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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rivé sur les poutres, et s’interrogea sur le bout de parchemin en forme de coeur que lui avait confié Culpeper à Bishop’s Lynn.

 
    CHAPITRE XI
    Corbett frissonna en entendant les rafales de pluie cingler impitoyablement la croisée. Ce matin-là, courbaturé, la tête lourde après une nuit blanche et rasé de près, il était descendu déjeuner dans la grand-salle. L’émotion suscitée par les événements de la veille et amplifiée par les rumeurs avait gagné tout le bourg. Gilbert était retourné à Hunstanton comme un héros revenant de guerre, et, à en croire Catchpole, les villageois avaient déjà mis l’Ermitage à sac. Les membres de la communauté, redoutant que les lourdes accusations portées contre leurs chefs ne rejaillissent sur eux, s’étaient immédiatement dispersés et enfuis. Blanche, escortée par deux gardes de Gurney, avait déjà repris le chemin de Bishop’s Lynn. Maltote s’était offert à l’accompagner, tout en grommelant à l’idée de chevaucher par un temps à ne pas mettre un chrétien dehors. La perspective de son inconfort eut plutôt l’heur d’amuser Ranulf, mais Corbett se chargea vite de faire disparaître le rictus narquois de son serviteur.
    — Ranulf, n’as-tu rien découvert sur Alan of the Marsh à l’Ermitage ?
    — Non, Messire.
    — Alors saute à cheval et longe la côte, non par la falaise, mais par la plage. C’est marée basse, je crois.
    — Que dois-je chercher ?
    — Tu le sauras quand tu le trouveras.
    Ranulf était sorti en trombe, jurant et vitupérant à mi-voix contre son « Maître Longue Figure ». Corbett se replongea dans ses pensées, puis décida d’aller questionner Maître Joseph dans son cachot. Le chef des pastoureaux savait parfaitement qu’il était en position de force.
    — Plus je garde de renseignements, mieux je peux marchander mon sort ! déclara-t-il en narguant le magistrat.
    Celui-ci dissimula son désespoir sous un sourire. Le misérable avait raison. Les officiers de l’Échiquier, comme ne l’ignorait pas Corbett, n’hésiteraient pas à engager toutes sortes de négociations et à consentir à de nombreuses concessions s’ils pensaient grossir ainsi le Trésor royal. Si l’amnistie de Maître Joseph s’avérait le prix à payer pour enrichir le souverain, ils le paieraient sans réserve.
    — Cela ne vous fait-il pas mal au coeur de savoir qu’un immense trésor est caché tout près d’ici ? railla le prisonnier.
    — Où est Alan of the Marsh ? demanda sèchement Corbett.
    — Je vous l’ai dit : fouillez l’Ermitage, s’il est encore debout.
    Corbett bondit.
    — Oh, Messire le gratte-papier !
    Un ricanement prolongé déforma le visage tuméfié de Maître Joseph.
    — Veuillez transmettre mon salut le plus respectueux à cette bonne vivante de prieure ! Oh, et puis...
    Corbett ne se retourna pas.
    — Je ne ferais confiance à personne si j’étais vous !
    Le magistrat referma violemment la porte et s’assura que le garde la verrouillait à double tour. Puis il tenta sa chance avec Philip Nettler, mais ce dernier s’avéra aussi peu loquace que son ancien chef.
    — Je ne parlerai, murmura-t-il, que lorsque j’aurai en main la grâce du roi, signée et scellée. D’ici là, allez au diable !
    Le clerc laissa les deux filous à leur sort et regagna sa chambre. Gurney était parti au village et le silence régnait au manoir. Il pleuvait moins fort. Il mit alors ses bottes et sa cape, sella son cheval et se rendit à l’Ermitage par la lande. Le bâtiment n’était plus qu’une ruine : on avait même enlevé le portail. Le clerc jeta un regard circulaire dans la cour. Le ciel bas et couvert, la grisaille de cette journée s’accordaient à son humeur. Il avait l’impression d’être suivi et ne pouvait se départir de cette sensation inquiétante, fruit d’une longue expérience. Seuls les craquements de sa selle et le doux hennissement de son cheval brisaient le silence. Il regarda par-dessus son épaule, mais la lande détrempée par la pluie était déserte. Il mit pied à terre, attacha son cheval et entreprit l’exploration des bâtiments. Toutes les pièces avaient été saccagées. Corbett avait vu semblables pillages lors de la guerre sur les Marches d’Ecosse. Légèrement cynique, il estimait à sa juste mesure le talent des paysans pour les mises à sac. Ici portes, gonds, tout ce qu’on pouvait emporter l’avait été, même les chiffons,

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