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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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les marmites et la literie. Seuls quelques bris de poterie montraient qu’une communauté fort active avait vécu en ces lieux.
    Corbett examina les pièces à l’étage. Malgré leur aspect désolé, à présent, il constata de ses propres yeux que Maître Joseph et Nettler s’étaient octroyé les plus belles chambres : murs chaulés et – à en juger par les marques au sol – lits douillets, meubles et même tapis. On avait arraché les fenêtres aux panneaux de corne {31} ou de verre. Le toit n’avait pas été épargné non plus : certaines tuiles manquaient, aussi des flaques d’eau se formaient-elles déjà sur le sol. Corbett parcourut l’Ermitage, fouillant chaque recoin. La conscience du Mal qui avait régné là, mais également le silence figé de l’endroit et l’atroce sensation d’être observé ne firent qu’accroître son malaise.
    Il revint jeter un coup d’oeil sur son cheval et contempla le ciel qui s’assombrissait.
    — Où est donc Alan of the Marsh ? marmonna-t-il en caressant distraitement les naseaux de sa bête. Allons, réfléchis, Corbett ! s’admonesta-t-il. Ce félon a dû se réfugier ici pour échapper à l’aïeul de Sir Simon. Il a dû se chercher une cachette.
    Corbett embrassa la cour du regard et aperçut une petite construction de brique, basse de plafond, qu’on aurait dit plantée là de toute éternité. C’était une ancienne brasserie à l’odeur humide et âcre, parsemée de morceaux de bois et de poterie. Du bout de sa botte, il éparpilla les débris et sonda le sol : il était en pierre et non en terre battue. À grands coups de pied il déblaya l’endroit de ses amas de paille pourrie et poussa un soupir de soulagement : il avait trouvé une trappe. S’aidant du pommeau de son poignard, il en dégagea le verrou et souleva l’anneau de fer rouillé. Il prit le temps de se confectionner une torche rudimentaire qu’il alluma avant de descendre précautionneusement l’escalier de bois vermoulu. Il levait sa torche, loin de lui, et les flammes dansaient dans le léger courant d’air. Enfin il se retrouva dans une petite cave au sol de terre battue, guère plus grande qu’un puits. Sa torche éclaira quelques toiles d’araignées et il entendit les couinements des rats qui détalaient.
    — Pas de passage secret ! constata-t-il à mi-voix. Rien qu’une méchante cellule.
    Tout à coup il distingua, sur le mur, des gribouillis maladroits : un A, un M, et un croquis qui ressemblait à un crâne – deux yeux et un nez reliés par un triangle. Il examina soigneusement ce dessin, convaincu qu’il venait de découvrir la cachette d’Alan of the Marsh et que c’était le fugitif lui-même qui avait tracé ces inscriptions. Dans ce cas, les lettres et le triangle devaient avoir une signification secrète. Il lâcha la torche presque éteinte et commença à remonter les marches. Ses pensées l’absorbaient tellement qu’il ne leva les yeux qu’en respirant soudain un parfum de femme. Il vit le lourd morceau de bois s’abattre sur lui et hurla avant de s’effondrer sans connaissance dans l’escalier.
    Lorsqu’il revint à lui, il était transi et trempé. Le sang lui battait aux tempes. Il ne comprenait pas d’où venaient ces cris aigus qui lui vrillaient les tympans, ni pourquoi le froid et l’humidité envahissaient ses pieds et ses jambes. Il se traîna sur le sol. Si seulement ces cris pouvaient cesser !... Il se redressa en essayant de maîtriser sa nausée. Puis il ouvrit les yeux et fut cloué de stupéfaction : la mer houleuse grondait à ses pieds et des goélands tournoyaient au-dessus de lui, tels des anges. C’était à n’y rien comprendre ! Il referma les yeux et dodelina de la tête. La minute d’avant, il se trouvait dans une cave et voilà qu’il gisait à présent sur une plage déserte, battue par les vents. Les falaises se dressaient devant lui. Il apercevait même le gibet où avait été pendue la boulangère.
    Il devina qu’on l’avait assommé, mais que faisait-il sur cette grève ? Et pourquoi maintenant ? Une vague lui lécha la taille. Il regarda l’immensité grise et se rendit compte avec horreur de sa situation. La marée montait, non pas petit à petit, mais avec les énormes lames dont les gens de la côte redoutaient la traîtrise à juste titre. Les vagues, hautes et puissantes, fouettées par le vent, se lançaient à l’assaut du rivage avec une fureur que Corbett n’avait encore

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