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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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des religieux,
des plus humbles moines aux pontes de la hiérarchie.
    Grâce à la science de mon conseiller, je leur
rappelai leurs devoirs en termes sévères. Le canon des Apôtres et les textes du
concile de Nicée, l’an 325, interdisaient de laisser les fidèles assister à une
messe sans avoir reçu la communion, et d’accepter que les femmes, de par
l’impureté de leur nature, s’agenouillent devant l’autel. Le travail devait
être proscrit le jour du Seigneur. Les religieux, à commencer par les évêques,
devaient renoncer à l’œuvre de chair et aux excès de la table…
    J’insistai sur un point qui m’était
sensible : la vénération des saints. Il n’était guère de village qui n’eût
le sien, la plupart du temps un simple ermite, souvent un charlatan prodigue de
faux miracles, qui vivaient aux dépens de populations crédules.
    Adrien s’irrita quelque peu de mon refus de
lui rendre visite, mais il m’adressa ses compliments pour mon travail et celui
d’Éginhard. Il allait, m’écrivit-il, répandre mon Admonition générale dans tous les sanctuaires et veiller à ce que ses articles fussent respectés.
Il ne manquerait pas d’être déçu ! Pour fidèles qu’ils fussent à leur foi,
ces gens étaient des hommes – et des femmes – objets de tentations diaboliques
et qui avaient souvent la faiblesse d’y céder.
    La Saxe pacifiée, semblait-il, à mon grand
soulagement, je m’intéressai à la Bavière d’où me venaient des rumeurs
inquiétantes.
    Je n’accordais pas plus de fiabilité au duc
Tassilon qu’aux rois lombards de jadis. Je l’avais fait passer sous le joug au
cours d’une assemblée, à Worms, mais j’avais nourri des doutes sur la sincérité
de sa soumission et n’avais pas eu tort : rongeant son frein dans ses
forteresses, il rêvait d’une revanche.
    Le vaste duché de Bavière, pays de forêts, de
hautes montagnes, de landes et de lacs, occupé par des peuplades paisibles
d’éleveurs, s’étendait du Danube aux Alpes du Haut-Adige. Il était depuis des
siècles rattaché au royaume des Francs, tout en conservant son gouvernement,
ses lois et ses coutumes. Le duc Tasillon ajoutait à ces conditions une
farouche ambition qui faisait de lui un rebelle : une totale indépendance.
    De mon âge, à quelques mois près, ce qui
aurait dû nous rapprocher, il était mon cousin par sa mère, sœur de mon père et
avait épousé la belle et autoritaire Liutberge, fille du roi Didier. Je n’avais
aucune réserve à formuler quant à l’administration de son duché : la paix
civile y était exemplaire et l’Église y possédait de nombreux et opulents
sanctuaires, ce qui faisait presque de cette nation une théocratie gouvernée
par un laïc.
    Les choses auraient pu en rester là si son
épouse, obsédée par la nostalgie de la puissance lombarde, n’avait poussé
Tassilon à exiger l’indépendance du duché qu’elle eût aimé voir devenir un
royaume.
    Je ne pouvais oublier que Tassilon avait mis
ses mains dans celles de mon père en signe de vassalité et avait prononcé les
serments rituels, sur les reliques de saint Boniface. Je gardai de même en
mémoire sa défaillance, sous prétexte d’une maladie, lorsque mon père avait
sollicité sa présence armée dans sa lutte contre le duc Waïfre.
    J’appris avec stupeur que, sans daigner m’en
informer, il avait mis une armée en campagne pour conquérir une terre encore
barbare et païenne qui jouxtait ses États, la Carinthie, dans les hautes
vallées de la Drave et de la Mur. Faux prétexte de cette attaque : ces
populations s’étaient montrées rétives à toutes les tentatives
d’évangélisation. En fait, Liutberge avait décidé d’annexer purement et
simplement cette province. Tassilon, esprit fragile et influençable, avait
cédé.
    Je ne saurais lui reprocher que sa
duplicité : il était sincère avec moi mais restait sous l’influence de son
épouse. Les intelligences que j’entretenais dans sa capitale, Ratisbonne, me
tenaient au courant des mouvements qui agitaient sa cour.
    Conscient d’un danger imminent, je convoquai
Tassilon à une assemblée générale et lui fis jurer fidélité à ma personne et à
mon royaume, ce qu’il fit avec un singulier empressement, mais se hâta
d’oublier de retour auprès de Liutberge.
    La foi dans les
serments ayant échoué, la parole revenait aux armes.
    Si j’avais laissé Tassilon et son épouse jouir
de leur nouvelle conquête,

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