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La cote 512

La cote 512

Titel: La cote 512 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thierry Bourcy
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arrêta d’un geste. En quelques questions, il s’assura de leur confort rudimentaire et leur recommanda de respecter la maison, propriété d’un gros notaire qui s’était enfui au premier jour de la déclaration de guerre. Le jeune officier avait été légèrement blessé à la main gauche et portait un pansement qui donnait une touche héroïque à son attitude cordiale et modeste. Son comportement pendant la bataille lui avait valu l’estime et l’admiration de ses hommes, il le savait, mais ne voulait pas en jouer. On le sentait appliqué à la guerre comme il devait, à l’École Normale, s’appliquer à la philosophie ou aux mathématiques. Il prit Célestin à part.
    — Alors, inspecteur Louise, ça avance, cette enquête ?
    — J’ai fait tout ce que je pouvais faire ici. Maintenant, il faudrait que j’interroge madame de Mérange.
    — Ce ne sera pas tout de suite, j’ai trop besoin de vous ici.
    — Sauf si on me tire dans le dos, à moi aussi.
    — Qu’est-ce que vous dites ?
    En quelques mots, le jeune policier mit Doussac au courant de la tentative d’assassinat à laquelle il avait échappé, et de sa conviction que c’était le même homme qui lui avait tiré dessus et qui avait tué Paul de Mérange.
    — Et pourquoi voudrait-il vous supprimer ?
    — Parce que je suis le seul à m’intéresser à la mort du lieutenant, et à la trouver suspecte.
    — Si ce que vous dites est vrai, cela change tout.
    Doussac sortit une cigarette anglaise d’un étui et l’alluma. Il rempocha machinalement l’étui sans en proposer à Célestin. Les deux hommes marchaient le long d’une allée qu’on devinait à peine dans l’obscurité, et qui contournait la vaste maison du notaire. Doussac restait silencieux, avalant de longues bouffées de tabac dont il soufflait la fumée vers le ciel noir. Il fit un petit bruit avec sa bouche et s’arrêta.
    — Je vous donne trois jours, mon vieux. Je vais vous faire une lettre pour le médecin-major de Vailly, vous lui direz que vous souffrez de maux de tête terribles depuis vingt-quatre heures. Moi, je lui écris que vous avez des états de panique dus à l’explosion qui vous a soufflé, et que vous avez besoin d’un peu de repos. En tout état de cause, il faut qu’il soit persuadé que vous n’êtes pas apte à vous battre.
    — Je connais le major, il sera difficile à convaincre.
    — À vous de jouer. Je vous ferai porter la lettre demain matin, j’espère qu’elle sera suffisante.
    — Bien, mon lieutenant. Et merci.
    Célestin le salua. Doussac le regarda comme s’il allait lui dire quelque chose, puis se retint, salua à son tour et disparut derrière une haie qui menait à l’entrée de la propriété. Célestin se sentit envahi par une grande joie mêlée d’excitation : il allait pouvoir mener son enquête jusqu’au bout. Il reprenait la direction de la réserve à bois qu’éclairait le feu quand une ombre passa derrière la vitre d’une étroite fenêtre qui donnait sur le côté de la maison. Protégée par des barreaux de fer, la petite ouverture ne disposait pas de volets et constituait un observatoire idéal pour épier les soldats au repos. Il courut jusqu’à la bâtisse et se mit sur la pointe des pieds pour regarder à l’intérieur. Il faisait trop sombre pour bien voir. Il distingua vaguement un sol dallé noir et blanc, un mur ouvert de deux portes, un fauteuil et les reflets métalliques d’une armure en faction au bas d’un large escalier. Rien ne bougeait. Il resta ainsi jusqu’à ce que le début d’une crampe au mollet lui arrachât un petit cri de douleur. Quittant la petite fenêtre, il entreprit de faire le tour de la maison, vérifiant la solidité de chaque volet. Finalement, l’un d’eux s’ouvrit sans résistance. Il protégeait une porte-fenêtre à deux battants qui donnait sur un grand salon dont Célestin devinait les meubles luxueux chargés de bibelots, les épais tapis, les lampes sur pied, les tableaux aux murs. Là non plus, rien ne bougeait. Soudain, une porte au fond, plongée dans la pénombre, s’ouvrit franchement, poussée par une forme humaine qui, remarquant le visage du policier appliqué à la vitre, se retira aussitôt. Cette fois, Louise, certain d’avoir vu quelqu’un, poussa franchement sur la porte vitrée qui ne céda pas. En désespoir de cause, il sortit son poignard et, d’un coup de manche, brisa un carreau. D’où il était, les camarades de la

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