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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tout, dit Lady Agnes en se levant, car je n’en sais pas plus. Je vous serais très reconnaissante de demander à Ranulf de m’escorter jusqu’à Kinghorn.
    Corbett accepta et elle sortit majestueusement de la pièce.
    Le clerc attendit le retour de Ranulf, puis la petite troupe descendit à l’embarcadère et fit la traversée du Firth of Forth. Le passeur les régala d’histoires salées à propos des allées et venues du roi Alexandre. Ranulf l’aiguillonnait avec de grands éclats de rire tandis que Corbett l’écoutait en silence. Enfin, ils atteignirent l’embarcadère de Dalmeny.
    — A propos de votre compère, dit Corbett au passeur, vous m’avez dit qu’il avait une veuve. Où habite-t-elle ?
    L’homme lui désigna une chaumière basse plus loin, près de la rive.
    — Vous la trouverez là-bas, la pauvre femme. Joan Taggart, qu’elle s’appelle. Son mari a reçu sa patente du roi juste avant sa mort.
    Corbett hocha la tête et ordonna à Ranulf d’aller chercher les chevaux et de les seller. Puis il se rendit à la cabane de Joan Taggart. Il fut accueilli sur le seuil par une petite femme brune, entourée d’un groupe d’enfants bruyants et malpropres qui regardèrent Cor-bett d’un air impertinent avant de courir en gloussant se cacher derrière les jupes de leur mère.
    Corbett salua.
    — Joan Taggart ?
    — Oui.
    — Je suis clerc et me nomme Hugh Corbett. Je désirerais vous parler du décès de votre mari ; je ne veux surtout pas vous blesser.
    La femme se contenta de le regarder, bouche bée.
    — Parlez-vous anglais ?
    — Je suis anglaise, répliqua-t-elle simplement. Je viens de la région frontalière. Que voulez-vous savoir sur le décès de mon mari ?
    — Il est bien mort le même soir que le roi, n’est-ce pas ? demanda Corbett.
    — Il n’est pas mort, riposta Joan, il a été tué, mais personne ne me croit quand je le dis.
    Elle se retourna et chassa gentiment sa horde de gamins.
    — Personne ne me croit, répéta-t-elle, mais mon mari était batelier, il connaissait bien le fleuve.
    Elle grimaça, incommodée par le soleil.
    — Ce jour-là, il était employé par un Français, je ne sais pas qui exactement. En fin de matinée, le jour de la mort du roi, ce mystérieux Français a loué les services de mon mari pour traverser le Firth of Forth jusqu’à Inverkeithing. Mon mari est revenu tout joyeux, et m’a annoncé qu’il repartirait tard dans la soirée. La tempête s’est levée et a éclaté sur le Firth of Forth. J’ai supplié mon mari de ne pas y aller, mais il était surexcité. Il m’a dit que le Français le paierait généreusement.
    — Et alors ? demanda Corbett.
    — Il est parti.
    La femme s’interrompit, essuya ses larmes et déglutit nerveusement avant de poursuivre :
    — Le lendemain, on l’a retrouvé près de la rive, flottant comme un pauvre bouchon dans l’eau peu profonde, la tête au fond.
    — Et sa barque ?
    — Elle était encore amarrée, répondit la veuve. Le coroner est venu et a dit que mon mari avait dû s’enivrer, tomber à l’eau et se noyer. Après tout, il n’y avait aucune trace sur son corps.
    — Alors, qu’est-ce qui vous fait croire que c’est un assassinat ? dit Corbett, déterminé à poursuivre son interrogatoire.
    Joan Taggart repoussa ses cheveux grisonnants sur son front.
    — D’abord, répondit-elle lentement, j’ai accepté la version de la mort accidentelle, mais après, quand il fut trop tard pour y changer quoi que ce soit, je me suis souvenue de la façon dont la barque avait été amarrée.
    Elle regarda Corbett bien en face.
    — Chaque passeur a sa manière à lui de faire les noeuds. L’embarcation de mon mari était tirée sur la grève et attachée, mais ce n’est pas lui qui avait fait le noeud. Je crois qu’il a rejoint ce Français, dont j’ignore le nom, et qu’ils ont traversé le Firth of Forth. C’est à son retour qu’on l’a assassiné et que des gens ont tiré et amarré sa barque, probablement les mêmes qui l’ont tué.
    Corbett regarda la chaumière derrière elle.
    — Vous êtes sûre, questionna-t-il, que c’était un Français ?
    — Oui, c’est ce que mon mari m’a dit. Pourquoi ? Le connaissez-vous ?
    Corbett pensa au mauvais sourire de De Craon et aux lèvres cruelles de Lord Bruce ; ce dernier parlait parfaitement le français.
    — Non, ma brave femme, mentit-il. Je ne connais personne de ce pays. Mais pourquoi

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