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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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à une fin de non-recevoir, et le clerc dut s’armer de patience et espérer pour le mieux. Il rencontra Agnes, l’insolente dame de compagnie qu’il avait déjà vue lors de sa dernière visite à Kinghorn. Elle chercha outrageusement à le séduire, lui promettant, sans jamais le faire, de lui arranger une entrevue avec la reine. Corbett se lassant de ses mots d’esprit continuels et de ses sous-entendus perfides, elle reporta son attention sur Ranulf qui fut tout heureux de voir rompre de si charmante façon l’ennui d’un manoir sur la côte écossaise. Ils devinrent bientôt inséparables et Corbett les trouva plus d’une fois en train de jouer au jeu de la ficelle dans un coin ou une embrasure de fenêtre.
    De son côté, ne pouvant que ronger son frein, il décida de rédiger le compte rendu de ce qu’il avait appris jusque-là :
    « Pourquoi Benstede avait-il rendu visite à la reine ?
    « Pourquoi l’envoyé français avait-il loué les services du passeur, mais n’était pas arrivé à Kinghorn ?
    « Qui avait remis le message à la porte du manoir, cette lettre adressée à la reine, annonçant que le roi arriverait ce soir-là, la priant de dire au sénéchal de tenir des chevaux prêts à Inverkeithing et en particulier sa jument favorite, la blanche Tamesin ? Question plus troublante : pourquoi avait-on remis ce message des heures avant que le roi ne décide en fait de partir pour Kinghorn ?
    « Question plus importante : qu’avait appris Alexandre à cette réunion du Conseil qui lui avait fait changer d’attitude et entreprendre une expédition dans des conditions particulièrement périlleuses pour aller conter fleurette à une reine dont il ne se souciait guère quelques semaines auparavant ?
    « Pourquoi, lorsque le roi n’était pas arrivé à Kinghorn, la reine Yolande n’avait-elle pas envoyé des gens à sa recherche ? Quelle raison se cachait derrière la grossesse nerveuse de la reine Yolande ? »
    Corbett étudia sa liste avec lassitude. Son enquête ne progressait pas. Il était peut-être temps, conclut-il, de repartir et de faire part de son échec à Burnell. Il tenta de nouveau de rencontrer la reine, mais son chambellan, un gros homme pompeux, lui annonça grossièrement que Lady Yolande quittait l’Écosse et n’avait aucun désir de s’entretenir avec qui que ce fût. Abattu, Corbett décida de rester un peu plus longtemps à Kinghorn avant de repartir et demanda à Ranulf, en attendant, de tirer les vers du nez de sa nouvelle maîtresse, bien qu’il doutât, en son for intérieur, que cela menât quelque part. Deux jours passèrent sans que la reine lui accordât audience, aussi, pris de colère, ordonna-t-il à Ranulf de faire les préparatifs de départ. Son serviteur regimba, mais Corbett tint bon et le jeune homme s’exécuta, marmonnant des protestations indignées contre son étrange maître qui l’entraînait aux quatre coins de ce pays sauvage, si différent des ruelles étroites de Londres et si profondément ennuyeux, qui plus est. Et au moment où il s’était déniché un pot de miel, Corbett le forçait à s’en aller en toute hâte. Il repensa à Lady Agnes et gémit ; elle s’était révélée être une amante passionnée dès la première fois où il l’avait renversée et avait soulevé ses jupons de dentelle. Elle ne s’était point fait prier après cela, et lorsque, épuisé, il reposait à ses côtés, elle le faisait rire aux éclats grâce à son esprit piquant et acerbe et à son don pour imiter les gens, en particulier un certain clerc anglais très compassé, nommé Hugh Corbett. Il soupira, il ne comprendrait jamais son maître. Il fit lentement les préparatifs, surveilla ceux de ses compagnons et prit affectueusement congé de Lady Agnes. Une semaine après être arrivés à Kinghorn, ils étaient sur le chemin du retour vers Inverkeithing.
    Ranulf essaya d’engager la conversation, mais Corbett était d’humeur trop chagrine pour se laisser entraîner.
    — La reine Yolande ne valait pas la peine qu’on lui rende visite, dit-il en guise de consolation. C’est ce que m’a affirmé Lady Agnes, en se moquant de cette vierge qui se prétendait enceinte.
    Corbett arrêta net sa monture et se retourna vers Ranulf, stupéfait.
    — Quoi ? rugit-il. Elle a dit quoi ?
    Ranulf répéta sa remarque.
    — En es-tu certain ?
    — Bien sûr, rétorqua sombrement Ranulf. Ce furent ses propres paroles.

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