les mains. Après s’être séché, il enjoignit à ses serviteurs de se taire et de le suivre dans la grand-salle. Des pages disposaient du pain, du fromage et du jambon fumé sur les tranchoirs, pour le petit déjeuner de la maisonnée. Corbett se glissa sur un banc, Ranulf près de lui.
    — Pourquoi vous intéressez-vous à ce baudrier, Messire ?
    — Monck connaissait l’art du combat ; il excellait autant à l’épée qu’au poignard, et il n’était pas né de la

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