Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
voir ce que je peux faire, mais soyez prudent, Hugh, soyez très prudent !

CHAPITRE X
    Le lendemain, fidèle à sa promesse, le prieur dépêcha un messager à Thomas de Learmouth, tandis que Corbett confiait son rapport pour Burnell à l’un des quatre courriers qui l’avaient escorté jusqu’en Écosse et que le chancelier avait lui-même choisis dans sa propre Maison. Ils étaient restés à l’abbaye à se morfondre et, en guise de remerciements, à aider les moines dans leurs tâches administratives. L’un d’entre eux, à présent, n’était que trop heureux d’emporter la lettre vers le sud, les oreilles bourdonnant encore des instructions de Corbett. Le clerc n’eut plus, ensuite, qu’à attendre, content de se reposer et de résider dans ce monastère où il se sentait en totale sécurité. Il étudia le brouillon du rapport qu’il avait envoyé à Burnell et le passa au crible, repensant à tout ce qu’il avait appris depuis son arrivée en Écosse. Plus il analysait les événements entourant la mort du roi Alexandre, plus il était convaincu qu’il s’agissait d’un assassinat. Mais qui l’avait perpétré ? Et comment ? Il était frustré par la tâche dont on l’avait chargé et cela l’oppressait. Il résuma brièvement la situation à Ranulf qui, avec son instinct aigu de survie, essaya immédiatement d’établir un rapport entre les événements et les hommes qui avaient voulu les attaquer sur la route de Leith. Pour lui, les Français étaient les coupables. Corbett partagea d’abord cet avis avant de se demander pourquoi ils avaient attendu si longtemps et de conclure dans son for intérieur que les assaillants appartenaient à la suite de Lord Bruce. Les jours passèrent ; les moines célébrèrent la Décollation de saint Jean-Baptiste, la fête du solstice d’été. Corbett assista à la messe solennelle dans l’église abbatiale et regarda les célébrants, vêtus de leurs chasubles écarlate et or, se mouvoir comme des silhouettes dans un rêve parmi les vapeurs continuelles d’encens. Le chant mélodieux des moines entonnant un psaume lui fit tendre l’oreille : « Exsurge Domine, exsurge et vindica causam meam  » — « Surgis, Seigneur, surgis et juge ma cause ». Corbett, les yeux clos, fit sa propre prière, l’adressant au vide. Dieu se souciait-il vraiment de ce que l’Oint du Seigneur, qui avait reçu les saintes huiles sur les mains, les pieds et le front, le descendant de sainte Marguerite {9} , celui qui avait dans les veines le sang d’Edouard le Confesseur {10} , eût été anéanti, avili, assassiné et jeté à bas d’une falaise comme une feuille morte emportée par le vent ? Corbett prit conscience du danger et se sentit de plus en plus obsédé par cette affaire, comme par tout ce qu’il ne pouvait résoudre, rationaliser ou classer en colonnes bien nettes. Il lui fallait avancer dans son enquête, pensa-t-il, mettre de l’ordre dans le chaos qu’il affrontait, sinon Burnell n’aurait même pas à le sommer de quitter l’Ecosse. Il partirait de lui-même et en accepterait les conséquences.
    Mais cinq jours après son départ, à son grand soulagement, le courrier du prieur revint, porteur d’une réponse : « Thomas de Learmouth serait enchanté de recevoir Hugh Corbett, clerc à la Chancellerie royale d’Angleterre. »
    — Oh ! et puis, ajouta le prieur comme après coup, il avait pour vous un message personnel de la part de Thomas.
    — Que voulez-vous dire ? s’étonna Corbett. Je ne l’ai jamais rencontré et nous ne savons rien l’un de l’autre.
    Le prieur haussa les épaules :
    — Ce n’était pas grand-chose, simplement : « Dites à Hugh que la souffrance que lui causa Alice disparaîtra avec le temps. »
    Le prieur scruta le visage stupéfait de Corbett.
    — Qu’est-ce que cela signifie ? Qui est cette Alice ?
    Mais Corbett se contenta de hocher la tête avant de s’éloigner lentement. Il repensa à Alice, la belle Alice-atte-Bowe, chef d’une secte qui avait comploté contre le roi {11} . Lui, Corbett, avait fait échouer la conspiration et envoyé Alice sur le bûcher de Smithfield. La seule mention de son nom réveilla d’anciennes souffrances, et ce ne fut que bien plus tard qu’il commença à se demander comment Thomas connaissait l’existence d’Alice-atte-Bowe.
    Le lendemain, Corbett et Ranulf quittèrent l’abbaye pour se diriger vers le sud, un frère lai leur servant de guide.

Weitere Kostenlose Bücher