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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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mosaïques à ma gloire.
Les monnaies seront seules à témoigner de mon règne.

3
    Sur la fin de ce siècle, une image vivante
d’un héros légendaire a surgi dans ma vie. Nos chemins ne s’étaient jamais
croisés, mais sa renommée avait à maintes reprises retenti à mes oreilles,
mêlée aux rumeurs des batailles et à la couleur du sang.
    Guillaume, comte de Toulouse, vassal de mon
fils Louis, avait reçu le surnom de « Court-Nez », soit qu’il fût né
avec cette difformité, soit qu’une épée eût tranché une partie de cet organe.
Mon père était « bref », ma mère « au long pied », Pépin
« le Bossu ». Quant à moi, à ce jour, nul sobriquet n’est venu mettre
en lumière quelque aspect que ce soit de ma personne. Le futur ne retient
souvent que les singularités physiques d’un personnage, en oubliant ses vertus
et ses mérites. Guillaume était « au Court-Nez ». C’est ainsi.
    Ceux qui avaient connu ce héros des guerres
d’Aquitaine me l’avaient décrit comme un colosse au verbe coruscant, fortement
marqué par l’accent de sa province et d’une éclatante vulgarité, avec une
haleine chargée d’ail, un condiment qu’il vénérait comme un dieu païen et
auquel il faisait de quotidiennes dévotions. Avec sa carrure d’athlète, son
visage carré barré d’une lourde moustache rousse, puissant et laid à faire
peur, il me rappelait le cyclope Polyphème dont parle Homère.
    Il allait devenir le champion de la lutte
contre l’émir omeyyade de Cordoue, qu’il exécrait.
    J’aurais dû faire sa connaissance depuis des
lustres, car, né de Thierry, frère de mon père, il était mon cousin. Il avait,
dans sa jeunesse, reçu le titre de duc d’Aquitaine, et avait dû livrer d’âpres
batailles au côté de mon père contre Hunald et Waïfre.
    Les sempiternelles
guerres à l’Est avaient fait passer au second plan de mes préoccupations
celles, d’autre nature, qui se livraient sur les marches d’Espagne, mais
j’avais trop présents à la mémoire les exploits de Charles Martel et le
désastre de Roncevaux pour que ce front me laissât indifférent. Je suis
conscient que de simples opérations de pillage mal évaluées peuvent dégénérer
en guerre ouverte.
    Mon fils, Louis, avait sous son autorité ces
contrées dangereuses. Au contraire de Guillaume, il passait pour être un chef
de guerre timoré et un piètre meneur d’hommes, plus soucieux d’invoquer Dieu
que de faire confiance à ses troupes. Sans le soutien de Guillaume, il aurait
dû faire appel à moi pour le sauver de situations délicates.
    Guillaume était de
toutes les batailles et il y prenait un plaisir fou.
    Au début de chaque année, Louis lui confiait
le soin de franchir les Pyrénées et d’aller « chatouiller les
Maures ». L’écho de ses faits d’armes éclatants me parvenait sans me
convaincre que la situation avait changé. À peine avait-il tourné le dos, les
cavaliers maures reprenaient leur manège.
    Décidé à en finir,
j’imposai à Louis la convocation à Toulouse d’une assemblée de ses vassaux dans
l’intention de préparer un projet de grande ampleur.
    L’année 788, l’émir de Cordoue, Abd al-Rhaman
ben Mouayia, fondateur de l’émirat d’Espagne, avait quitté ce monde pour le paradis
d’Allah. Oppresseur des minorités chrétiennes et juives, terreur des musulmans
abbassides auxquels l’opposait son appartenance à la secte des Omeyyades, sa
mort ne suscita aucun regret, si ce n’est, paradoxalement, pour nos intérêts.
    D’un âge avancé, il avait répugné aux
opérations d’envergure contre les marches des Pyrénées, laissant ses officiers
campés à Saragosse et à Barcelone mener contre nos postes une guerre larvée.
    En revanche, nous allions avoir maille à
partir avec son jeune héritier, Hescham. Intelligent, dévoré d’ambition et
d’une autre trempe, il allait changer radicalement les perspectives du conflit
en rassemblant autour de lui tous les musulmans, de quelque confession qu’ils
fussent, pour décréter la guerre sainte contre « ces chiens de
chrétiens ».
    Il rassembla une armée de trois mille hommes,
essentiellement des cavaliers, pour la diriger vers les Pyrénées et le sud de
la Gaule, avec l’intention de conquérir la Septimanie et de s’installer à
Narbonne.
    C’est naturellement Guillaume de Toulouse que
Louis chargea de faire barrage à cette armée qui, commandée par Abd el-Malek,
progressait à

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