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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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espère-t-il toujours — que notre Souverain Lige, le roi Edouard, s’impliquerait dans les affaires écossaises et engagerait ainsi des moyens qui, sinon, auraient servi à protéger nos possessions de Guyenne.
    « Puis il y a notre Père en Christ, le discret et avisé évêque Wishart. Conseiller proche du défunt monarque, il détient à présent un grand pouvoir. Pourquoi fut-il si prompt (et ce ne peut être que lui) à envoyer des cavaliers à la recherche du roi très tôt le matin du 19 mars ? Savait-il qu’un drame s’était produit ? Malheureusement, je ne peux pas l’interroger, pas plus que je ne peux interroger, pour l’instant, les hommes qui ont découvert le corps.
    « Bien sûr — mais j’hésite à envisager cette possibilité  –, les Anglais auraient pu ourdir la mort d’Alexandre III. Mais pour quelle raison ? Il y a de meilleurs suspects. Le roi Édouard est occupé en France et je ne vois pas le profit qu’il aurait tiré de la disparition d’un allié.
    « D’autres problèmes embrouillent cette affaire. Il a fallu que les assassins arrivent les premiers à l’embarcadère, traversent le Firth of Forth, connaissent le chemin qu’allait emprunter le roi, exécutent leur plan et s’enfuient en espérant que les compagnons du roi ne s’apercevraient de rien. Aurait-ce été possible au coeur d’une nuit pareille ? Dieu sait que j’aurais mis cette hypothèse sur le compte de mon imagination et conclu que le monarque écossais avait fait une chute accidentelle si je n’avais trouvé, accrochés à un épineux, des petits brins de corde qui proclament haut et fort « C’est un assassinat !". Même si leur présence peut être expliquée, d’autres questions me tourmentent l’esprit comme autant de démons. Je ne peux les résoudre qu’en prenant de grands risques, aussi vous prié-je, Monseigneur, d’envoyer un ordre pour que je puisse quitter ce pays, car Satan y rôde. C’est une marmite pleine d’eau qui frémit et va bientôt bouillir et déborder, ébouillantant tous ceux qui se trouvent à proximité. Ma vie et celle de Benstede sont menacées par Dieu sait qui car on nous croit chargés d’une mission secrète concernant la succession au trône d’Écosse. Je vous supplie de garder tout cela présent à l’esprit. Dieu vous protège. Fait le 18 juin 1286 à l’abbaye de Holy Rood. »
    Corbett relut son rapport avant de le ranger. Puis, le soir tombant, il s’allongea sur son lit et réfléchit à son contenu. Il devait forcément y avoir, pensa-t-il, une brèche dans ce mystère, une clef dont il pourrait se servir pour trouver la solution. Il se souvint du vieil adage de l’époque où il était étudiant : « Si un problème existe, il s’ensuit qu’une solution logique existe. La trouver n’est qu’une question de temps. » Si on la trouve ! ajouta-t-il mentalement, avec amertume. Il avait l’impression de jouer dans une mascarade, dans un divertissement de Cour, une pantomime dont il aurait été l’un des acteurs, avançant à l’aveuglette dans le noir et provoquant les rires muets d’un public tapi dans l’ombre. Des galopades effrénées à minuit sur des falaises battues par le vent, un roi précipité dans les ténèbres, des prédictions annonçant le malheur... Corbett repensa à ces prophéties. S’il pouvait en déterminer l’origine, il découvrirait certainement beaucoup de choses. Si c’était d’innocentes prophéties, qui en était responsable et — question plus grave — qui les répandait et les faisait connaître de tous ? Corbett s’efforça de se remémorer les jours passés et de faire le tri dans la masse de renseignements qu’il avait récoltés. Quelqu’un avait appelé le prophète par son nom. Ce nom n’était-il pas Thomas ? Thomas le Rimailleur — Thomas de Learmouth ? Corbett se leva d’un bond, alluma les trois grandes bougies de la pièce avec de l’amadou, prit la lettre pour Burnell et la cacheta. Elle partirait telle quelle, décida-t-il, et lui continuerait son enquête.
    Les cloches de l’abbaye sonnèrent les vêpres, mais Corbett attendit que les moines sortent de l’église pour descendre rejoindre Ranulf dans le réfectoire aux murs chaulés. Un repas frugal de pain, de soupe et de vin coupé d’eau fut servi pendant qu’un des frères lisait un passage des Saintes Écritures. Corbett bouillait d’impatience, sa seule consolation étant l’amusement qu’il avait à

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