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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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c’est tout à son
honneur, il avait ouvert ses portes à des milliers de chrétiens et à des juifs
excédés par les mauvais traitements et la pression fiscale que les officiers de
l’émir faisaient peser sur eux. Il les avait répartis dans les autres villes et
ports du nord de la Péninsule : Gérone, Ampurias, Rosas, et avait confié
aux paysans des terres à mettre en valeur, jusqu’aux portes de Carcassonne et
de Narbonne.
    À défaut d’être un grand chef d’armée
comparable à Guillaume de Toulouse, mon fils révélait une nature de gérant de
ses biens et de ses États.
    Le pape Léon III
allait me donner autant sinon plus de soucis que son prédécesseur, mais de
nature différente.
    Né à Rome, comme Adrien, d’un milieu plus
modeste, il avait grimpé à pas mesurés et sans éclat les échelons de la
hiérarchie, peu motivé semblait-il par les honneurs. C’est pourtant le siège
pontifical qui l’attendait. Il était favorisé, semble-t-il, par une sorte de
charisme dont rien, en apparence, ne témoignait.
    L’un de mes conseillers, le comte Walla,
m’avait dit de lui :
    — Je ne comprends pas quelle puissance
occulte l’a poussé au sommet de la hiérarchie romaine. Si vous le voyiez, sire…
Il n’impose en rien : de petite taille, presque un nabot, l’allure
hésitante, le verbe chevrotant… Il semble que vous n’ayez rien de bon à
attendre de cet étrange personnage.
    Le tableau n’avait pas de quoi me réjouir.
Néanmoins, dans les débuts de son pontificat, je n’eus pas à me plaindre de
lui, ni lui de moi. Il m’avait fait parvenir les clés symboliques de
Saint-Pierre et l’étendard aux six roses de ses États. Il avait confié aux
membres de la délégation qui accompagnaient ces présents la mission de
s’informer de mes dispositions à son égard.
    Je les rassurai. Ces cadeaux de bienvenue me
comblaient. Bien que dotées, disait-on, de vertus miraculeuses, les clés de la
confession de Pierre, sans valeur politique, ne concernaient que la foi ;
en revanche, l’étendard confirmait mon titre de patrice et donc de protecteur
de Rome.
    Ma réponse ne se fit pas attendre. J’adressai
à Léon une délégation de mes proches, conduite par un clerc en qui j’avais
placé ma confiance : Angilbert, abbé de Saint-Riquier, ancien membre de
mon académie Palatine, où il avait pris, comme le voulait la coutume instaurée
par Alcuin, un nom d’emprunt : Homère. Jeune encore et laïc, émule
de l’illustre Pierre de Pise, il s’était vite fondu dans mon entourage.
    Bel homme, poète et esprit porté à la
littérature antique, il avait attiré l’attention de Berthe, la fille que
j’avais eue de la reine Hildegarde, et n’avait pas fait de difficultés pour y
répondre.
    J’avais suivi leur idylle d’un œil
complaisant, certain qu’Angilbert se bornerait à glisser ses poèmes d’amour
dans la ceinture de Berthe. En revanche, que l’on juge de ma confusion lorsque,
le rouge au front, Homère était venu me demander la main de l’innocente.
Me séparer de cette jeune et jolie princesse pour la confier à ce personnage,
aussi savant fût-il, me répugnait, autant que me peinait l’idée d’imposer un
terme à leur amour.
    J’avais décidé de temporiser quand j’appris
sans surprise et sans m’en formaliser qu’ils avaient anticipé leur union.
J’aurais eu tort de m’opposer à leur mariage : leurs relations intimes
avaient duré quelques saisons avant de péricliter, Homère ayant pris son
chemin de Damas et revêtu la bure. Il me confia qu’il avait épousé Berthe sans
daigner m’en informer. Déçu par la nature autoritaire et les caprices de son
épouse, il avait décidé de rompre.
    J’avais confié à
Angilbert la direction de cette ambassade, du fait qu’il connaissait l’Italie,
et Rome notamment, pour y avoir passé une partie de sa jeunesse et en avoir
rapporté des liasses de poèmes.
    La lettre qu’il devait remettre au pape Léon
contenait des conseils dignes de ceux qu’un père aurait pu donner à son fils
sur le point d’aborder une carrière, de quelque nature qu’elle fût. Je
m’attardai sur le chapitre des bonnes mœurs et lui rappelai avec fermeté que,
si je lui laissais le soin de gouverner ses ouailles, je me réservais celui de
la politique et demeurais le bras armé de la religion.
    Dans sa réponse, Léon me nommait avec emphase
« le grand roi Charles, son fils resplendissant » !
    Si Léon

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